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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

L’utilisation de drones est de plus en plus fréquente tant pour un usage de loisir pour le grand public que pour un usage professionnel. Dans le secteur professionnel, les drones trouvent de multiples usages : sécurité et surveillance, agriculture de précision, cartographie, média, etc.
En forêt les usages des drones sont multiples. Certaines sociétés développent des systèmes permettant de réaliser des inventaires forestiers par les airs. En couplant la technologie LIDAR à des photographies géoréférencées, il est possible d’évaluer la densité des tiges et de connaître la topographie des parcelles. En ajoutant quelques capteurs infrarouge et ultraviolet, les différentes essences peuvent être distinguées. Il devient même possible d’évaluer les stocks de bois et de les cuber à route, voire de suivre les exploitations. La surveillance des lignes électriques est facilitée puisque les drones permettent en un passage et de façon très rapide de déterminer quelles sont les zones qui nécessitent un élagage.
Certains drones trouvent également un rôle dans la lutte contre les pathogènes, que ce soit pour la surveillance ou directement en agissant sur des pathogènes ciblés. Récemment, un drone a en effet pulvérisé un insecticide biologique sur 20 ha pour lutter contre la processionnaire du chêne. Les incendies sont également au cœur des préoccupations de certains forestiers. Là encore, les drones permettent de détecter rapidement les départs d’incendies et d’en connaître rapidement les contours pour mieux les combattre au sol. Certains sont également équipés de capteurs pour détecter les points chauds et donc les personnes présentes sur les lieux.
Enfin, pour les travaux forestiers, une société anglaise a développé un drone planteur qui serait capable de planter cent mille arbres en une journée grâce à des amorces contenant des graines qui sont projetées au sol depuis le drone.
La robotique offre également de nouvelles perspectives pour l’exploitation forestière. Les constructeurs ne manquent pas d’imagination pour offrir des évolutions aux exploitants. Une machine sur six pieds a été développée pour accroître la stabilité, quel que soit le terrain. Le contrôle de la flèche des porteurs permet aux opérateurs de ne se soucier que de son extrémité, sans devoir gérer tous les mouvements de chaque vérin. Des plateformes multifonctionnelles et télécommandées permettent de réaliser des exploitations en terrains difficiles. Très impressionnant, un robot presqu’autonome a vu le jour. Il permet d’exploiter les arbres sans toucher le sol ! Ses deux pinces lui permettent en effet de s’agripper à un arbre pendant qu’il en exploite un autre. Une fois installé sur un arbre, il peut fonctionner sans intervention de l’opérateur puisqu’il détermine lui-même les voies à emprunter et observe en continu son environnement.
L’utilisation de nouvelles technologies en forêt connaîtra certainement encore de nombreux développements à court terme pour aider les forestiers dans la gestion durable des peuplements.
FCBA. Les drones dans l’exploitation forestière, FCBA info, 2019.
FCBA. La robotique dans l’exploitation forestière, état des lieux, FCBA info, 2019.

La qualité du bois est influencée par l’environnement que connaît l’arbre jusqu’à son exploitation.
L’étude se penche sur l’influence que la compétition inter et intra spécifique exerce sur la qualité de bois de 82 hêtres. La qualité est représentée par le nombre de nœuds ainsi que leurs dimensions et par la coloration (surface moyenne du bois coloré).
Les auteurs démontrent que la qualité du bois augmente avec la compétition que l’arbre a connu durant sa croissance. Le type d’essence des arbres voisins a moins d’influence que la pression de compétition : peu importe qui est le voisin, l’important est que la compétition soit là. Les auteurs montrent également que l’évaluation de la qualité du bois de hêtre sur pied (analyse de l’écorce) par l’agent forestier concorde bien avec l’analyse de la grume sciée.
Höwler K. Vor T. Seidel D. Annighöfer P. Ammer C. (2018) Analyzing effects of intra? and interspecific competition on timber quality attributes of Fagus sylvatica L.—from quality assessments on standing trees to sawn boards. European Journal of Forest Research. DOI : 10.1007/s10342-019-01173-7.

Le changement climatique présente des conséquences économiques et diminue la probabilité de survie de la régénération des essences.
L’étude se penche sur les solutions sylvicoles qui permettraient de diminuer l’impact du changement climatique. Des stratégies de gestion telles que la sélection des espèces et le type de mélange (peuplements mélangés pied par pied ou en blocs) pourraient atténuer les effets négatifs.
Suite à l’analyse de différents scénarios sur des peuplements mélangés de hêtres et d’épicéas dans le Sud-Est de l’Allemagne, les auteurs démontrent que le mélange pied par pied est plus résilient que le mélange par bloc. Ces mélanges pourraient atténuer les conséquences négatives, mais pas totalement les éliminer.
Dans les peuplements forestiers mixtes, de manière optimale, la valeur économique corrigée du risque a diminué de 28%. Mais les peuplements mixtes surpassent économiquement les mélanges en blocs pour tous les scénarios climatiques.
Paul K. Brandl S.Friedrich S. Falk W. Härtl F. Knoke T.(2019) Climate change and mixed forests: how do altered survival probabilities impact economically desirable species proportions of Norway spruce and European beech? Annals of Forest Science. DOI : 10.1007/s13595-018-0793-8.

La myrtille est une ressource extrêmement importante pour le Grand Tétras qui lui permet, entre autres, de stocker de la graisse en prévision de l’hiver. Sa présence, son abondance et la qualité de ses fruits sont donc des facteurs déterminants dans la gestion de cette espèce menacée dont on tente de favoriser l’habitat au travers notamment de la gestion forestière. Pour répondre à l’objectif de préservation de cet oiseau, cette étude allemande cherche à évaluer l’effet de l’ouverture du couvert forestier sur l’abondance de la myrtille et de la qualité de ses fruits.
Dans le Parc National de la Forêt Noire en Allemagne, zone laissée en libre évolution depuis près de 90 ans, différents facteurs ont été comparés entre des buissons de myrtille situés à l’ombre ou au soleil, dans des trouées naturelles ou bien des trouées artificielles créées plus récemment dans un but de restauration de l’habitat du Grand Tétras. Le nombre de fleurs, la quantité de fruits ainsi que les populations de pollinisateurs et leur activité ont été observés et relevés pendant 4 mois.
L’étude mène aux résultats suivants :
Une gestion forestière orientée vers l’ouverture du couvert forestier serait donc une mesure favorable à la conservation de l’espèce.
Eckerter T. et al. (2018). Additive positive effects of canopy openness on European bilberry (Vaccinium myrtillus) fruit quantity and quality. Forest Ecology and Management 433. DOI : 10.1016/j.foreco.2018.10.059

Une bonne centaine d’agents du Département de la Nature et des Forêts (DNF), emmenés par la Fédération des Agents des Forêts, ont exprimé leur ras-le-bol et mené une action de sensibilisation et d’information lors des démonstrations forestières de la Foire de Libramont, à Bertrix.
Trois points principaux sont évoqués :
Ces tensions sont amplifiées par la surcharge de travail que représentent la crise des scolytes et la gestion de la peste porcine africaine.
Une délégation a pu s’entretenir avec l’Inspecteur général du DNF ainsi qu’avec le Directeur général de la DGARNE.
TVLux (2019). Le ras-le-bol des gardes-forestiers exprimé à Demo Forest. 31 juillet 2019.

Dans sa News de juin, l’Observatoire wallon de la santé des forêts attire notamment l’attention sur trois points :
• La reprise des envols de scolytes sur épicéa.
• Des dessèchements d’aiguilles sur mélèze, conséquences de la sécheresse de l’année dernière.
• L’extension de la chenille processionnaire du chêne en Wallonie. Un document de synthèse spécifique est publié sur ce sujet.
OWSF NEWS : juin 2019, OWSF. 27/06/19.
La chenille processionnaire: un ravageur qui ne manque pas de piquant, OWSF. 11/07/19.

L’Office économique wallon du bois vient de publier son « PanoraBois 2019 ». Tous les deux ans, l’OEWB dresse, en chiffres et en schémas, un nouvel état des lieux socio-économique de la filière bois en Wallonie.
Véritable aide-mémoire, il permet aux professionnels de la forêt et du bois de mieux se situer dans leur environnement, de faire tomber des cloisons internes et de rationaliser ainsi le fonctionnement de la filière. Il éclaire par ailleurs organismes économiques, professeurs, étudiants, presse et finalement le grand public sur les réalités et l’intérêt que présente cette filière bois pour l’économie wallonne.
Deux grands problèmes sanitaires influencent fortement les chiffres présentés cette année : les volumes vendus en forêt publique wallonne, toutes essences confondues, ont connu un tassement généralisé lié à l’annulation de ventes importantes dans la région touchée par la peste porcine africaine et au retrait de nombreux lots d’épicéas du fait d’une forte dépréciation des cours découlant de l’engorgement progressif du marché provoqué par l’arrivée massive de bois scolytés indigènes mais aussi importés d’Allemagne ou de France.
Quelques données-clés :
Forêt wallonne
Filière bois wallonne
Construction bois en Wallonie
PanoraBois Wallonie, édition 2019, OEWB.

Des scientifiques de l’Université de Maryland (USA) ont mis au point un matériau structurel à base de bois capable de rétrodiffuser le rayonnement solaire et d’émettre fortement dans l’infrarouge moyen, ce qui entraîne un refroidissement ambiant continu de jour comme de nuit. Le processus de délignification complète et de densification des nanoparticules de bois obtenues, amène à un matériau d’une résistance mécanique de 404,3 mégapascals, soit plus de huit fois celle du bois naturel.
L’enjeu est de taille car les méthodes de refroidissement, comme l’air conditionné, largement utilisées dans les habitations et lieux de travail, ont un impact important sur le paysage énergétique mondial. Des modèles de consommation appliqué à 16 villes étasuniennes montrent des économies d’énergie allant de 20 à 60 %, d’autant plus prononcées que le climat est chaud et sec.
Li T., Zhai Y., He S. et al. (2019). A radiative cooling structural material. Science 364 : 760-763. DOI : 10.1126/science.aau9101. Paru dans L’éclaircie n° 29.

« Camille Gauthier, 76 ans prends un grand plaisir à montrer son métier de fendeur de merrains comme il se pratiquait dans l’ancien temps jusque dans les années ’50. L’entreprise Camille Gauthier connue dans le monde entier pour la qualité de ces merrains est implantée dans le Cher à Méry-és-Bois et dirigée maintenant par sa fille et son fils. »
Lebon M. 09/07/12.

« Le Concours AgriNature a pour but d’illustrer la faune, la flore, le monde rural et les paysages de la Wallonie. Il est ouvert à tous les photographes, amateurs ou professionnels, sans distinction d’âge et de nationalité. »
Le thème de cette année, était « Qui construira nos villes demain ? » et s’articulait autour de 4 thèmes : biomimétisme, forêt cultivée, wallonie sauvage, jeunes.
Festival International Nature Namur, Concours AgriNature.
1. Grand Prix – © Anaurd Corbier
2. Prix Biomimétisme – © François Demoulin
3. Prix forêt cultivée – © Marie Ange Rolland
4. Prix Wallonie sauvage – © Françoise Remy
5. Prix du public – © Philippe Govaerts

Il existe 550 espèces de plantes exotiques en Suisse dont 10 % sont des espèces exotiques envahissantes (EEE) (ou Invasive Alien Species, IAS). La diffusion de ces espèces est étroitement liée à l’activité humaine, notamment aux transports et au tourisme mais également à l’entretien des jardins privés. La gestion des EEE repose donc majoritairement sur la prévention et l’information des populations.
L’étude menée ici via un questionnaire vise à estimer les investissements économiques que le grand public est prêt à accorder pour lutter contre ces invasives tout essayant de mieux comprendre la relation entre connaissances sur les conséquences écologiques et économiques des espèces invasives et attractivité du public pour ces espèces.
Les résultats montrent que le grand public et les experts sont tous les deux favorables à la gestion des espèces invasives. Cependant, seuls 40 % de la population connaît le mot « Invasive Alien Species » et peu d’interrogés du panel « grand public » connaissent les six espèces présentées par l’étude. La différence majeure entre les deux panels est le classement des espèces par priorité d’action. En effet, les experts ont une meilleure connaissance des menaces que représente chaque espèce. Pour le grand public, les notes d’attractivité des populations baissent significativement après diffusion de connaissances sur les espèces présentées.
Faire connaître les menaces et les risques liés aux EEE permet donc de sensibiliser plus efficacement les populations. L’étude conclut également que l’on peut rapprocher les avis des experts et ceux de la population lambda sur les montants qui doivent être alloués à la gestion des invasives en insistant sur les dommages économiques et les coûts financiers engendrés par ces espèces.
Junge X. et al. (2019). Invasive Alien Species in Switzerland : Awareness and Preferences of Experts and the Public. Environmental Management. 63 : 80. DOI : 10.1007/s00267-018-1115-5. Paru dans Information Biodiversité Suisse

Carte d’abondance des ectomycorhizes dans le monde. Celles-ci se concentrent dans les climats les plus froids.
Plus de deux cents chercheurs de l’Initiative mondiale pour la diversité biologique des forêts ont mis en commun leurs forces pour produire une cartographie mondiale des symbioses microbiennes des arbres. Au total, 28 000 espèces et 31 millions d’arbres issus de forêts, de savanes et de zones humides ont servi à la collecte de données et ce, au sein de 70 pays situés sur tous les continents, excepté l’Antarctique.
Les trois types de symbioses les plus communes ont été explorées :
Chaque type de symbiose fait appel à des milliers d’espèces de champignons ou de bactéries qui sont intimement liées à certaines essences. Les symbioses mycorhiziennes sont fortement influencées par le climat et particulièrement par les températures et l’humidité qui font varier la décomposition de la matière organique. Par cette voie, les mycorhizes contribuent fortement au stockage de carbone dans le sol et jouent un rôle majeur pour la régulation du climat ! Les changements climatiques en cours sont défavorables à leur évolution et une perte de 10 % de ces mycorhizes est à prévoir d’ici à 2070, ce qui aura pour conséquence une nouvelle augmentation du taux de carbone dans l’atmosphère.
Une cartographie mondiale des symbioses microbiennes des arbres révèle leur rôle clé dans la régulation du climat, Communiqué de presse CIRAD. 15/05/19.
B. S. Steidinger, T. W. Crowther, J. Liang, M. E. Van Nuland, G. D. A. Werner, P. B. Reich, G. J. Nabuurs, S. de-Miguel, M. Zhou, N. Picard, B. Herault, X. Zhao, C. Zhang, D. Routh, K. G. Peay & GFBI consortium (2019). Climatic controls of decomposition drive the global biogeography of forest-tree symbioses, Nature 569. Paru dans l’éclaircie n° 30

Les feuilles des arbres sont composées de petits pores appelés stomates qui peuvent s’ouvrir et se fermer. Les arbres perdent de l’eau par leurs stomates – processus de transpiration – et absorbent du CO₂ pour se nourrir grâce au processus de photosynthèse.
Les arbres, en forêt, ont tous des voisins, de même essence ou non, et plus ou moins espacés les uns des autres. Mais que se passe-t-il lorsque les choses se compliquent ? Si une sécheresse survient par exemple, qui seront les gagnants et les perdants ?
Les espèces d’arbres ont mis au point, au fur et à mesure de leur évolution, différentes stratégies pour faire face à ces stress. À l’occasion d’une sécheresse, certaines essences sont dites conservatrices et ferment leurs stomates rapidement pour limiter la perte en eau, limitant par la même occasion l’absorption de CO₂. D’autres en revanche, mettent en place une stratégie beaucoup plus risquée en ne fermant leurs stomates qu’en dernier recours, risquant la cavitation (rupture du flux d’eau dans l’arbre qui peut entraîner la mort de ce dernier). Concrètement, les deux stratégies comportent des avantages et des désavantages.
La résilience et la stabilité des forêts résident justement dans la variabilité des stratégies mises en place par les différentes essences qui la composent, ce qui induit une différence de vulnérabilité face aux aléas auxquels les arbres sont soumis. La performance des stratégies dépend de plusieurs facteurs et notamment : la longueur de l’aléa, son intensité ou encore sa fréquence mais également du « comportement » des arbres voisins.
Grâce aux cernes, les chercheurs sont en mesure de déterminer comment chaque arbre réagit à un aléa mais également de voir quelle est l’influence des arbres voisins sur la croissance de l’arbre étudié. Ces études permettent d’ailleurs de mettre le doigt sur une des raisons qui expliquent que même au sein d’une même espèce, les arbres réagissent différemment. Pourquoi certaines espèces réagissent mieux selon les essences voisines et quelles sont les associations les plus performantes est extrêmement compliqué à appréhender et loin d’être entièrement compris.
Par exemple, certains arbres sont « équipés » de racines pivotantes qui leur permettent de s’enraciner profondément ; d’autres au contraire ont un système racinaire fasciculé qui se limite aux premiers horizons du sol. Deux arbres voisins vont être directement en compétition pour l’eau, mais si ces deux arbres ne prospectent pas l’eau au même endroit, alors cette compétition est retardée.
Être capable de déterminer quelles associations d’arbres sont les plus performantes est primordiale. La reforestation massive, encouragée par de nombreux scientifiques pour limiter entre autres les émissions de gaz à effet de serre doit être réfléchie en ce sens. Avec des associations opportunes d’essences, les forêts seront plus résilientes vis-à-vis des sécheresses, des parasites et des maladies.
Ovenden T. The Conversation. 10/07/19.