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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Un groupe de scientifiques a analysé l’impact des anastomoses sur la concurrence intraspécifique et la croissance du sapin baumier.

Les anastomoses sont des connexions racinaires entre individus, souvent de même espèce, et permettant « la translocation de l’eau, des nutriments et des produits de la photosynthèse entre arbres connectés, ce qui affecte leur croissance et leur physiologie ».

Les résultats sont mitigés car :
« Les arbres avant greffe avaient des taux de croissance plus élevés que les arbres une fois greffés. La greffe de racines n’a donc pas amélioré la croissance des arbres. »
« La croissance des arbres greffés a été plus affectée par la concurrence intraspécifique que celle des arbres non greffés. Les arbres greffés ne peuvent donc pas être considérés comme de meilleurs compétiteurs que les arbres non greffés. »
« En cas de forte concurrence intraspécifique, la croissance des grands arbres greffés a été moins affectée que celle des petits arbres, ce qui suggère qu’ils ont été en mesure de détourner les ressources à leur avantage au sein d’un groupe d’arbres. »

Dans son rapport consacré aux forêts françaises face au changement climatique publié en juin dernier, l’Académie des sciences offre une synthèse de l’état sanitaire des forêts françaises et présente une série de recommandations concrètes à destination du monde académique, des gestionnaires forestiers, des professionnels de la filière bois et des politiques publiques. Ce rapport rappelle le rôle des forêts dans la poursuite de la Stratégie Nationale Bas Carbone de la France et insiste sur la nécessité de développer des outils d’aide à la décision, intégrant notamment le potentiel d’adaptation des peuplements, dans un contexte où le taux de mortalité, y compris des jeunes plantations, pourrait continuer d’augmenter dans les décennies à venir.

Un rapport d’analyse a été rédigé par « France Stratégie », une institution autonome du gouvernement français, sur la planification de la filière forêt-bois. Les résultats du rapport montrent qu’il serait souhaitable de réorienter les soutiens au bois énergie vers les filières de production de matériaux à durée de vie longue. Et plus largement, la stratégie devrait prendre en compte non seulement les enjeux d’adaptation au changement climatique et d’atténuation, mais également ceux d’indépendance énergétique et de biodiversité.

En effet, l’utilisation du bois qui est prélevé en forêt constitue un des paramètres clé des politiques d’atténuation du changement climatique. Le bois d’œuvre permet de stocker le carbone, ce qui n’est pas le cas du bois utilisé pour l’énergie. Or les politiques publiques en place actuellement en France, qui reposent sur le postulat de neutralité carbone du bois énergie, ne donnent pas les bonnes incitations.

Le rapport décrit d’abord le rôle de la filière forêt-bois dans la production de combustibles et matériaux, la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité. Et ensuite, il identifie les avantages et les inconvénients des deux stratégies d’atténuation : augmenter le stock de carbone contenu dans la forêt en réduisant son exploitation ou exporter une partie du carbone des forêts vers des matériaux bois à durée de vie longue.

Si ce mois de juillet est le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial, pluie et fraîcheur ont plutôt été au programme d’une partie du mois de juillet en Belgique, ce qui nous a permis de retrouver des valeurs normales au niveau de l’indice de sécheresse calculé début août.

Quelques nouvelles :
En peupliers, les 15 cultivars les plus fréquemment utilisés se montrent peu sensibles aux variations climatiques extrêmes de ces dernières années.
Du côté des scolytes, si les dégâts liés au typographe se réduisent depuis 3 ans, d’autres espèces se réveillent. Le chalcographe a causé des dégâts parfois importants sur de jeunes peuplements résineux. L’Ips cembrae attaque ponctuellement les mélèzes, commençant par la pointe pour atteindre ensuite l’arbre entier. Sur le thuya et le tsuga, c’est le petit scolyte Phloesinus thuyae qui apparaît dans de jeunes peuplements stressés. Sur Abies grandis, des attaques de plusieurs espèces (l’acuminé ou le spinidenté) s’observent dès 25 ans.
L’état sanitaire dégradé du chêne semble se maintenir, particulièrement en Fagne-Famenne-Calestienne. On observe peu de pousses de la Saint-Jean et peu de gourmands, traduisant un manque de réactivité inquiétant.
Enfin, le risque lié aux dégâts de hannetons sur jeunes plantations est toujours élevé dans la région gaumaise (sols sableux). Ils se traduisent par des mortalités dans les plantations et une absence de chevelu racinaire. L’OWSF lance un appel à signalement pour cette espèce.

« Filière Bois Wallonie » a publié son baromètre économique du second trimestre de 2023.

Le ralentissement pour cette année 2023, suite à deux années successives très favorables, n’est pas aussi critique qu’attendu. Certains marchés sont plus impactés que d’autres, mais une certaine stabilité générale est constatée.

Les importations chinoises de bois diminuent fortement, ce qui relâche la pression sur le marché des grumes feuillues. Le frêne est très demandé par les exportateurs.

En ce qui concerne l’épicéa, l’offre des petites et moyennes catégories est importante tandis que l’offre des gros bois est très limitée. Les prix des épicéas sur pied restent cependant très élevés. Ces prix très élevés sont en contradiction avec la baisse de la demande en sciage de résineux (essentiellement destiné au secteur de la construction), dont les prix se tassent.

De nombreuses mises à blanc sont observées, suite à la crise des scolytes et au prix soutenu.

Cette étude menée en Suède avait pour objectif d’évaluer la production de bois et la rentabilité dans des peuplements mélangés régénérés spontanément et ayant précédemment fait l’objet d’une coupe à blanc. Deux sites ont été étudiés, évoluant sur des sols mésiques de till glaciaire. Les peuplements en question sont dominés par le bouleau verruqueux et le bouleau pubescent, en mélange avec l’épicéa commun.

Trois stratégies de gestion différentes ont été testées, permettant soit d’obtenir un peuplement pur d’épicéas, soit un peuplement pur de bouleaux soit un mélange épicéas-bouleaux. Des éclaircies des arbres de petites dimensions sont pratiquées dans les trois cas. Une parcelle témoin, où aucune éclaircie n’est réalisée, est également étudiée.

Les principaux résultats montrent que, pour ce peuplement de 42 ans, le témoin non éclairci a produit le volume total le plus élevé. À des taux d’intérêt de 2 % ou plus, une forêt non gérée était donc une stratégie économiquement viable, même comparée à une stratégie de gestion intensive avec une essence marchande privilégiée. En effet, dans ce contexte, les coûts initiaux élevés et les longues rotations en gestion intensive sont difficiles à surmonter. À un taux d’intérêt plus faible (1 %) toutefois, une gestion intensive avec plantation artificielle peut être un meilleur choix du point de vue économique.

Cette étude montre également que lorsque la régénération spontanée est réussie et dense, le premier dégagement de la concurrence peut avoir un impact important sur le développement des futurs arbres de récolte et sur le mélange d’espèces. L’effet de ce dégagement était négatif sur la production totale de tiges, sauf dans le cas de futures cultures d’épicéas, où son impact était, ici, positif. Finalement, la stratégie de gestion visant un mélange épicéas-bouleaux a fourni la plus grande extraction de biomasse (biocarburant, bois de trituration et bois d’œuvre combinés) au cours d’une période de rotation.

Les auteurs concluent que même si les pratiques de régénération artificielle en forêt boréale ont pu se révéler efficaces, la régénération spontanée est une réelle opportunité de combiner la production et la biodiversité sur la même coupe à blanc, en laissant différentes essences pendant l’éclaircie précommerciale pour créer, in fine, un peuplement mixte.

Importé d’Amérique pour ses qualités physiques et sa durabilité, le robinier est tombé dans l’oubli à l’ère industrielle. Sa croissance rapide et les valorisations potentielles en bois d’œuvre lui permettent de retrouver une attention grandissante. Il préfère les sols légers, riches en humus, mais non calcaires. Si il doit être planté, il faut être attentif à sa sensibilité aux gelées et à la faune qui l’apprécie particulièrement.

Le robinier est traditionnellement géré en taillis simple avec des rotations de 20 à 40 ans pour la production de piquets et de bois de chauffage. Seuls les meilleurs peuplements sont capables de fournir du bois d’œuvre. Il est conseillé de réaliser une première éclaircie vers 10 ans, lorsque la hauteur totale dépasse les 10 mètres sur les meilleures stations. L’éclaircie doit favoriser les tiges avec les houppiers les mieux conformés (environ 300 tiges/ha). Il peut également être maintenu en futaie, soit à partir de rejet de souche, soit à partir de drageon.

Le robinier se prête très bien au mélange, notamment avec le chêne sessile, le charme, le bouleau ou encore l’érable sycomore. Il faut toutefois se méfier et bien gérer le mélange en limitant les apports de lumière pour empêcher l’envahissement du sous-bois par le robinier. Les coupes à blanc à proximité des peuplements de robinier sont également à éviter. En effet, en France, le Conservatoire botanique national du Muséum national d’histoire naturelle le classe comme essence exotique envahissante avérée.

Au niveau des utilisations, le bois de robinier présente des atouts : très dur, presque imputrescible et d’une très grande longévité. Il peut remplacer les bois exotiques pour de nombreux usages. Il est également utilisé en parfumerie et dans le secteur de la chimie.

Nos données de mesures météorologiques existent depuis 150 ans, une période extrêmement courte à l’échelle de la vie sur terre. Les arbres peuvent rendre compte de manière indirecte, grâce à leurs cernes, des différents épisodes climatiques. Mais c’est une nouvelle étude qui nous permet d’obtenir de nouvelles informations bien plus précises, dans les cellules des arbres cette fois-ci. Et le résultat est sans appel.

Ce sont des pins scandinaves de plus de 1170 ans qui ont été analysés par l’Institut fédéral suisse de recherche sur la forêt, auteur de cette découverte. Ceux-ci sont bien préservés aux abords des lacs du nord, et particulièrement sensibles aux changements de climat. Chaque cellule de chaque cerne enregistre le climat, et l’ensemble des cellules d’une cerne peut délivrer des informations d’une précision exceptionnelle.

On découvre que le réchauffement actuel est bien plus inédit que l’on ne le pensait, même face aux précédents réchauffements comme celui de la période médiévale. Les anciennes mesures prises comme exemple de référence ont donc été mal évaluées jusqu’ici, ce qui implique une réévaluation de l’impact réel du changement climatique.

Si les arbres sont de bons indicateurs, il est également possible de reconstruire le climat grâce aux carottes glaciaires ou aux sédiments marins, jusqu’à plusieurs millions d’années en arrière.

Encore un exemple concret que la hausse des températures que nous rencontrons actuellement est le fait de l’humain et de ses activités.

Afin de répondre au besoin croissant de fibres pour la bioéconomie, la production intégrée de grumes et de biomasse dans des plantations de peupliers à courte rotation se répand, surtout en Europe de l’Est. Toutefois, face au manque de capitaux parfois disponibles, des solutions de récolte semi-mécanisées, à faible investissement et polyvalentes, sont à trouver. C’est le but de cette étude européenne qui a conçu et testé un système basé sur deux machines peu coûteuses (une excavatrice avec une scie à grappin et un porteur d’occasion) et nécessitant une main-d’œuvre minimale (deux opérateurs seulement).

Le système a été testé en termes de productivité, de coût et de qualité du travail selon deux variantes : production de grumes de 2 ou 4 mètres. Ce système peut produire environ 3 chargements (90 t) par jour, à un coût compris entre 14,5 et 16 € par tonne, de la souche au débarcadère en bord de route, prêt pour le chargement et le transport. La variante avec des grumes de 4 mètres était plus efficace, entraînant une réduction des coûts de 10 %, soit environ 1,5 €/t. Cependant, le rendement en grumes était relativement faible : entre 1/3 et 1/4 de la récolte totale, le reste étant constitué de biomasse de moindre valeur. Le traitement en billes de 2 mètres offre donc un rendement en grumes plus élevé, rendu possible grâce à une technologie simple.