Search
Generic filters
Formation
Revue Forêt.Nature
Forêt.Mail
Bibliotheque

La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Dans le Canton de Vaud, près de 500 placettes forestières couvertes par l’inventaire forestier national et suivies pendant plusieurs décennies ont été analysées. L’objectif : étudier l’impact des dégâts d’abroutissement des ongulés sauvages (chevreuil, cerf et chamois) sur les différentes essences. Les données des dégâts ont été mises en relation avec les densité des ongulés et évaluées sur base des tableaux de chasse.

L’étude montre les résultats suivants :

  • La probabilité d’abroutissement varie selon les essences. L’épicéa est le moins abrouti. L’abroutissement est faible sur le sapin pectiné et le hêtre quand ces essences sont abondantes
  • Une augmentation de l’abroutissement est observée pour le chêne, le sorbier des oiseleurs, l’épicéa et le sapin pectiné sur le plateau et pour le hêtre et le chêne en altitude
  • Les ongulés abroutissent préférentiellement les tiges plus hautes (40-129 cm) que les petites tiges (10-39 cm). Par ailleurs, presqu’aucun plant de chêne de grande taille n’a été observé lors du dernier inventaire. Les auteurs postulent que la dent des ongulés pourrait en être la cause. Mais un manque d’ensoleillement pourrait également intervenir
  • Le cerf provoque un abroutissement 4 fois supérieur à celui d’un chevreuil ou d’un chamois

Au vu des résultats obtenus, les auteurs concluent que l’abroutissement risque d’avoir un effet sur le mélange des essences plutôt que sur le nombre de tiges du futur peuplement. Dans le canton de Vaud, les ongulés semblent exercer une pression d’abroutissement plus importante sur les arbres présentant des atouts face aux changements climatiques (chêne, sorbier des oiseleurs…), ce qui constitue un risque pour l’avenir de ces peuplements.

En fonction des conditions du milieu, les traits fonctionnels d’une plante peuvent changer. C’est souvent le cas avec la surface foliaire ou encore la teneur en éléments minéraux des feuilles. Ce qu’on connaît moins, c’est la façon dont des conditions biotiques, comme la présence d’autres espèces végétales dans le voisinage de la plante, peuvent influencer ses traits fonctionnels.

Des chercheurs allemands ont étudié les changements de traits fonctionnels des feuilles au sein d’une même espèce d’arbre en fonction de la richesse en espèces dans son voisinage. Ils partaient de l’hypothèse que les espèces modifient leurs traits foliaires en faveur d’une stratégie de croissance plus acquisitive lorsque la richesse en espèces dans leur entourage est plus élevée. Ils s’attendaient aussi à ce que cette réponse soit d’autant plus marquée que les autres espèces étaient proches de l’arbre étudié.

Ils ont observé que les arbres dont le voisin le plus proche était d’une autre essence ont mis en place des stratégies de croissance plus acquisitives (surface foliaire supérieure, teneurs supérieures des feuilles en phosphore et potassium). Ces phénomènes pourraient s’expliquer par deux mécanismes : une complémentarité au niveau de l’usage des ressources locales entre deux voisins d’espèces différentes et une complémentarité dans l’occupation des niches spatiales.

Les chercheurs ont aussi observé que les arbres développent une stratégie plus acquisitive quand la richesse spécifique augmentait dans leur communauté environnante (les dix arbres les plus proches). Cet effet positif du mélange dans l’environnement de l’arbre était plus marqué sur les arbres dont le voisin le plus proche était de la même espèce que sur les arbres dont le voisin le plus proche était d’une espèce différente.

Cependant, au-delà d’un certain niveau de diversité, l’effet positif de la diversité de la communauté d’arbres environnante s’inversait, résultant potentiellement d’une probabilité plus élevée de rencontrer un concurrent puissant dans un environnement fort diversifié.
Pour des espèces peu compétitives, avoir dans son voisinage quelques arbres de même espèce dans un environnement à forte diversité pourrait être avantageux, ce qui pourrait s’expliquer par un mécanisme de facilitation intraspécifique en lien avec une amélioration de l’habitat.

Les résultats de cette recherche montrent que le mélange facilite la complémentarité dans l’utilisation des ressources à la fois à l’échelle très locale (proximité immédiate de l’arbre) mais également à plus grande distance (communauté d’arbres environnants), l’effet étant d’autant plus marqué que la distance est courte et donc le mélange intime.

Il existe cependant un seuil dans le nombre d’essences d’un mélange au-delà duquel la diversité peut impacter négativement la croissance d’un arbre, surtout si celui-ci est isolé dans le mélange et peu compétitif.

Afin de supporter une agriculture durable, il est utile de concevoir des zones sauvages pour favoriser les insectes pollinisateurs et ceux luttant contre les ravageurs des cultures. Si l’on souhaite attirer ces deux catégories d’insectes, la sélection d’espèces florales peut être un vrai challenge à relever. Sans compter qu’il faut également prendre en compte les paramètres de la station et la capacité de la flore à se développer durant toute la saison de végétation.

C’est ainsi que cette étude identifie les traits communs partagés par les abeilles sauvages et les ennemis naturels des ravageurs des cultures afin d’évaluer plus simplement les espèces florales à sélectionner, en fournissant un guide pour les types de plantes censées être les plus gratifiantes pour ces insectes. En suivant les relevés d’insectes, on remarque qu’il y a une grande corrélation entre l’abondance des abeilles sauvages et des ennemis naturels des ravageurs dans ces zones florales.

Une série de quinze espèces de plantes a été identifiée, regroupant les meilleures ressources pour ces deux types d’insectes. Parmi celles-ci : Achillea millefolium, Coreopsis lanceolata, Solidago nemoralis, Monarda fistulosa, Pycnanthemum virginianum, Coreopsis tripteris, Solidago speciosa… C’est la quantité de pollen et les périodes de floraison qui ont permis de classer ces espèces. Il est ainsi plus facile de créer des zones florales afin de maintenir une biodiversité optimale.

En France, un processus de révision des deux référentiels de certification forestière (PEFC et FSC) est actuellement en cours. Dans ce cadre, plusieurs ONG engagées dans la conservation de la nature ont signé un appel pour un renforcement de ces référentiels. Pour le collectif d’ONG, cet appel a pour objet de rappeler les thématiques qui leur semblent les plus urgentes à prendre en compte.

Parmi les thématiques, l’appel insiste sur la progression vers des sylvicultures productives de biens et services au plus proche de la nature. Ce point demande spécifiquement :
·      un encadrement strict de la pratique des coupes rases et des conversions ou transformations de peuplements naturels en plantations ;
·      une interdiction des coupes rases et des conversions ou transformations dans les forêts présentant une haute valeur pour la biodiversité, la qualité des eaux ou le paysage ;
·      une promotion des sylvicultures permettant de conserver les qualités clés de l’écosystème forestier (diversité, continuité, maturité).

Les autres thématiques détaillées dans l’appel concernent notamment l’engagement de la filière forêt-bois contre le changement climatique, l’amélioration de la planification de la gestion forestière, l’usage prudent des introductions d’arbres exotiques, la non-utilisation de la chimie de synthèse en forêt en s’appuyant sur une approche préventive des ravageurs, un encadrement clair des pratiques ayant un impact sur les sols, une interdiction des dessouchages et une actualisation des outils de la protection de la biodiversité en forêt.

Une fonction primordiale des aires protégées, dont celles du réseau Natura 2000, est de donner l’opportunité aux espèces d’adapter leur aire de distribution en réponse aux changements climatiques, en leur fournissant un panel d’habitats favorables.

En ce sens, une équipe de chercheurs a récemment étudié les caractéristiques clés des sites Natura 2000 permettant d’influer sur la vitesse de réaction des communautés d’oiseaux d’eau hivernants face à l’augmentation des températures. À cette fin, plus de 3000 sites dans 26 États membres de l’UE et des données de recensement rassemblant un total de 200 millions d’individus sur la période 1993-2017 ont été exploités. Les quatre caractéristiques étudiées sur chaque site sont : leur désignation en vertu des Directives Oiseaux ou Habitat, la date de cette désignation (avant ou après 2000), la présence d’un plan de gestion et le financement par un programme européen LIFE.

Parmi tous les sites Natura 2000 étudiés, les résultats montrent que la désignation en vertu de la Directive Oiseaux est le seul trait qui soit corrélé avec une meilleure adaptation des communautés d’oiseaux hivernants aux changements climatiques. Parmi les sites ainsi désignés, ceux bénéficiant d’un plan de gestion sont les plus efficaces pour faciliter cette adaptation aux changements climatiques. Les sites financés par un programme Life ont en revanche montré une réponse légèrement réduite aux modifications de température. Cela pourrait être dû au fait que ces financements ciblent davantage la survie d’une espèce cible plutôt que l’adaptation de son aire de répartition, ou que ces fonds sont alloués à des sites déjà très menacés et, en conséquence, peu performants.

En conclusion de leur étude, les chercheurs attirent encore l’attention sur un point alarmant : même au sein des sites protégés, les augmentations de température se produisent 2 à 4 fois plus rapidement que l’adaptation des communautés d’oiseaux aquatiques. Les efforts de conservation de la nature doivent donc être poursuivis.

Dans le contexte des changements climatiques, favoriser le mélange d’essences pour une utilisation optimale des ressources en eau est un élément essentiel. Mais quel mélange préconiser ?

Dans le cadre d’un nouveau projet, « Mélanges efficaces d’essences d’avenir pour une meilleure utilisation de la ressource en eau : complémentarité vs. concurrence » (KomKon), l’Université technique de Munich analyse, jusqu’en 2025, dans quelle mesure le mélange d’essences peut améliorer l’utilisation de la ressource en eau par les arbres dans les peuplements.

L’analyse porte spécifiquement sur le mélange avec le chêne, considéré comme une essence d’avenir. Les scientifiques étudient quelles essences entrent en concurrence et quelles essences sont complémentaires au chêne. Dans deux régions d’Allemagne, le chêne est donc étudié en mélange avec des hêtres communs, des douglas et des pins sylvestres. Une comparaison est également réalisée avec les peuplements purs. Les éléments analysés sont :
–          la rétention d’eau dans le sol
–          les réactions du peuplement aux stress hydriques
–          la croissance des peuplements.

Selon le professeur Peter Annighöfer, coordinateur du projet KomKon, « les peuplements mélangés en âge se rétablissent plus rapidement après une perturbation et le mélange d’essences ayant des besoins différents permet de répartir les risques. Au stade actuel des connaissances, nous pensons qu’en situation de mélange, les essences utilisent plus efficacement les ressources et forment ainsi des peuplements forestiers plus résistants face aux aléas climatiques ».

Le parc naturel régional du Morvan souhaite soumettre à évaluation environnementale toute coupe rase de plus de 0,5 hectare sur son territoire. Le PNR estime en effet que « la loi française n’applique pas le droit européen qui impose une évaluation d’incidence pour tout projet qui impacte l’environnement », notamment les directives UE « Évaluation des incidences sur l’environnement », « Habitats » et « Oiseaux ».

Suivant l’avis de son conseil scientifique (disponible en ligne : https://fr.calameo.com/read/001010586a8c953909231?page=1), le PNR demande au Conseil d’État que les coupes rases soient intégrées dans le droit français (code de l’environnement) car il y voit un « outil juridique idéal » pour une prise en compte des impacts sur le paysage, l’eau, le sol, la biodiversité et l’effet de cumul de plusieurs parcelles contiguës.

Comme chaque trimestre, l’OEWB fait l’état des lieux de l’activité au sein de la filière. Au cours du dernier trimestre, l’offre en chêne a diminué dans les ventes de bois mais les prix sont restés stables. Bien que les ventes en forêts publiques soient rares au printemps, les propriétaires privés ont délivré plus de bois en raison des prix soutenus. Les ventes de gré à gré ont permis de commercialiser 7000 m3 directement vers les transformateurs locaux. Au niveau des sciages de chênes les prix et la demande sont stables.

La demande et les prix des connexes feuillus sont à la hausse, mais il faut rappeler qu’ils étaient particulièrement bas depuis quelque temps. La demande en bois de chauffage est forte et les prix varient en conséquence.

L’offre en épicéa est stable et les prix des catégories sciages se sont envolés durant le 1er semestre. De nombreux propriétaires ont profité des bons prix pour vendre leurs bois étant donné que leur confiance en l’épicéa a été ébranlée à la suite des attaques de scolytes.

Le secteur de la construction vit une période assez confuse après l’explosion des prix des matières premières. Alors que le prix de certaines matières poursuit son ascension, le bois de construction entame sa descente. Les taux d’intérêts des prêts immobiliers à la hausse entraîinent une diminution des projets.

Les sciures et plaquettes issues de bois résineux connaissent une réelle flambée des prix. La très forte demande couplée à la diminution du volume d’activité des grosses scieries provoquent une forte augmentation des prix. Cela se répercute sur la pâte à papier qui utilise les mêmes ressources. Le secteur des panneaux de fibres connaît une période de tension identique pour les connexes résineux, bien que l’offre en rondin soit stable. En revanche, la demande en panneaux diminue par suite du ralentissement du secteur de la construction.

Le secteur du pellet tire le marché vers le haut avec une demande extrêmement élevée et des prix qui ont doublé en quelques mois. Le sac de 15 kg est passé de 4 à 8 € entre décembre 2021 et juin 2022.