Une fonction primordiale des aires protégées, dont celles du réseau Natura 2000, est de donner l’opportunité aux espèces d’adapter leur aire de distribution en réponse aux changements climatiques, en leur fournissant un panel d’habitats favorables.
En ce sens, une équipe de chercheurs a récemment étudié les caractéristiques clés des sites Natura 2000 permettant d’influer sur la vitesse de réaction des communautés d’oiseaux d’eau hivernants face à l’augmentation des températures. À cette fin, plus de 3000 sites dans 26 États membres de l’UE et des données de recensement rassemblant un total de 200 millions d’individus sur la période 1993-2017 ont été exploités. Les quatre caractéristiques étudiées sur chaque site sont : leur désignation en vertu des Directives Oiseaux ou Habitat, la date de cette désignation (avant ou après 2000), la présence d’un plan de gestion et le financement par un programme européen LIFE.
Parmi tous les sites Natura 2000 étudiés, les résultats montrent que la désignation en vertu de la Directive Oiseaux est le seul trait qui soit corrélé avec une meilleure adaptation des communautés d’oiseaux hivernants aux changements climatiques. Parmi les sites ainsi désignés, ceux bénéficiant d’un plan de gestion sont les plus efficaces pour faciliter cette adaptation aux changements climatiques. Les sites financés par un programme Life ont en revanche montré une réponse légèrement réduite aux modifications de température. Cela pourrait être dû au fait que ces financements ciblent davantage la survie d’une espèce cible plutôt que l’adaptation de son aire de répartition, ou que ces fonds sont alloués à des sites déjà très menacés et, en conséquence, peu performants.
En conclusion de leur étude, les chercheurs attirent encore l’attention sur un point alarmant : même au sein des sites protégés, les augmentations de température se produisent 2 à 4 fois plus rapidement que l’adaptation des communautés d’oiseaux aquatiques. Les efforts de conservation de la nature doivent donc être poursuivis.