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Le mélange intime favorise la croissance, mais parfois, on est plus fort à deux

En fonction des conditions du milieu, les traits fonctionnels d’une plante peuvent changer. C’est souvent le cas avec la surface foliaire ou encore la teneur en éléments minéraux des feuilles. Ce qu’on connaît moins, c’est la façon dont des conditions biotiques, comme la présence d’autres espèces végétales dans le voisinage de la plante, peuvent influencer ses traits fonctionnels.

Des chercheurs allemands ont étudié les changements de traits fonctionnels des feuilles au sein d’une même espèce d’arbre en fonction de la richesse en espèces dans son voisinage. Ils partaient de l’hypothèse que les espèces modifient leurs traits foliaires en faveur d’une stratégie de croissance plus acquisitive lorsque la richesse en espèces dans leur entourage est plus élevée. Ils s’attendaient aussi à ce que cette réponse soit d’autant plus marquée que les autres espèces étaient proches de l’arbre étudié.

Ils ont observé que les arbres dont le voisin le plus proche était d’une autre essence ont mis en place des stratégies de croissance plus acquisitives (surface foliaire supérieure, teneurs supérieures des feuilles en phosphore et potassium). Ces phénomènes pourraient s’expliquer par deux mécanismes : une complémentarité au niveau de l’usage des ressources locales entre deux voisins d’espèces différentes et une complémentarité dans l’occupation des niches spatiales.

Les chercheurs ont aussi observé que les arbres développent une stratégie plus acquisitive quand la richesse spécifique augmentait dans leur communauté environnante (les dix arbres les plus proches). Cet effet positif du mélange dans l’environnement de l’arbre était plus marqué sur les arbres dont le voisin le plus proche était de la même espèce que sur les arbres dont le voisin le plus proche était d’une espèce différente.

Cependant, au-delà d’un certain niveau de diversité, l’effet positif de la diversité de la communauté d’arbres environnante s’inversait, résultant potentiellement d’une probabilité plus élevée de rencontrer un concurrent puissant dans un environnement fort diversifié.
Pour des espèces peu compétitives, avoir dans son voisinage quelques arbres de même espèce dans un environnement à forte diversité pourrait être avantageux, ce qui pourrait s’expliquer par un mécanisme de facilitation intraspécifique en lien avec une amélioration de l’habitat.

Les résultats de cette recherche montrent que le mélange facilite la complémentarité dans l’utilisation des ressources à la fois à l’échelle très locale (proximité immédiate de l’arbre) mais également à plus grande distance (communauté d’arbres environnants), l’effet étant d’autant plus marqué que la distance est courte et donc le mélange intime.

Il existe cependant un seuil dans le nombre d’essences d’un mélange au-delà duquel la diversité peut impacter négativement la croissance d’un arbre, surtout si celui-ci est isolé dans le mélange et peu compétitif.

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