Lorsqu’un arbre est situé en limite de son aire de distribution, l’évolution du climat réduit souvent ses chances de survie. Avec le réchauffement climatique, les espèces ont ainsi tendance à migrer vers des altitudes et des latitudes supérieures. En Europe, le hêtre a un fort potentiel de progression vers les forêts de haute montagne.
Dans cette étude, menée sur 91 placettes d’observation réparties en forêt de montagne dans 14 pays d’Europe, la croissance du hêtre est comparée en peuplements monospécifiques et mélangés. Elle montre qu’en moyenne, dans les deux types de peuplements, le diamètre des arbres augmente linéairement avec l’âge, ce qui signifie que l’accroissement en diamètre n’a pas diminué avec l’âge des arbres sur la période étudiée qui est de l’ordre de 200 ans. L’accroissement en diamètre était également plus élevé, en moyenne, dans les peuplements monospécifiques par rapport aux peuplements mélangés, mais cette tendance s’inversait à des altitudes supérieures à 1200 mètres. L’étude montre aussi que la croissance en diamètre se réduit avec l’altitude. Ce phénomène était plus marqué par le passé et on constate qu’il est toujours plus marqué dans les peuplements monospécifiques. Ainsi, en haute altitude, la croissance du hêtre est supérieure dans les peuplements mélangés.
Si les arbres poussent plus et longtemps, cela permet plus de flexibilité pour la récolte, ce qui est intéressant en sylviculture irrégulière et permet de garder de vieux arbres qui continuent à croître en volume et en valeur. Ces résultats encouragent également les forêts mixtes à haute altitude, notamment en mélangeant le hêtre au sapin blanc et à l’épicéa, ce qui élargit l’éventail des services écosystémiques et réduit les risques liés à la monoculture. Les avantages que le hêtre tire ici, en haute altitude, d’une croissance en voisinage interspécifique avec le sapin et l’épicéa sont particulièrement utiles dans des conditions difficiles à la limite de la niche écologique et lors de l’extension de l’aire de répartition de l’espèce en raison des changements environnementaux.