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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Peu d’études sont réalisées pour analyser le potentiel des fougères en termes pharmaceutique et cosmétique. C’est l’objet de cette étude.
Quatre fougères hispaniques (certaines présentes également sous nos latitudes) sont passées à la loupe pour déterminer leur potentiel antioxydant et inhibiteur de tyrosinase (cet enzyme catalyse notamment la transformation de la tyrosine en mélanine, pigment noir de la peau).
Toutes les fougères étudiées montrent effectivement des propriétés anti-oxydantes et inhibitrices de tyrosinase et constituent à ce titre un nouveau groupe de végétaux intéressants pour les filières cosmétique et pharmaceutique.
Farràs A., Cásedas G., Les F., Terrado E. M., Mitjans M. and López V. (2019). Evaluation of Anti-Tyrosinase and Antioxidant Properties of Four Fern Species for Potential Cosmetic Applications. Forests V.10, I.2. Doi : 10.3390/f10020179.

Une nouvelle maladie qui s’attaque aux hêtres (Fagus grandifolia) a été découverte en 2012 dans le Nord-Est des États-Unis et au Canada. La maladie s’est rapidement dispersée et touche désormais de nombreux massifs forestiers.
Les symptômes se manifestent d’abord par des bandes noires situées entre les nervures des feuilles et particulièrement à la base des houppiers. Ensuite, les feuilles noires et fripées s’épaississent et ont une texture similaire au cuir. Enfin, plus aucune feuille n’est produite ce qui conduit à la mort de l’arbre en quelques années.
Durant la phase de propagation des symptômes, la composition de la canopée est fortement perturbée en raison de la taille réduite des feuilles, ce qui conduit à des changements de composition du sous-bois mais aussi de la dynamique forestière.
Malheureusement, ces symptômes ont rapidement été découverts sur les hêtres européens (Fagus sylvatica) dans les pépinières du Nord-Est des États-Unis !
L’agent responsable de ce dépérissement n’est pas encore connu mais les symptômes sont similaires à d’autres maladies causées par des agents biotiques (champignons, virus, bactéries, etc.). Étant donné que le pathogène responsable n’est pas encore clairement identifié, aucune recommandation ne peut être donnée aux gestionnaires pour éviter la propagation de la maladie.
Schlossmacher M. Beech leaf disease affects American trees and raises concern for European forests. Resilience Blog. 04/04/19.

Galerie d’hylésine crénelé (Hylesinus Crenatus), un des scolytes observés sur les frênes affaiblis.
L’Observatoire wallon de la santé des forêts vient de sortir 3 nouveaux documents :
OWSF. La lettre de l’OWSF numéro 6. 15/04/19 ; Alerte Scolyte : 26/04/19 ; OWSF NEWS : avril 2019. 26/04/19. N° 6

Les ormes étaient autrefois très présents dans les forêts feuillues de nombreuses régions d’Europe et notamment dans les bocages. Depuis des temps immémoriaux, ils ont fourni de nombreux services aux hommes et ont été disséminés et plantés massivement. Aujourd’hui, les populations d’ormes sont sévèrement dégradées en raison des pratiques de gestion le long des cours d’eau et du développement de la graphiose de l’orme. Malgré la mort de la plupart des ormes de grosse dimension, il n’y a pas eu de perte de diversité génétique au sein de leurs populations. Probablement grâce à leur capacité de rejeter de souche. Dès lors, la restauration des populations d’ormes devrait se baser sur des outils génomiques qui facilitent la sélection de clones résistants.
Les travaux de recherche actuels ont permis d’appréhender la diversité génétique des ormes et sont en bonne voie de déchiffrer les facteurs génétiques responsables de la résistance de l’espèce. Ces éléments sont des facteurs clés pour permettre un retour des populations d’ormes. De nombreux clones pour la plantation en milieu urbain ou paysager sont issus de l’hybridation avec des ormes asiatiques et divers clones indigènes. Ils ont été sélectionnés et sont utilisés dans des projets pilotes de restauration.
Ces succès de réintroduction devraient également permettre de mieux comprendre l’écologie des ormes, en particulier leur résilience face aux perturbations abiotiques et biotiques. Cependant, tous ces efforts seraient vains sans l’acceptation et la participation actives des personnes impliquées dans la réintroduction des ormes. Espérons que les nombreux services fournis par cette essence à la société soient à nouveau mis en avant.
Martin J. A., Sobrino-Plata J., Rodriguez-Calcerrada J., Collada C., Gil L. (2018). Breeding and scientific advances in the fight against Dutch elm disease: will they allow the use of elms in forest restoration? New Forests, V. 50, I.2. Doi : 10.1007/s11056-018-9640-x

Au Sud de la Chine, dans la province du Guangxi, un projet inédit est en cours de construction : la première ville forêt du monde.
Trente mille personnes pourront y vivre, dans un environnement moins pollué. Ce projet pharaonique devrait abriter près d’un million de plantes de plus de cent espèces ainsi que quarante mille arbres. L’architecte italien Stefano Boeri Architetti prévoit une absorption de 10 000 tonnes de CO₂ et de 57 tonnes d’agents polluants ainsi qu’une production de 900 tonnes d’oxygène ; de quoi améliorer significativement la qualité de l’air de centre industriel.
Prouillac N., Scheuer A. La Chine a commencé la construction de la première ville-forêt du monde. 28/06/17.

La tournerie Monneret, située à Jeurre, dans le Jura, est le dernier fabricant français de cochonnets pour la pétanque. Le million de cochonnets fabriqué tous les ans est vendu aux grandes marques, aux compétitions officielles et à la fédération française de pétanque. Cette activité représente 35 % du chiffre d’affaires de la tournerie.
Alors que l’entreprise utilise annuellement 200 tonnes de buis, provenant de moins de 50 km à la ronde, elle voit sa matière première menacée par la pyrale du buis, ce lépidoptère invasif apparu en Europe dans les années 2000. Résultat, le patron de l’entreprise estime que le buis aura disparu de France d’ici 5 ou 7 ans.
Pour faire face à la pénurie de buis, la tournerie a plus que doublé son stock annuel et compte sur les autres pays européens pour son approvisionnement.
Fournier M. C. Jura : le seul fabricant de cochonnets en France menacé par la pyrale du buis. France Bleu Besançon. 10/04/19.

En Suisse, 7 % des zones agricoles d’une propriété doivent être gérées de façon favorable à la biodiversité. L’étude analyse l’impact de ces zones sur les populations d’oiseaux et de papillons. La proportion de mesures favorables à la biodiversité dans le paysage est le principal facteur qui bénéficie aux papillons : quand la superficie des mesures passe de 5 à 15 %, la diversité d’espèces et l’abondance des papillons augmentent respectivement de 22 et 60 %. Par contre, les papillons de la liste rouge ne bénéficient pas de ces mesures, ils nécessitent des restaurations de milieu plus spécifiques. Pour les oiseaux, la qualité écologique s’ajoute au facteur « proportion de mesures » : ainsi, des prairies extensives procurent davantage de nourriture aux insectivores et les vergers haute-tige offrent des sites de nidification.
Zingg S., Ritschard E., Arlettaz R., Humbert J-Y. (2019). Increasing the proportion and quality of land under agri-environment schemes promotes birds and butterflies at the landscape scale. Biological Conservation, Vol. 231, pp. 39-48. Doi : 10.1016/j.biocon.2018.12.02.

La gestion par mises à blanc et plantation est la méthode de gestion dominante dans les forêts boréales. Cependant des études récentes indiquent que ce type de gestion n’est peut-être ni la solution la plus rentable, ni le système le plus écologique et durable.
Une étude menée par plusieurs instituts de recherche russes et finlandaises a évalué la rentabilité d’une gestion irrégulière de la forêt boréale en se concentrant sur les peuplements d’épicéas. Grâce à des simulations prenant en compte la dynamique de la matière organique du sol, la disponibilité des ressources et la croissance des peuplements, plusieurs scénarios de gestion sont envisagés en variant l’intervalle et l’intensité du prélèvement.
Dans le cadre de l’analyse de rentabilité, différents états initiaux de peuplement sont considérés : terres nues, jeunes peuplements et peuplements adultes irréguliers. La rentabilité de la gestion en irrégulier est comparée à celle d’une gestion traditionnelle en peuplement équienne.
Les résultats de l’étude indiquent que la gestion irrégulière est rentable dans tous les scénarios d’état initial envisagés avec un taux d’intérêt moyen de 3 %. Cependant, la rentabilité dépend de l’état initial du peuplement : la gestion équienne semble plus rentable lorsque le peuplement initial est un peuplement dénudé ou un jeune peuplement et la gestion irrégulière est plus rentable lorsque l’état initial est un peuplement adulte irrégulier.
La conversion d’un peuplement d’épicéa régulier en peuplement irrégulier est financièrement intéressant lorsque la structure du peuplement régulier initial présente une large distribution de grosseurs des arbres sur pied plutôt que la courbe plus restreinte habituellement associée à la gestion traditionnelle par éclaircie « par le bas ».
Juutinen A., Ahtikoski A., Mäkipää R., Shanin V., (2018). Effect of harvest interval and intensity on the profitability of uneven-aged management of Norway spruce stands. Forestry, Volume 91, Issue 5; Doi : 10.1093/forestry/cpy018

L’étude se penche sur l’impact des mélanges pied par pied sur trois services écosystémiques de la forêt : la production de bois, la diversité écologique et l’alimentation des nappes phréatiques. Une simulation sur 100 ans est réalisée suivant vingt-cinq scénarios : cinq mélanges (combinaisons de hêtre, épicéa, pin, mélèze, chêne) dans cinq proportions différentes (allant de la monoculture à un mélange moitié-moitié).
L’étude montre que, même avec de faibles proportions de mélange, l’augmentation des services écosystémiques est importante, alors que la diminution du service principal est minime. Le mélange testé le plus optimal pour les trois services écosystémiques est celui qui se base sur 50 % de hêtre. L’alimentation des nappes phréatiques diminue considérablement quand le hêtre se retrouve dans des proportions inférieures à 50 %.
Schwaiger F., Poschenrieder W., Biber P., Pretzsch H. (2018). Species Mixing Regulation with Respect to Forest Ecosystem Service Provision. Forests, 9, 632. Doi:10.3390/f9100632.

Plusieurs recherches scientifiques ont déjà démontré que les forêts mélangées présentaient une plus grande résilience face aux impacts du changement climatique, ainsi qu’une biodiversité plus importante. L’objectif de la présente étude, menée dans le Sud-Ouest de l’Allemagne, était d’étudier la perception du public sur les forêts mélangées par rapport aux forêts monospécifiques de sapins et de hêtres. Plus spécifiquement, c’est la perception du public sur dix-huit services écosystémiques d’approvisionnement, de régulation, de soutien et socioculturels qui a été investiguée, grâce à l’analyse de plus de cinq cents réponses à un questionnaire en ligne.
Les résultats montrent que :
Ces services d’approvisionnement (comprenant notamment le rendement du bois, le potentiel de chasse et la productivité de la biomasse) sont aussi perçus comme égaux entre forêts monospécifiques et forêts mixtes en Belgique.
Globalement, les perceptions des répondants sur les quatre types de services écosystémiques ont été influencées par leur sentiment que les forêts mixtes abritent un plus grand nombre d’arbres anciens et de grands arbres. D’autres variables influencent aussi la perception positive des services écosystémiques fournis par les forêts mixtes, notamment la sensation de plaisir à être en forêt mélangée, l’âge, la profession ou l’éducation du répondant. D’une manière générale, le public interrogé apporte un soutien important à la promotion des forêts mixtes de sapins et de hêtres dans le Sud-Ouest de l’Allemagne.
Almeida I. et al. (2018). Comparison of ecosystem services from mixed against monospecific forests in the Southwest Germany: A survey on public perception. Doi : 10.20944/preprints201806.0429.v1.

Le nourrissage des oiseaux au jardin est une pratique répandue à travers le monde. Cette étude menée aux États-Unis, étudie l’influence des observations des mangeoires sur le nourrissage des oiseaux.
La grande majorité des répondants (1176 participants) à l’enquête en ligne lancée dans ce cadre affirme avoir pris des mesures particulières lorsqu’elle constatait un problème dans les mangeoires (incidence accrue d’une maladie, présence de prédateurs). Les mesures prises par ces observateurs sont, par exemple, la gestion des prédateurs ou le maintien de leurs mangeoires. Face à ces problèmes, le public réagissait émotionnellement de manières diverses. Les répondants à l’enquête sont généralement convaincus que leurs actions de nourrissage profitent aux oiseaux de jardin.
Par ailleurs, les facteurs environnementaux (biotiques et abiotiques) influencent davantage la quantité de nourriture qu’ils fournissent aux oiseaux que certaines contraintes de temps ou d’argent qu’ils pourraient avoir. Le comportement humain vis-à-vis du nourrissage des oiseaux est ainsi associé à des observations de la nature, ce qui peut en retour agir sur l’intensité de l’approvisionnement et les dynamiques écologiques.
Dayer A. A. et al. (2018). Observations at backyard bird feeders influence the emotions and actions of people that feed birds. People and Nature 2019 ; 00 : 1-14. Doi : 10.1002/pan3.17.

Cette vidéo (1’38’’), en anglais, montre les différentes étapes qui permettent de transformer le bois brut en un matériau transparent capable d’absorber et de libérer la chaleur.
En retirant la lignine du bois, puis en le remplaçant par de l’acrylique permettant de limiter la dispersion de la lumière, des chercheurs suédois on mit au point un matériau transparent. Pour aller plus loin, des chercheurs américains ont également ajouté du polyéthylène glycol (PEG), pour ses propriétés de stockage de chaleur.
« Pendant une journée ensoleillée, le matériau absorbe de la chaleur avant qu’il n’entre au sein de la pièce, laissant ainsi une ambiance plus fraiche à l’intérieur qu’à l’extérieur. Pendant la nuit, le procédé inverse s’opère, le PEG se solidifie et libère de la chaleur pour maintenir une température constante dans la maison. »
Ces nouvelles découvertes offrent des perspectives dans la construction pour remplacer le plastique, le béton ou encore le verre.
American Chemical Society, 03/04/19.