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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Des forestiers suisses ont schématisé les besoins en lumière des différentes essences forestières et la disponibilité en lumière dans des trouées. Sur base d’un classement en 5 catégories allant de l’essence d’ombre à l’essence de pleine lumière et de la disponibilité en lumière en fonction de la taille et de la position à l’intérieur de la trouée, ils en déduisent la taille optimale de trouée à envisager selon l’essence souhaitée.

Une essence nécessitant une lumière « extrême » comme le bouleau, le mélèze, le saule ou le chêne rouge ne trouverait pas réponse à ses besoins dans une trouée de moins de 25 ares et une essence de lumière comme les pins, les chênes sessile et pédonculé, le sorbier ou encore le peuplier tremble demanderait une ouverture de minimum 16 ares. De leur côté, le charme et les érables sycomore et plane se contenteraient de 4 ares. La lumière optimale se situe essentiellement dans la partie nord de la trouée, et au centre de celle-ci pour les trouées plus grandes.

Cette théorie est valable en conditions plates, entourées de peuplements adultes fermés, situés sur bons sols avec des arbres de hauteur correspondante et typiques du plateau suisse, donc plutôt de type hêtraie à Luzule. Au fil du temps, les trouées devront être élargies pour maintenir des conditions optimales pour les essences de lumière et éviter que les essences d’ombre ne prennent le dessus.

Les auteurs de l’article reconnaissent que leur théorie se limite à la disponibilité en lumière en tant que facteur central du rajeunissement et néglige les effets écologiques défavorables et croissants avec la taille des trouées : altération du climat forestier, lessivage d’éléments nutritifs, développement des adventices… L’article traite également uniquement de l’apport de lumière directe mais les auteurs précisent que des peuplement étagés pas trop denses, laissant passer plus de lumière diffuse, pourraient présenter des zones également favorables à la régénération des essences exigeantes en lumière, pour autant qu’un suivi soit assuré.

Entre une application trop théorique et schématique dans l’ouverture de trouées et un laisser-faire menant à la perte des essences les plus exigeantes, le juste milieu est à trouver, s’appuyant sur une bonne connaissance des besoins en lumière de chaque essence et de la dynamique forestière.

En connaissant les réactions d’une espèce aux changements climatiques historiques, tels que l’âge glaciaire, nous pouvons établir des perspectives de réaction de cette dite espèce face au réchauffement climatique que nous connaissons actuellement.

C’est ce qu’ont voulu étudier des scientifiques suisses en comparant le patrimoine génétique des populations de pin des Alpes. En effectuant une analyse du génotype de trois mille individus selon leur génétique spatiale et leur histoire démographique, ils en ont déduit le passif de déplacement de l’espèce pendant la dernière glaciation, ses zones refuges et la recolonisation qui a suivi la perturbation, pour donner l’aire de répartition actuelle.

Il en résulte une véritable structure génétique spatiale distincte, malgré une faible différenciation génétique, même entre les deux chaînes de montagnes disjointes. Deux groupes d’arbres se sont créés séparément lors du précédent bouleversement climatique, et ont évolué conjointement depuis.

Dans le but de valoriser des bois de qualité produits localement, une douzaine de marques ou labels régionaux se sont développés en France ces dernières années. Pour bien les comprendre, le WWF-France a édité une note à l’attention de tout acheteur potentiel sur les garanties et les plus-values qu’apportent ces marques régionales, notamment leur plus-value pour une gestion multifonctionnelle de la forêt, pour les enjeux de protection de la biodiversité, les enjeux sociaux de la forêt et l’adaptation des forêts aux changements climatiques. Dans ce document, un tableau récapitule les caractéristiques des douze marques régionales existantes à ce jour.

Suite à l’analyse de ces labels, le WWF conclut que les marques alliant provenance, transformation locale et pratiques de gestion forestière vertueuses vont dans le bon sens (exemples : Bois du Jura et Bois de Chartreuse). Toutefois, une labellisation « idéale » est difficile à trouver. Certaines marques pourraient aller plus loin en termes de sylviculture proche de la nature ou de critères stricts vis-à-vis des coupes rases et des monocultures, notamment. En revanche, un localisme généralisé n’est pas forcément atteignable : certaines filières bois-papier-énergie sont très mondialisées, et quelques régions de France ont des ressources forestières limitées impliquant un certain besoin d’importation. Comme les marques existantes ne répondent pas à tous les enjeux, le WWF recommande aux acheteurs d’être attentifs au moment de l’achat, surtout si le produit ne porte pas plusieurs labels différents. Les acheteurs sont un vrai levier pour augmenter la valeur ajoutée environnementale en incitant les marques à évoluer. Et de leur côté, les marques ont tout à gagner à appuyer le développement et tirer tous les bénéfices commerciaux des bois produits avec des sylvicultures proches de la nature.

Retour sur le webinaire de décembre dernier sur la capacité des forêts à séquestrer du carbone et à freiner ainsi le réchauffement climatique. La question posée lors de cette rencontre était : « La forêt française peut-elle continuer à jouer son rôle de puits de carbone ? ».

En France, la forêt et le sol forestier séquestrent 10 à 15 % des émissions nationales de carbone. En « entrée », l’écosystème forestier stocke donc du carbone grâce à la photosynthèse. En « sortie », il émet du carbone via la récolte de bois pour les besoins humains, les incendies, la décomposition du bois mort… Ces sorties sont amplifiées par les changements climatiques et l’action de l’homme.

Si les entrées sont supérieures aux sorties, la forêt joue un rôle de puits de carbone. À l’inverse, la forêt émet du carbone. Les différentes variables de cette équation sont en partie interdépendantes. L’activité humaine accélère le changement climatique, qui fragilise l’écosystème forestier : déficit hydrique, chaleur, attaques sanitaires, risque accru d’incendies…

Il est possible de jouer sur certaines variables pour dégager des solutions :

  • Protéger les sols forestiers : davantage de carbone dans les sols permet de retenir l’eau et de favoriser une meilleure activité biologique.
  • Allonger la durée de présence des arbres en forêt (augmenter la circonférence d’exploitabilité) et allonger la durée de vie des produits fabriqués avec le bois exploité.
  • Diversifier !

L’herbivorie des cervidés est sans cesse au cœur du débat forestier pour l’impact démesuré qu’elle provoque sur la régénération des peuplements (naturelle ou artificielle). Sans un certain équilibre faune-flore, les échecs de régénérations sont constants et mènent parfois à une modification significative de la diversité floristique, surtout au niveau ligneux.

L’évaluation de la pression de la faune se fait couramment et avec efficacité à l’aide de dispositifs d’enclos-exclos. Ils permettent d’évaluer la pression sur un grand éventail d’espèces végétales, le piétinement, la fertilisation par les fèces… en plus de l’abroutissement. Une nouvelle méthode vient s’y ajouter : la simulation d’abroutissement. Elle est facile et rapide puisqu’elle se soustrait de l’effet naturel aléatoire des dégâts dû à l’alimentation des cervidés mais se concentre sur un seul dégât. Dans des conditions contrôlées en forêt (par clôtures), l’abroutissement est répliqué artificiellement (coupe et application de salive) et permet ainsi d’évaluer la réaction des semis à la suite de la prédation (survie, croissance, modifications phénologiques, etc.).

Dans un dispositif en chênes sessiles et pédonculés, il a ainsi pu être montré que l’abroutissement du chevreuil a mené à doubler la mortalité des semis par rapport à un contrôle (dans les mêmes conditions de vie). La période principale d’abroutissement s’étend de la fin de l’hiver au début du printemps et les semis de plus de 1 an sont les plus touchés car ils ne bénéficient plus des réserves du gland et sont fortement en concurrence pour les ressources.

Les espèces soumises à des abroutissements peuvent réagir soit par tolérance soit par résistance (développement d’épines, augmentation des tannins). Dans le cas des chênes, la stratégie serait plutôt la première en stimulant l’allocation des ressources dans la croissance pour quitter au plus vite les stades soumis à l’herbivorie.

Le dernier rapport annuel de la Cour des comptes, consacré à l’action publique en faveur de l’adaptation aux changements climatiques, appelle à une évolution des modes de gestion forestière en France.

D’après l’institution, les dépérissements massifs que connaît la forêt métropolitaine depuis plusieurs années risquent de s’intensifier, mettant en péril la biodiversité forestière, la qualité des paysages et le fonctionnement économique de la filière. Bien que les mesures financées par le plan « France Relance » visent à répondre à l’incertitude des gestionnaires et propriétaires forestiers, celles-ci se concentrent principalement sur le renouvellement forestier, en dépit d’une stratégie d’adaptation des forêts aux changements climatiques actuels et futurs.

D’après les magistrats de la Cour : « le seul recours à des dispositifs financiers ne peut suffire : la performance de l’action publique en matière d’adaptation de la forêt passe aussi par une évolution des modes de gestion et de prévention ». Ce rapport insiste donc sur la nécessité de faire évoluer les modes de gestion et de prévention, via une révision des outils d’aménagement et de planification. La Cour recommande également de confier la régulation des cervidés aux établissements publics nationaux là où leur présence menace la régénération des forêts, déjà fragilisées.

L’observatoire wallon de la santé des forêts (OWSF) a sorti en février 2024 sa 11ᵉ « Lettre d’info de l’OWSF » annuelle qui reprend l’actualité sanitaire des forêts wallonnes en 2023. Ce document reprend les faits marquants relevés par les collaborateurs de l’OWSF en 2023 : résumé climatique, suivis systématiques mis en place, principaux problèmes rencontrés, avancées scientifiques et conseils de gestion.

Un des constats marquants est que 2023 ne fait pas exception dans les phénomènes climatiques inédits qui s’enchaînent depuis plusieurs années. La sécheresse printanière a fait place à des épisodes pluvieux importants, ce qui a engendré une certaine confusion dans l’esprit des forestiers.

Le travail de collaboration entre le personnel du DEMNA, les correspondants-observateurs de l’OWSF et les chercheurs scientifiques a permis de suivre plusieurs actualités phytosanitaires : état sanitaire des houppiers, dépérissement, suivi de plantation et risque pour l’avenir.

La cigogne noire est une espèce emblématique des grands massifs forestiers ardennais. Elle avait disparu de nos forêts à la fin du 19e siècle et le premier couple n’est revenu qu’un siècle plus tard. Depuis, sa population a rapidement augmenté grâce à la reconstitution des vieilles futaies feuillues, son statut d’espèce protégée ainsi qu’aux effets de la Loi sur la conservation de la nature et les outils de restauration des fonds de vallées et des zones humides.

Afin d’identifier les mesures de gestion forestière (et agricole) favorisant l’expansion de cette espèce parapluie, deux cigognes ont été équipées d’émetteurs GPS, dans le cadre du projet Nassonia, pour en savoir plus sur les comportements, le domaine vital, l’utilisation de l’habitat et les déplacements quotidiens de cette espèce migratrice.

Ces mesures de gestion sont :

  • Augmenter l’offre en mares et plans d’eau de faible profondeur
  • Conserver et favoriser les vieux peuplements feuillus
  • Rendre attractifs les abords des berges et les cours d’eau
  • Gérer attentivement les opérations sylvicoles aux abords immédiats des nids

Filière Bois Wallonie analyse les résultats des ventes de bois sur pied issus des forêts publiques wallonnes gérées par le Département de la Nature et des Forêts (SPW). L’ensemble des résultats des ventes sont en ligne sur wallowood.be.

Épicéa. Malgré un secteur de la construction quasi à l’arrêt en 2023 à cause des tendances inflationnistes et de la hausse des taux d’intérêt, les prix d’achat sont restés soutenus, principalement grâce à la spéculation et la crainte de manque de matière première.

Chêne. La qualité reste fortement appréciée à condition d’être valorisée par grume. L’hétérogénéité des lots fait que les prix sont plutôt raisonnables et stables en 2023. Les petits bois voient leur valeur diminuer avec la baisse des coûts de l’énergie. On observe d’année en année une diminution des lots de chênes purs mis en vente (55 en 2023, contre 100 en 2020, 74 en 2021 et 64 en 2022).

Hêtre. Principalement destiné à l’export, le hêtre trouve facilement acquéreur. Comme pour le chêne, les petits bois voient leur valeur chuter. Grande variabilité dans les prix obtenus lors des ventes en adjudication publique.

La préservation des sols était l’une des préoccupations majeures de l’appel à manifestation d’intérêt français « Exploitation forestière et sylviculture performantes et résilientes » (ESPR).

En effet, limiter les impacts sur les sols était un point déterminant pour bénéficier d’une éventuelle subvention. Des critères mesurables, comme la pression statique au sol, ont ainsi été pris en compte. Un fonctionnement qui pourrait d’ailleurs s’étendre à d’autres aides publiques françaises.

Dans le cadre de ce programme géré par l’Ademe, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, cinq projets collectifs recevront des subventions issues du budget du ministère de l’Agriculture et du plan gouvernemental « France 2030 ». Ces projets ont des objectifs divers : plusieurs ont pour mission le développement digital des activités forestières (Foretdata, Mapforet et Forechange), d’autres visent à créer un centre de formation de débardage par câble aérien (Devcable), et le dernier a pour objectif de créer un pôle forêt-bois en Ariège (PRO Entraide Bois).

Des équipements seront également financés grâce au « volet 2 » de l’ESPR. Pas moins de 257 lauréats, des PME pour la plupart, pourront ainsi s’équiper de machines productives ayant un faible impact pour les sols.

L’édition 2024 de cet appel à projets est en cours de réflexion mais il est déjà annoncé que la liste des matériels admissibles dans les équipements de plantation ou de reboisement pourrait être étendue.