Des forestiers suisses ont schématisé les besoins en lumière des différentes essences forestières et la disponibilité en lumière dans des trouées. Sur base d’un classement en 5 catégories allant de l’essence d’ombre à l’essence de pleine lumière et de la disponibilité en lumière en fonction de la taille et de la position à l’intérieur de la trouée, ils en déduisent la taille optimale de trouée à envisager selon l’essence souhaitée.
Une essence nécessitant une lumière « extrême » comme le bouleau, le mélèze, le saule ou le chêne rouge ne trouverait pas réponse à ses besoins dans une trouée de moins de 25 ares et une essence de lumière comme les pins, les chênes sessile et pédonculé, le sorbier ou encore le peuplier tremble demanderait une ouverture de minimum 16 ares. De leur côté, le charme et les érables sycomore et plane se contenteraient de 4 ares. La lumière optimale se situe essentiellement dans la partie nord de la trouée, et au centre de celle-ci pour les trouées plus grandes.
Cette théorie est valable en conditions plates, entourées de peuplements adultes fermés, situés sur bons sols avec des arbres de hauteur correspondante et typiques du plateau suisse, donc plutôt de type hêtraie à Luzule. Au fil du temps, les trouées devront être élargies pour maintenir des conditions optimales pour les essences de lumière et éviter que les essences d’ombre ne prennent le dessus.
Les auteurs de l’article reconnaissent que leur théorie se limite à la disponibilité en lumière en tant que facteur central du rajeunissement et néglige les effets écologiques défavorables et croissants avec la taille des trouées : altération du climat forestier, lessivage d’éléments nutritifs, développement des adventices… L’article traite également uniquement de l’apport de lumière directe mais les auteurs précisent que des peuplement étagés pas trop denses, laissant passer plus de lumière diffuse, pourraient présenter des zones également favorables à la régénération des essences exigeantes en lumière, pour autant qu’un suivi soit assuré.
Entre une application trop théorique et schématique dans l’ouverture de trouées et un laisser-faire menant à la perte des essences les plus exigeantes, le juste milieu est à trouver, s’appuyant sur une bonne connaissance des besoins en lumière de chaque essence et de la dynamique forestière.