En France, le hêtre montre depuis 2018 des signes de dégradation, en particulier dans le nord-est du pays. La cause principale : des épisodes récurrents de sécheresse et fortes chaleurs. Les bioagresseurs qui ont pu être observés (insectes et champignons) ne sont que des facteurs secondaires.
Des épisodes de dépérissement du hêtre ont déjà été observés par le passé suite à des épisodes de sécheresse et de chaleur (1947-52, 1989-91, 2003-05) ou encore suite à des gels hivernaux (1998 dans les Ardennes) ou des tassements de sol et des engorgements suite aux tempêtes (1999 en Lorraine). La réaction du hêtre au stress est généralement rapide, dès l’année qui suit, mais il s’en remet aussi rapidement. Des suintements et colorations noirâtres sont parfois observés mais ne persistent en général pas dans le temps.
Depuis 2018, les épisodes de sécheresse et de chaleur se succèdent. La mortalité concerne principalement des arbres adultes et on observe une forte augmentation du déficit foliaire. La croissance, quant à elle, diminue partout depuis 2008.
Des suivis spécifiques mis en place entre 2019 et 2024 montrent que les hêtres les plus dégradés en 2019 avaient déjà une croissance plus faible dès la fin des années ‘70, probablement des suites de la sécheresse de 1976. En Franche-Comté, malgré la succession des déficits hydriques, le dépérissement s’est stabilisé depuis 2020 avec un déficit foliaire se stabilisant autour des 50 % et un taux de mortalité relativement faible (1 %). Cela pourrait s’expliquer par une acclimatation du système racinaire des arbres par production accrue de racines.
On a aussi constaté que la plupart des arbres morts avaient un déficit foliaire supérieur à 75 % l’année précédant leur mort mais la plupart des arbres présentant ce même déficit foliaire étaient toujours vivants l’année suivante.
Des facteurs de vulnérabilité du hêtre ont pu être identifiés, en lien avec la sylviculture et la station : bois de grosses dimensions, âgés, co-dominants, stations à déficit hydrique, forte exposition solaire, peuplements clairs et ouverts, etc.
Le hêtre est connu pour sa capacité de récupération au stress hydrique. Les recommandations de gestion vont dans le sens de la prudence pour ne pas aggraver la situation par des interventions trop fortes. On évitera de déstructurer les peuplements par une mise en lumière brutale et on veillera à maintenir l’ambiance forestière, favoriser le mélange et éviter le tassement du sol.