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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

À la suite de l’accélération des effets du changement climatique, l’avenir des forêts est régulièrement remis en question. Beaucoup se demandent si les essences présentes seront capables de s’adapter à ces changements de conditions de vie.

Dans les forêts régénérées de manière naturelle, les arbres qui ont pu se développer sont chacun issus d’une graine. Ces quelques graines sont exceptionnelles puisque ce sont les seules parmi des centaines de milliers d’autres graines qui ont donné naissance à un arbre adulte. Les arbres que l’on peut admirer aujourd’hui ont été plus vigoureux que leurs congénères grâce à une meilleure croissance, une meilleure résistance aux maladies et ravageurs. La sélection naturelle a réalisé son œuvre et a éliminé les graines ou les arbres moins adaptés parmi les milliers présents initialement.

On peut expliquer le succès de certains arbres par la grande diversité génétique qu’ils abritent. En effet, la capacité d’adaptation d’une population est fortement dépendante de cette diversité génétique. Chez les arbres, la diversité est telle qu’entre deux glands de chêne issus d’une même parcelle, on retrouve 7 millions de différences génétiques ! À l’échelle d’un peuplement, cela constitue une quantité incommensurable de combinaisons génétiques uniques. Chaque combinaison nouvelle présente une opportunité d’adaptation aux conditions environnementales.

Pour savoir si les combinaisons génétiques issues d’un chêne sont favorables, on étudie le nombre de ses descendants en vie dans les générations suivantes : c’est la valeur adaptative. Chez les chênes, cette valeur adaptative est parmi les plus élevées du règne végétal. Cela signifie que certaines combinaisons génétiques augmentent entre deux générations. Certains arbres portent donc des combinaisons génétiques plus favorables à la survie de leurs graines parmi les générations suivantes.

L’étude des populations de chênes après le petit âge glaciaire jusqu’à nos jours permet de montrer, de manière très surprenante, que l’adaptation pour passer de cette période froide à chaude a été quasi « immédiate ». Ceci s’explique par le très grand nombre de combinaisons génétiques uniques créées à chaque génération. La sélection naturelle joue alors pleinement son rôle en sélectionnant les plus aptes à la survie. Qui plus est, l’analyse de l’ADN des chênes montre que de très nombreuses régions du génome ont été modifiées et pas seulement quelques gènes. Cela indique que l’adaptation des populations peut compter sur de très nombreuses variations génétiques.

La régénération naturelle contribue à produire un très grand nombre de descendants (plus de 100 000/ha). Or, sans intervention humaine, il n’en reste que 4 000/ha après 10 ans. La sélection naturelle élimine les combinaisons génétiques les moins adaptées pour ne garder que les meilleures.

La diversité génétique et l’intensité de la sélection naturelle sont les deux facteurs principaux pour permettre l’adaptation et la résilience des forêts.

Un grand nombre d’outils et d’habitudes en forêt méritent d’évoluer. Cet article présente différentes innovations et technologies récentes, par exemple pour la santé, l’environnement ou pour limiter la pénibilité du travail :

  • Du côté de la santé, les peintures aérosol sont connues pour divers maux : allergies, ingestion de particules nocives, maux de tête. Pour préserver la santé des forestiers tout en restant efficace, Roll’Ink développe un outil 100 % mécanique en collaboration avec l’ONF et des forestiers privés qui devrait entrer sur les marchés cette fin d’année.
  • Certains outils forestiers présentent désormais des utilisations plus larges à la portée des amateurs autant que des professionnels et sans sacrifier leur puissance. Par exemple la tronçonneuse électrique Stihl MSA 300 électrique qui coupe, élague et ébranche.
  • Les déplacements en forêt obligent souvent les forestiers à utiliser la voiture au vu de la taille des surfaces à parcourir. Stalker Mad Bike présente une alternative qui pourrait, non pas remplacer mais être complémentaire à la voiture dans bien des cas. Un vélo électrique tout terrain, puissant, avec une capacité de remorquage de 120 kg pour transporter le matériel utile à la gestion.
  • Les nouvelles machines d’exploitation sont de plus en plus souvent équipées d’ordinateurs. Avec les GPS, par exemple, on peut facilement voir par où passent les machines, si toutes les parcelles ont été exploitées ou encore prévenir l’opérateur des zones à risques. Bien que ces technologies existent, leur arrivée en forêt sera étalée dans le temps en suivant le renouvellement progressif du matériel.
  • Pour le forestier, Exhauss avec son projet Extrafor, cherche à assister les opérateurs de travaux forestiers et limiter les maladies professionnelles. Pour ce faire, ils ont développé et testé un exosquelette durant 4 ans qui compense le poids des outils et répartit mieux la charge sur le corps.

Une équipe de la Wolf Fencing team a été créée en Wallonie. Son objectif ? Venir en aide aux éleveurs pour se protéger contre le loup. Concrètement, cette équipe de bénévoles accompagne les éleveurs qui ont subi ou risquent de subir des attaques de loup, qu’ils soient en zone de présence permanente ou non.

La Wolf Fencing team est formée à la mise en place de clôtures selon trois paramètres : le type d’animal dont on souhaite se protéger (le cas échéant, le loup), l’animal qu’on souhaite protéger et les besoins de l’éleveur. Les bénévoles de la Wolf Fencing team contribuent ainsi à l’amélioration de la coexistence entre l’homme et le loup,en collaboration avec les éleveurs.

Les incendies de forêt peuvent modifier les propriétés biologiques des sols et en particulier les communautés microbiennes qui jouent un rôle central dans le cycle du carbone et des nutriments de la forêt. Dans cette étude, des chercheurs ont chauffé expérimentalement un sol forestier à hautes températures pour analyser l’effet sur les propriétés biologiques du sol.

Les résultats de l’étude montrent que le chauffage expérimental du sol a en effet modifié les fonctions microbiennes et a réduit la diversité fonctionnelle du sol. Le chauffage du sol a également augmenté la disponibilité des nutriments, ce qui a stimulé la croissance des plantes, qui, à son tour, a augmenté la réponse à plusieurs substrats et a augmenté la diversité fonctionnelle à des niveaux similaires à ceux des témoins non chauffés. Ces résultats suggèrent que l’altération des communautés microbiennes du sol par l’incendie a des conséquences au niveau fonctionnel et que le rétablissement des communautés végétales favorise à son tour le rétablissement des fonctions microbiennes du sol. Le rétablissement de l’activité de décomposition du sol et de la diversité fonctionnelle est donc lié au développement des plantes après l’incendie.

La croissance des arbres peut varier du simple au triple et ce, en corrélation avec la composition spécifique des communautés fongiques du sol, indépendamment d’autres facteurs pouvant également influencer la croissance des forêts ! C’est ce que constatent des chercheurs internationaux, dont ceux de l’École polytechnique fédérale de Zurich et du WSL. Certains champignons mycorhiziens jouent donc un rôle de bioindicateurs de la croissance des arbres.

Les forêts qui grandissent le plus sont celles avec des communautés fongiques riches en gènes favorisant la captation de l’azote sous sa forme inorganique. À l’inverse, dans les forêts à croissance lente, les champignons contiennent de nombreux gènes favorisant l’extraction de l’azote sous ses formes organiques, présentes notamment dans la litière.

Les mycorhizes ont plusieurs formes, certaines espèces favorisent donc mieux que d’autres la croissance des arbres. Identifier leurs carpophores et distinguer ceux liés à une croissance particulièrement rapide ou lente permettraient aux gestionnaires d’évaluer de façon simple la productivité de leurs forêts.

Dans le futur, avec des concentrations en CO₂ dans l’atmosphère plus importantes, la croissance des arbres pourrait être positivement affectée. Pour grandir, l’arbre a également besoin d’azote sous forme inorganique. Sa teneur dans les sols pourrait donc se raréfier. Cependant, la terre contient proportionnellement plus d’azote organique qu’inorganique. Les champignons capables d’assimiler cet azote organique ont donc un rôle prépondérant à jouer pour la forêt du futur ! Des expériences menées sous serre avec des concentrations en CO₂ augmentées, montrent d’ailleurs que les champignons les plus en mesure de capter l’azote organique sont aussi ceux qui favorisent le plus fortement la croissance des plantules.

Bien que la société y trouve de plus en plus d’intérêt, la pratique de la sylviculture à couvert continu (SMCC) est peu appliquée en Estonie. Des chercheurs ont étudié comment des propriétaires forestiers pratiquant la SMCC pourraient agir en tant qu’expérimentateurs de niche pour aider au développement de la SMCC dans une sylviculture essentiellement orientée vers la coupe à blanc.

Ils se sont appuyés sur un modèle d’analyse des transitions socio-techniques. Celui-ci propose que les choix sylvicoles des propriétaires forestiers se développent dans un cadre complexe formé par des réseaux d’acteurs, des artéfacts matériels et des règles. La diffusion de la SMCC dépend de la sensibilité de ce cadre et de la capacité des propriétaires à former des niches expérimentales protégées.

Selon cette étude, un propriétaire doit avoir une grande confiance en lui pour demander à des prestataires de services ou consultants forestiers d’utiliser des machines plus petites ou de préserver la régénération naturelle. Les propriétaires qui pratiquent la SMCC sont en général indépendants grâce à leurs compétences et parce qu’ils possèdent ou ont accès à des machines, mais l’inspiration au changement provient de leurs réseaux de références spécifiques. Les propriétaires qui ne sont pas reliés à des communautés scientifiques, qui manquent de compétences personnelles, qui ne peuvent compter que sur leur communauté de voisinage ou leur association forestière, ne ressentent pas le besoin d’expérimenter autre chose.

L’étude montre que le développement de la SMCC en Estonie est entravé par plusieurs mécanismes de verrouillage, mais est par contre soutenu par les secteurs connexes et il est nécessaire que le cadre forestier change. Le système de soutien forestier actuel et le régime en général ne facilitent pas l’utilisation de la SMCC en Estonie mais l’entravent même parfois par des réglementations incohérentes et un manque d’adoption officielle de ses concepts. En outre, la capacité des propriétaires à agir en tant que niche expérimentale est entravée par un petit nombre de praticiens peu réseautés.

Mais des opportunités existent : les propriétaires forestiers pratiquant la SMCC peuvent partager leurs expériences de terrain, aider au développement de la politique ou encore coopérer avec d’autres parties prenantes sociales pour soutenir les avantages « non ligneux » de la SMCC.

La question de base de cette étude est de démêler les effets de la quantité, de la qualité et de la continuité de l’habitat sur la diversité des espèces. En l’occurrence, les chercheurs se sont intéressés aux champignons lignivores (de la liste rouge mais pas uniquement) dans les forêts anciennes d’épicéas de montagne en Europe centrale.

L’observation des carpophores a été combinée, d’une part, avec la mesure des caractéristiques structurelles de la forêt telles que le volume de bois mort (pour caractériser la quantité d’habitat), les dimensions et les stades de décomposition (caractérisant la qualité de l’habitat) et, d’autre part, avec des mesures dendrochronologiques destinées à estimer l’âge moyen des cinq arbres les plus anciens et le nombre d’arbres de plus de 250 ans (c’est-à-dire ceux qui ont survécu à une probable activité d’exploitation forestière ces 250 dernières années) pour caractériser la continuité de l’habitat.

Si la richesse totale en espèces de champignons vivant dans le bois est bien corrélée à la quantité d’habitat (volume de chicots sur les troncs et de bois mort au sol), la richesse en espèces rares (liste rouge) est quant à elle mieux expliquée par la continuité de l’habitat (indiquée par le nombre d’arbres âgés de plus de 250 ans).

Cette étude apporte de nouvelles preuves que la continuité ininterrompue de l’habitat est cruciale pour la survie des espèces. Des pratiques forestières favorisant cette continuité sont importantes même dans les forêts de production. De telles décisions sont susceptibles d’avoir des effets positifs qui peuvent persister pendant des siècles.

Depuis juillet 2022, l’importation de bois russe est interdite en Europe. Néanmoins, une enquête du Soir met à jour les procédés de contournements permettant de camoufler l’origine du bois, pour continuer à alimenter la Belgique.

La forêt russe, d’une superficie de 800 millions d’hectares, est la propriété de l’Etat. La vente du bois lui bénéficie et permet donc de financer la guerre en Ukraine, raison pour laquelle l’embargo a été émis. La Belgique ne peut donc plus, légalement, acheter les 700 000 tonnes de bois russe comme elle l’avait fait en 2021. Cependant, des routes parallèles se sont créées, pour permettre d’approvisionner les pays européens, notamment en Turquie, en Chine ou au Kazakhstan. L’importation depuis la Turquie a été multipliée par six depuis la fin 2022, selon Eurostat. Les intermédiaires présentent leur bois comme turc, certificat d’origine à l’appui, mais le vendeur est russe, avec une société russe, un numéro de téléphone russe,… et propose des essences comme le mélèze, ou du contreplaqué de bouleau. Certaines entreprises étrangères proposent également d’importer elle-même le produit, de le transformer et ensuite de l’exporter vers la Belgique, afin de « facilement obtenir du bois russe produit en Chine ». Difficile de ne pas émettre de doutes sur la réelle provenance du produit dans ces conditions.

Fedustria et la CEI-Bois dénoncent la pratique et appellent à catégoriser certains types de bois comme de provenance suspicieuse, et à relever les pays qui font des offres de vente de bois largement supérieures à leur capacité de production. Rappelons que, même transformé dans un pays non soumis aux réglementations, l’importation de bois russe reste illégale.

« Les aléas climatiques ont d’importantes répercussions sanitaires sur les forêts du Grand-Est. Les impacts sont variables selon les essences et la nature des terrains mais globalement, tous les arbres sont fragilisés. Les épisodes de grosses chaleurs associés au déficit hydrique ont rendu les arbres plus sensibles aux différents agents parasitaires. Cela a également eu de lourds impacts sur les plantations récemment installées.

Dans le Grand-Est, trouver les essences qui seront adaptées à la fois aux hivers « d’hier », mais également aux étés très secs de « demain » n’est pas une mince affaire. Pour renouveler les peuplements, l’observation des sols par la création de fosses pédagogiques est un préalable à toute reconstitution. Après avoir déterminé quelles pourraient être les espèces les mieux adaptées aux évolutions prévisibles du climat, certains gestionnaires proposent d’installer au moins deux essences pour toute surface de plus de 2 hectares. Ce choix vise à renforcer la résilience du futur peuplement, tout en développant la biodiversité.

Dans le Grand-Est, en complément d’un premier travail d’inventaire des essences « atypiques » déjà introduites en région, les forestiers publics et privés se sont associés pour tester, à petite échelle et de manière encadrée, comment dix essences allochtones pourraient à l’avenir éventuellement être utilisées pour le reboisement dans le nouveau contexte lié aux évolutions du climat. »

La semaine du 26 au 30 juin 2023, 45 étudiants forestiers ou récents alumni ont participé à la toute première édition du TraineeForChange : une semaine de formation gratuite en résidentiel sur le territoire du Parc naturel des Sources pour découvrir la sylviculture mélangée à couvert continu (SMCC) et partager avec d’autres étudiants et alumni leur passion pour la forêt.

TraineeForChange, c’est un projet européen qui consiste en un parcours intensif de 5 jours de formation en forêt à la rencontres de nombreux acteurs du secteur. L’objectif ? Ouvrir les esprits, cultiver son esprit critique pour devenir acteur de changement en matière de gestion forestière. Pourquoi ? Pour s’adapter aux enjeux du réchauffement climatique avec la boîte à outils que constitue la SMCC.

Pendant ces 5 jours, le TraineeForChange a permis aux participants de :
• Bénéficier de modules d’initiation à la sylviculture mélangée à couvert continu
• Rencontrer un panel d’acteurs forestiers et d’échanger sur leurs rôles et actions
• Réfléchir collectivement aux enjeux globaux de la forêt et de la nature
• Aboutir à une charte d’engagement professionnel