82 285 : tel est le nombre de feux enregistrés au Brésil depuis début 2019. Au moins un tiers de la surface de la Belgique réduit en cendres ! Origine des feux : humaine. Ces incendies illégaux facilitent en effet l’activité minière, l’élevage bovin et la culture du soja. Pourtant, entre 2004 et 2008, le taux de déforestation avait diminué de 73 %. Malheureusement, depuis 2008 (si on exclut 2010), le Brésil n’a jamais autant brûlé et le taux de déforestation a crû de 8 % entre 2017 et 2018. Selon le WWF, ce taux a même augmenté de 278 % entre juillet 2018 et juillet de cette année. Une catastrophe autant pour la biodiversité de ce « poumon vert » que pour le climat et les populations locales dépendantes de la forêt. L’Amazonie absorbe à elle seule un quart du CO₂ capté par les forêts mondiales, mais pour combien de temps encore ? En 2015, une étude publiée dans la revue « Nature » estimait que le pouvoir d’absorption de la forêt amazonienne avait diminué d’un tiers par rapport à la décennie précédente, alors qu’on a coutume d’affirmer que les forêts tropicales sont 4 à 6 fois plus efficaces dans le captage du dioxyde de carbone que nos forêts tempérées. Si cette déforestation se poursuit, quel sera le point de basculement pour l’Amazonie, face à un président qui veut, lui, « donner plus d’espace à l’agriculture industrielle » ?
De Muelenaere M., « Pourquoi le monde s’enflamme pour l’Amazonie ». Le Soir, 28/08/2019.