Petit rhinolophe au-dessus de la ville de Cauterets.
Ces dernières décennies, le développement des sociétés humaines s’est traduit par une urbanisation massive, qui s’est elle-même accompagnée d’une démultiplication des éclairages artificiels nocturnes. Ceux-ci génèrent une pollution lumineuse qui engendre des effets néfastes dans plusieurs domaines et en particulier celui de la biodiversité.
La notion de « trame noire » a fait son apparition depuis quelques années, s’ajoutant à celle de « trame verte et bleue » déjà bien connue. L’objectif est de limiter la dégradation et la fragmentation des habitats dues à l’éclairage artificiel par l’intermédiaire d’un réseau écologique formé de réservoirs et de corridors propices à la biodiversité nocturne. Plusieurs démarches de trames noires sont en cours ou même déjà achevées en France.
Un article paru dans Sciences, Eaux & Territoire (revue de l’IRSTEA) aborde ce sujet et présente deux projets menés dans des territoires très contrastés.
Le premier exemple cité dans l’article est celui du Parc national des Pyrénées. L’objectif de ce projet est d’identifier la trame verte et bleue du territoire concerné – réseau de continuités écologiques nécessaire aux déplacements de la faune – en y intégrant l’impact de la pollution lumineuse. Un bureau d’étude a ainsi été mandaté afin de réaliser une modélisation précise (à l’échelle du lampadaire) de la qualité du ciel étoilé et définir un seuil de sensibilité à la pollution lumineuse pour les chauves-souris.
Ce travail d’élaboration de cartes de modélisation de pollution lumineuse haute résolution est encore en cours et doit être complété par une étude sur les chiroptères afin de confirmer et préciser la valeur du seuil de sensibilité à la lumière.
Le deuxième exemple cité dans l’article est celui de Lille. En effet, la ville renouvelle son parc d’éclairage public et en profite pour réfléchir à la mise en place d’une trame noire afin d’améliorer la connectivité des espaces obscurs. Plusieurs organismes sont impliqués dans ce projet qui a entrepris le travail de modélisation des trames noires à partir de la distribution spatiale des chauves-souris.
En vue de recommander des actions concrètes de conservation, quatre scénarios d’éclairage ont été testés pour aboutir à des corridors les plus fonctionnels possibles pour les chiroptères.
Les perspectives annoncées dans l’article montrent qu’il faudrait étendre les recherches vers d’autres groupes comme les rapaces nocturnes ou les vers luisants.
Sordello R., Jupille O., Vauclair S., Salmon-Legagneur L., Deutsch É., Faure B. (2018). Trame noire : un sujet qui « monte » dans les territoires. Revue Science Eaux & Territoires, article hors-série, 8 p., 16/04/2018.