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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

L’Office National des Forêts (ONF, en France) a pris la décision de traiter toutes les forêts domaniales d’Île-de-France en irrégulier afin d’amplifier la prise en compte de l’enjeu sociétal des forêts.
Depuis 2012, ce type de gestion est pratiquée en forêt de Sénart (3 200 ha, à 25 km au sud de Paris) suite au constat partagé par 600 partenaires territoriaux, associations et élus d’Île-de-France, que les riverains n’acceptent plus les coupes rases. La gestion en futaie irrégulière fut adoptée dans la foulée. Elle permet de maintenir des arbres de tous âges sur l’ensemble des parcelles. La récolte de la production se fait de manière progressive.
L’ONF se donne 7 ans pour abandonner toute coupe rase dans les 50 forêts domaniales présentes en Île-de-France (environ 73 000 ha). En parallèle, il va étendre la commercialisation des bois façonnés et abandonner petit à petit la vente de bois sur pied. Cette pratique offre à l’ONF une meilleure maîtrise du calendrier d’exécution des coupes, de la remise en état des lieux et de l’évacuation des bois. L’ONF devient ainsi directement responsable des délais et de la qualité des exploitations.
Enfin, des « comités de forêts » vont voir le jour dans toutes les domaniales. Actuellement quinze comités sont déjà en place. Ils rassemblent des élus et des associations avec lesquels l’ONF partage les données relatives à la gestion forestière.
Vers une nouvelle gestion des forêts domaniales en Île-de-France. Communiqué ONF, 12/10/2017.

Plusieurs maladies infectieuses sont transmises par des espèces vecteurs (tiques ou moustiques, par exemple) qui, via leurs piqûres, transmettent eux-mêmes le virus depuis une autre espèce infectée, dite « compétente » à transmettre le pathogène.
Toutefois, un animal peut très bien être contaminé par un pathogène sans pouvoir le transmettre ensuite au vecteur. Ces espèces sont dites « cul-de-sac ». Fait notable, elles sont plus abondantes dans les milieux les plus riches d’un point de vue biodiversité. Ainsi, plus il y a d’espèces dans un milieu, plus la transmission des pathogènes est « diluée » ; c’est ce qu’on appelle l’effet de dilution.
L’érosion actuelle de la biodiversité impactera en premier lieu ces espèces cul-de-sac, moins abondantes et plus vulnérables aux extinctions. Donc, un milieu moins riche pourrait favoriser la transmission des pathogènes, en abritant moins d’espèces cul-de-sac par rapport aux espèces compétentes à transmettre les maladies. Un exemple de ce phénomène est celui de la maladie de Lyme aux USA : il s’avère que moins de personnes sont infectées dans les zones les plus riches en biodiversité.
Actuellement, cet effet de dilution fait toujours débat dans la sphère scientifique. Son étude est donc capitale pour garantir l’avenir de l’homme et de la nature.
Lyme, fièvre du Nil, Ebola : comment l’érosion de la biodiversité favorise virus et bactéries. The Conversation, 25/10/17.

Les cernes de croissance du bois comprennent des informations précieuses sur la relation entre le climat et la croissance. De nombreuses études ont examiné les réactions spécifiques à une espèce dans différentes conditions environnementales grâce à la dendrochronologie.
Dans une étude menée dans le Sud de l’Allemagne, cette approche de dendrochronologie a été étendue aux peuplements mélangés. La résistance et la résilience de l’épicéa commun et du hêtre ont été étudiées suite à la sècheresse de 2003. Des échantillons venant de 112 arbres issus de peuplements purs ou mélangés et selon un gradient de précipitations ont été prélevés.
Les résultats de l’étude montrent que les deux espèces présentent différentes stratégies pour faire face à la sécheresse. En effet, le suivi de l’accroissement en surface terrière des arbres montre que l’épicéa présente une moins bonne résistance à la sécheresse que le hêtre. Et la résistance du hêtre à la sécheresse augmente avec l’humidité du site. Mais le résultat le plus intéressant est qu’en mélange avec l’épicéa, le hêtre présente une résistance et une résilience encore plus grandes, toujours variable selon l’humidité du site.
Schäfer C., Grams T., Rötzer T., Feldermann A., Pretzsch H. (2017). Drought Stress Reaction of Growth and D?Rings of European Beech and Norway Spruce in Monospecific Versus Mixed Stands Along a Precipitation Gradient. Forests 8, 177; DOI :10.3390/f8060177.

En Rhénanie-Palatinat, les peuplements de douglas ont connu une phase de dépérissement dans les années 70-80. Un excès de manganèse dans le sol a été suspecté et des recherches ont été menées pendant plusieurs années par le FAWF (Institut de recherche en écologie forestière et sylviculture). Les chercheurs ont vite écarté la thèse d’une origine biotique, mais les résultats d’analyse de sol et d’aiguilles ont montré un lien avec un excès de manganèse disponible dans le sol.
Le manganèse est un micronutriment essentiel pour les plantes. Il agit comme un activateur pour beaucoup d’enzymes. Cependant, un excès de manganèse perturbe l’activité des enzymes et peut entraîner des déficiences pour d’autres nutriments. Les principaux symptômes liés à un excès de manganèse sont des écoulements de résine, une chlorose des aiguilles de l’année et une déformation des pousses. Les arbres les plus touchés peuvent présenter l’ensemble de ces symptômes.
Le manganèse disponible pour les plantes est relâché par les oxydes de manganèse au cours des processus internes de l’écosystème (échange de protons). Le phénomène apparaît en particulier lorsque le pH du sol est compris entre 4 et 5.
La plupart du manganèse est perdu par lixiviation quand le pH descend en dessous de 4. Vu la quantité limitée de manganèse dans les sols, les dégâts causés par sa présence en excès pourraient diminuer dans les prochaines décennies, du moins dans les sols les plus acides.
La variété continentale de douglas (P. menziesii. var. glauca) ou douglas bleu serait plus sensible à la toxicité au manganèse que la variété océanique, plus largement utilisée en Europe (P. menziesii var. menziesii). La sensibilité varie fortement entre individus, certains ne présentent aucun symptôme visible, alors que d’autres sont presque morts suite à de gros écoulements de résine et ce, au sein du même peuplement.
Quelques essais contrôlés d’amendement à la dolomie et au phosphore ont montré un effet positif sur le sol, la nutrition et la vitalité des arbres. Suite à l’amendement, le pH du sol augmente, ce qui réduit la disponibilité du manganèse. De plus, le magnésium relâché par la dolomie peut inhiber le prélèvement du manganèse par les racines. L’amendement a tout de même pour effet négatif de mobiliser plus de nitrates.
Les chercheurs recommandent d’exclure le douglas sur les sols trop riches en manganèse. Les sols argileux sont les plus susceptibles de contenir des concentrations plus élevées en manganèse. Si le douglas est déjà présent il est conseillé d’aller vers un peuplement mélangé en plantant du hêtre en sous étage. Il n’y a pas d’action particulière à mener si les symptômes apparaissent sur un jeune peuplement de douglas. La plupart du temps, un nombre suffisant d’arbres survit et une fois plus âgés, ils ne seront plus menacés par l’excès de manganèse. En effet, les arbres plus âgés parviennent probablement à compenser les déficiences nutritionnelles en accédant à des couches plus profondes du sol.
Dans les peuplements touchés par des dépérissements, la vitalité des tiges doit être le critère principal lors des éclaircies ou désignations. Il ne faut toutefois pas se précipiter pour réaliser des coupes sanitaires. Dans les peuplements purs, les prélèvements intensifs doivent être évités. Dans les peuplements mélangés, il faut veiller à favoriser les autres essences que le douglas et initier la régénération d’essences tolérantes à l’ombrage.
Mangantoxizität bei douglasie. Forschungsanstalt für Waldökologie und Forstwirtschaft Rheinland-Pfalz 78/16, 2016.

Quels sont les impacts des politiques climatiques sur l’atténuation du changement climatique, la protection des services écosystémiques et la biodiversité ? C’est à cette question qu’une récente étude menée en Allemagne tente de répondre.
Celle-ci met en avant les avantages d’une approche écosystémique des politiques climatiques, qui utilisent ou imitent les processus naturels. Ceci implique une gestion durable des milieux permettant de mettre en place des actions adéquates.
Par exemple, le maintien de forêts, dans certains cas, peut être la solution la plus appropriée pour lutter contre les inondations, grâce à leur rôle dans la limitation de l’érosion des sols. De même, le maintien de prairies à haute valeur biologique permet de réduire les effets du changement climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre.
D’une manière générale, les milieux stockant naturellement de grandes quantités de carbone (forêts, tourbières, etc.) sont la clé des politiques climatiques. Cet exemple allemand suggère également que pour établir une politique climatique forte, la coordination entre différents secteurs d’activités (agriculture, sylviculture, énergie) est primordiale.
European Commission DG Environment News Alert Service, edited by SCU, The University of the West of England, Bristol.
Wüstemann, H., Bonn, A., Albert, C., et al. (2017). Synergies and trade-offs between nature conservation and climate policy: Insights from the “Natural Capital Germany – TEEB DE” study. Ecosystem Services 24:2280-2287. DOI:10.1016/j.ecoser.2017.02.008

La réintroduction d’espèces de prédateurs nouvelles ou précédemment existantes nécessite une attention particulière. Il faut en effet connaître les conséquences que cette action aura sur l’écosystème, l’équilibre fragile entre les espèces existantes pouvant être perturbé.
Cette étude propose une méthode permettant de prédire les changements d’abondance à travers le temps de différentes espèces suite à l’ajout de prédateurs et, contrairement aux méthodes antérieures, de travailler même en dehors d’un système en équilibre. Cette nouvelle méthodologie génère des milliers de modèles de réponses de l’environnement suite à l’ajout d’un prédateur. Ces modèles sont ensuite filtrés pour ne retenir au final que les modèles plausibles.
Deux cas ont été étudiés pour tester cet outil, la réintroduction du loup au Yellowstone et du dingo dans un parc national d’Australie. Les résultats obtenus sont très intéressants mais peuvent se montrer complexes, notamment parce que la compréhension des écosystèmes n’est pas totale.
Ce dispositif se veut être un outil d’aide à la décision à la réintroduction de carnivores.
Baker C M. & al, (2016). Ensemble ecosystem modeling for predicting ecosystem response to predator reintroduction. Conservation Biology, 10.1111/cobi.12798

Le changement climatique impose une adaptation des essences et de la sylviculture appliquée. Cette étude s’attache, à travers trois sous questions, à déterminer comment différents itinéraires sylvicoles (des peuplements très denses à très clairs) modifient la réponse des arbres (de l’échelle du peuplement à l’individu) aux climats et à ses aléas.
Un ensemble de 31 placettes de 10 à 120 ans composées majoritairement de chênes sessiles a permis de distinguer différents phénomènes entre forêt claire et forêt dense.
Un peuplement dense implique une augmentation de la compétition. La distribution des ressources varie fortement selon le statut des arbres : un dominé favorisera une croissance en hauteur pour capter la lumière alors que les dominants avantageront l’accroissement de leur circonférence. Au sein d’un peuplement clair, il n’y a pas de compétition pour la ressource. Tous les arbres présentent la même stratégie de distribution des ressources pour leur accroissement tant en hauteur qu’en circonférence. Ceci implique qu’ils paraissent plus trapus que les arbres des peuplements denses.
Après une sécheresse exceptionnelle (1976) :
Une gestion dynamique du peuplement permet une récupération plus rapide de l’accroissement suite à un épisode de sècheresse. L’étude nuance ainsi ses résultats et donne des pistes pour que le chêne sessile puisse subsister dans nos forêts face au changement climatique.
Lebourgeois F. & al (2017). Adapter les itinéraires sylvicoles pour atténuer les effets du changement climatique. Résultats pour la chênaie sessiliflore française à partir des réseaux d’expérimentations sylvicoles. Revue Forestière Française 69(1).

Les inventaires typologiques ou les méthodes d’inventaire par estimation visuelle des catégories de diamètre sont des approches rapides servant à décrire les peuplements dans le cadre de la gestion courante. Dans la mesure où elles reposent sur des estimations, elles sont nécessairement entachées d’une certaine imprécision qu’il convient de connaître et de chercher à réduire. L’étude met ainsi en évidence quelques résultats :
La multiplication des placettes permet en partie de compenser le manque de précision des résultats obtenus à l’échelle de la parcelle. Ainsi, on considère que les résultats sont fiables dès lors que l’on interroge de 15 à 20 points par parcelle. En conclusion et pour améliorer la fiabilité de ce type d’inventaire, il est recommandé de pratiquer davantage et de passer par une validation régulière des catégories annoncées des arbres pour lesquels il y a hésitation.
Gaudin S., Bertin S., Noé N., Ottinger L. (2017). Quelle est la fiabilité de l’estimation visuelle des catégories de diamètre lors des descriptions des peuplements. Revue Forestière Française 69(1).

Le 16 octobre dernier, à l’occasion du Festival international Nature Namur, a eu lieu le colloque DNF sur le thème du changement climatique. Plusieurs intervenants se sont succédés, leurs supports de communication sont à présents téléchargeables.
« Après un bref état de la question du changement climatique à l’échelle mondiale, l’après-midi a été consacrée à son impact sur la forêt wallonne. Par la présentation d’exemples concrets et d’outils pour suivre et anticiper ces changements, les intervenants ont dressé l’état de la question au niveau wallon. »

Un workshop a rassemblé plusieurs ornithologues spécialistes des espèces invasives de perroquets et perruches en Europe, l’occasion d’explorer si ces espèces doivent être exterminées ou bien si l’on doit « vivre avec ». En Belgique trois espèces sont concernées : la Perruche à collier, largement répandue en milieu urbain (Bruxelles, La Louvière, Anvers, etc.) ; la Conure veuve, dont les effectifs très faibles sont localisés à Bruxelles ; et la Perruche Alexandre, en expansion mais encore limitée. La question de l’éradication se pose donc surtout pour ces deux dernières espèces.
Les avis des spécialistes ne sont pas unanimes. Toutefois, une majorité se prononce en faveur d’un retrait de ces animaux du milieu naturel afin de ne pas devoir gérer un problème aggravé par la suite. Le moyen reste ouvert mais la capture et la stérilisation reviennent souvent comme les moyens les plus éthiques. À l’opposé, une minorité s’est opposée à cet avis. Pour eux, ces espèces ont un impact négligeable sur l’environnement et les en extraire reviendrait à priver une partie de la population urbaine d’un lien avec la nature, fut-elle artificielle.
Une recommandation fait par contre l’unanimité : la nécessaire interdiction du commerce de ces espèces, tant le lien entre celui-ci et les invasions biologiques a été mis en évidence.
Quant au « principe de précaution », il est laissé aux politiques, le rôle des scientifiques étant plutôt de détailler les implications des différentes mesures possibles.
Weiserbs A. (2017). Faut-il massacrer les perruches à Bruxelles ? Blog AVES, 10/10/2017.

Le Temps, site suisse d’information a choisi de dédier un dossier à la forêt. L’Appel de la forêt, « notre dossier explore les sous-bois des forêts et les mystères des arbres. A la rencontre de ces passionnés qui arpentent ces mondes mystérieux, héritiers de Henry David Thoreau et de Jack London ». Venez rencontrer quelques acteurs de ce milieu riche et plein de surprises.