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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Le coléoptère (Pogonus chalceus) vit dans les marais salants de la ville côtière française de Guérande (crédit photo : © IRSNB)
Des scientifiques de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ont mis en lumière une différenciation génétique au sein d’un même espèce suite à un comportement différent des populations.
Ce principe de spéciation est déjà connu lorsque des barrières naturelles séparent les populations. Avec le temps les populations séparées évoluent en deux espèces distinctes.
Ici, les chercheurs ont évalué les comportements différents de deux groupes d’une même espèce de coléoptère (Pogonus chalceus). Celui-ci vit dans les marais salins près de Guérande, en France.
Le premier groupe vit dans des zones inondées quotidiennement (à marée haute) et peut rester plusieurs heures sous l’eau en respirant grâce aux bulles d’air coincées sous sa carapace. Le second vit dans les marais voisins mais inondés moins souvent et s’envole dans des zones plus sèches lorsque l’eau arrive. Ces ailes sont d’ailleurs plus longues que son congénère immergé.
Les biologistes de l’IRSNB ont constaté, grâce à des tests en laboratoire, que ce comportement diffère dès le début du stade larvaire. L’origine (« sous l’eau » ou « volante ») des larves n’a pas d’importance : seul l’environnement détermine le comportement.
Les deux groupes en sont ainsi venus à ne plus se rencontrer. Chacun reste dans son habitat. C’est la première étape d’une différenciation génétique et le début d’une séparation possible en deux espèces distinctes. Ils ont d’ailleurs remarqué que les gènes responsables de la taille des ailes sont déjà différents entre les deux groupes.
« Les modifications génétiques apparaissent donc après les changements de comportement. Autrement dit, les gènes sont des suiveurs, et non des meneurs. »
De nouvelles espèces à partir de comportements différents. Communiqué IRSNB, 03/10/16.
Steven M. Van Belleghem, Katrien De Wolf, Frederik Hendrickx (2016). Behavioral adaptations imply a direct link between ecological specialization and reproductive isolation in a sympatrically diverging ground beetle. Evolution, DOI 10.1111/evo.12998.

Chenilles processionnaires du chêne (crédit photo: © Forestopic, Hubert Schmuck/ONF)
usqu’à nos jours, la lutte contre la processionnaire du chêne, un lépidoptère ravageur des chênes, dont la chenille est très urticante, se fait de deux manières : par lutte mécanique (enlèvement manuel des nids) et par lutte phytosanitaire (pulvérisation du bacille de Thuringe, Bacillus thuringiensis var. kurstaki, insecticide biologique homologué). Ces deux méthodes ont toutefois chacune leurs limites.
En 2016, une expérience menée par l’INRA et l’ONF a visé à évaluer une nouvelle méthode sans pesticides, basée sur l’utilisation de phéromones, dans plusieurs forêts domaniales de Moselle. Il s’agit d’une part de semer la confusion sexuelle en période de reproduction (fin juillet à fin août) en inondant l’atmosphère de phéromones de telle sorte que les mâles soient incapables de repérer les « vraies » femelles et, d’autre part, d’attirer en masse les individus mâles dans des pièges olfactifs. Dans les deux cas, l’action vise à empêcher les papillons de se reproduire et permettrait ainsi d’en limiter l’impact sur les chênes. Après un recensement initial et la première pose de pièges et diffuseurs en 2016, l’évaluation de l’efficacité de la méthode pourra avoir lieu début 2017. L’expérience est prévue sur trois ans.
Carroy C. (2016). Des phéromones testées en forêt contre la processionnaire du chêne. Forestopic

L’Office Économique Wallon du Bois (OEWB) a publié son baromètre de l’activité au sein de la filière bois pour le 3e trimestre 2016. Les tendances par sous-secteur d’activité, des indications de conjoncture et une sélection de graphiques sont présentées pour décoder les évolutions constatées et les replacer dans un contexte plus général.
Ce baromètre arrive en pleine saison des ventes de bois en forêts publiques.
En ce qui concerne les transformateurs de bois résineux, ils estiment que trop peu de bois sont mis en vente tant au niveau privé que public. Les produits connexes résineux (sciures et plaquettes) connaissent une légère hausse de prix. Concernant le sciage en feuillus, les prix du chêne se maintiennent à un niveau élevé et en hêtre, ce sont surtout les grumes de qualité qui trouvent preneurs, au détriment du hêtre industriel.
En ce qui concerne les combustibles, l’été a apporté le creux saisonnier habituel. Les stocks de bois de chauffage sont importants, beaucoup de lots de bois sur pied destinés au chauffage n’ont pas trouvé acquéreur cet automne, malgré une demande en bûches stable à l’entrée de l’hiver.
Office Economique Wallon du Bois (2016). Stimuler le développement économique de la filière bois : Baromètre économique. 6 p.

Récemment, la Wallonie a été menacée de perdre la certification PEFC de gestion durable de ses forêts publiques. PEFC Belgium souligne aujourd’hui les efforts réalisés par le DNF pour conserver le label PEFC des forêts publiques. Le Ministre René Collin, en charge de la Nature et des Forêts, a en effet demandé que des mesures soient prises pour répondre au cahier des charges de la certification. Il est notamment prévu d’ouvrir plusieurs postes d’aménagiste forestier pour ce faire.
PEFC (2016). PEFC applaudit les efforts de la Wallonie pour conserver la certification durable de ses forêts. PEFC.
Crédit photo : © PEFC.be

Les modifications du fonctionnement naturel des écosystèmes menacent la biodiversité à travers le monde et plus particulièrement la biodiversité forestière. La plupart des stratégies visant à atténuer la perte de diversité favorisent le maintien d’une plus grande quantité de bois mort en forêt, une ressource primordiale pour beaucoup d’espèces de décomposeurs. Bien que préserver plus de bois mort soit devenu une stratégie communément admise, il subsiste des interrogations quant à la manière la plus efficace de permettre le redéploiement de la diversité des espèces saproxyliques.
Des chercheurs allemands ont étudié la diversité de coléoptères saproxyliques sur du bois mort provenant de 13 essences différentes et à travers 30 forêts réparties sur 3 régions d’Allemagne. Ils ont testé la diversité entre régions pour les différentes espèces ainsi que la diversité en espèces pour un billon de bois mort selon qu’il est placé dans une hêtraie non gérée, une hêtraie exploitée ou dans une forêt résineuse.
Les chercheurs ont découvert des différences significatives de diversité pour les différentes essences testées. Qui plus est, le classement des essences accueillant le plus de diversité varie en fonction des régions, ce qui suggère des réservoirs d’espèces saproxyliques différents d’une région à l’autre. La diversité d’espèces saproxyliques augmente avec la diversité des essences de bois mort. Certaines essences, comme le charme, ou certaines combinaisons d’essences (charme et épicéa) permettent la plus grande diversité. Les bois morts situés en peuplements résineux ont permis d’atteindre les plus hauts niveaux de diversité. Aucune différence significative n’a été révélée entre les hêtraies gérées ou non. Enfin, le couvert forestier et la température moyenne au sein des peuplements influencent fortement la diversité spécifique. Les conditions environnementales ont donc un impact important.
Pour augmenter la diversité des cortèges saproxyliques, les chercheurs encouragent donc à prendre en compte les essences les plus intéressantes afin de maximiser les bienfaits sur l’écosystème.
Gossner M. M., Wende B., Levick S., Schall P.,  Floren A., Linsenmair K. E., Steffan-Dewenter I., Schulze E.-D., Weisser W. W. (2016). Deadwood enrichment in European forests – Which tree species should be used to promote saproxylic beetle diversity ? Biological Conservation 201 : 92-102
Crédit photo : © Licence Creative Commons ; B. Monginoux

La lumière est l’une des variables les plus importantes conditionnant la végétation du sous-étage en forêt. Une étude scientifique a analysé les relations entre l’éclairement relatif et la végétation du sous-étage dans un peuplement mixte (chêne, pin, hêtre et charme) en Hongrie.
Sur base d’une approche multicritères, les variables prises en compte dans l’étude sont la couverture végétale du sous-étage (herbacées et semis) et de la couche muscinale (bryophytes). Le recouvrement des deux groupes d’espèces, ainsi que la répartition spatiale sont corrélés positivement avec la disponibilité en lumière.
Les résultats de l’étude montrent que la diversité et la composition du sous-étage (semis, herbacées et mousses) sont liées à des conditions de lumière hétérogène. Il est donc recommandé de maintenir un couvert continu au niveau du peuplement avec la présence localisée de petites trouées (10 x 10 m) pour la survie de certaines herbacées et mousses ainsi que des trouées plus grandes (25 x 25 m) pour favoriser les semis de bouleau, de charme, de pin sylvestre et de chêne sessile.
Tinya F., Odor P. (2016). Congruence of the spatial pattern of light and understory vegetation in an old-growth, temperate mixed forest. Forest Ecology and Managment 381 : 84-92 ; 9 p.
Crédit photo : © Permaforêt

Il est souvent admis que les peuplements mélangés permettent de réduire les risques liés au changement climatique. Une équipe de chercheurs allemands s’est récemment penchée sur la question.
Dans leur étude, ils ont analysé les cernes d’arbres provenant de peuplements purs de hêtre et de douglas ainsi que de peuplements mélangés de ces deux espèces, afin de déterminer l’effet du mélange de douglas et de hêtre sur la sensibilité climatique de la croissance de ces deux espèces.
Il ressort de ce travail plusieurs conclusions :
Le douglas montre une meilleure croissance en mélange qu’en peuplement pur.
Il se montre en général plus sensible au climat que le hêtre, avec une récupération plus lente de son taux de croissance initial post- stress hydrique.
En mélange, le douglas améliore son temps de récupération de croissance après une sécheresse, contrairement au hêtre.
Les systèmes sur sol à tendance acide se montrent plus tolérants en cas de sécheresse.
Une surface terrière faible permet de diminuer la compétition dans le peuplement et diminue la perte relative d’accroissement suite à une sécheresse.
En conclusion, il apparaît qu’en mélange, le douglas a tendance à se stabiliser face aux impacts climatiques, alors que le hêtre voit sa sensibilité augmenter.
Thurm E. A., Uhl E., Pretzsch H. (2016) Mixture reduces climate sensitivity of Douglas-fir stem growth. Forest Ecology and Management 376 : 205-220 ; 16 p.
Crédit photo : © Institut des Sciences de l’Environnement & des Territoires d’Annecy ; Laurent Chantre et Sylvestre Vernier

La présente étude s’est attachée à déterminer les réponses des semis de hêtre et de chêne pédonculé, en termes de survie, de morphologie et de croissance, à différents niveaux d’ensoleillement. L’étude a porté sur quatre ambiances lumineuses différentes allant de la pleine lumière à l’ombre forte et s’est déroulée pendant plus de deux années de végétation.
Les principaux résultats sont les suivants :
Si le niveau d’ombrage affecte significativement la croissance des semis, il ne semble pas avoir une influence sur leur survie.
Tant la croissance en hauteur que la quantité de biomasse sont positivement corrélées à l’intensité lumineuse.
Pour les deux essences, l’ombrage implique un plus grand indice de surface foliaire ainsi qu’un facteur d’élancement (hauteur/diamètre) plus élevé ; en revanche, il entraine une moindre épaisseur de feuilles ainsi qu’un ratio racine/pousse plus faible.
La croissance en diamètre du chêne est plus importante que celle du hêtre quel que soit le niveau d’ensoleillement.
Les semis de hêtre présentent un indice de surface foliaire plus élevé et une épaisseur de feuilles ainsi qu’un ratio racine/pousse plus faibles que les semis de chêne.
Malgré une croissance apicale plus élevée en pleine lumière, la présente étude semble mettre en avant l’aptitude des semis de hêtre et de chêne à survivre et à s’acclimater même lorsque l’ombrage est très fort (28% de la lumière totale).
Sevillano I., Short I., Grant J., O’Reilly C. (2016) Effects of light availability on morphology, growth and biomass allocation of Fagus sylvatica and Quercus robur seedlings. Forest Ecology and Management 374 : 11-19 ; 9 p.
Crédit photo : © Permaforêt

Ce documentaire (25’) part à la rencontre d’un passionné des arbres. Tel un druide allant cueillir son gui, Lorenzo Pellegrini cueille les arbres pour la lutherie. Avec beaucoup d’amour et un peu de magie, il embrasse et prodigue des soins à ses milliers d’arbres pour qu’ils donnent le meilleur d’eux même. À plus de 80 ans, il monte encore au-delà de 20 mètres pour élaguer les arbres et pratique toujours son activité de bûcheron après 15 années de retraite. Il transmet paisiblement sa passion à ceux qui veulent en savoir plus sur cette nature amie et toujours avec un sourire communicatif.
Artles S. (2009). Le cueilleur d’arbres. Radio Télévision Suisse.

« Muji vient de dévoiler une maison préfabriquée pensée dans le but de montrer aux citadins comment maximiser leur espace de vie de manière simple et efficace. Dotée d’espaces très lumineux qui privilégient la bonne circulation de l’air, cette maison en bois de trois étages est établie comme showroom dans le quartier de Okazaki au Japon. »

Effet global de la diversité en espèces d’arbres sur la productivité des forêts : l’analyse des données révèle une corrélation positive entre biodiversité et productivité dans toutes les forêts de la planète. Les photos ont été prises sur les divers sites d’échantillonnage. (crédit photo : © CIRAD, DR)
Le GFBI (Global Forest Biodiversity Initiative) a été mis en place en 2016 pour essayer de mieux comprendre le fonctionnement des quelque quatre milliards d’hectares de forêts que compte notre planète.
Regroupant des chercheurs de 90 institutions internationales dont le CIRAD, les dernières publications démontrent que la perte de diversité des forêts diminue leur productivité.De façon générale, une diminution globale de 10% des espèces d’arbres causerait un déclin de 2 à 3% de la productivité des forêts. À l’extrême, une perte de 99% de la diversité forestière aboutirait à un déclin de 62 à 78% de productivité.
Les chercheurs ont également étudié les conséquences de cet appauvrissement dans la lutte contre le changement climatique : une perte de biodiversité moyenne (25%) se traduit par une diminution de 7,2% des capacités de stockage du carbone par les forêts, limitant d’autant leur rôle dans l’atténuation du changement climatique.
Enfin, ils ont estimé la valeur économique de la biodiversité au regard de son rôle dans le maintien de la productivité des forêts : elle représenterait ainsi entre 166 et 490 milliards de dollars par an (150 à 442 milliards d’euros par an), soit deux fois plus que le coût total estimé de la conservation des forêts.
La perte de biodiversité diminue la productivité des forêts, Communiqué CIRAD, 14/10/2016.
Liang J. et al. (2016). Positive Biodiversity-Productivity Relationship Predominant in Global Forest. Science ; DOI :10.1126/science.aaf8957​​​​​​​

Bois gonflable d’Arca Ébénisterie (crédit photo: © Innovathèque/FCBA)
L’innovathèque (Institut FBCA), a mis le bois à l’honneur à l’occasion de l’exposition « So Flex, matériaux souples dans un monde de brut » lors du salon Architect@work le 22 et 23 septembre 2016.
Grâce à cinq procédés innovants, le bois devient tendre, flexible, souple et ductile (se dit d’un matériau qui se déforme sans se casser). Bois gonflable, tissus dérivés du bois, bois à mémoire de forme… « So Flex » donne à voir et à toucher cinq innovations autour du bois – parmi d’autres matériaux exposés.
La néerlandaise Carolien Laro et son coussin en bois Spring Wood, l’allemand Ackermann et sa ligne courbe Flexform plus, le français Arca Ebénisterie et son bois gonflable Airwood, l’italien MyMantra et son étoffe de bois Ligneah ou encore l’allemand Bark Cloth et son tissu en bois Barktex ont tous exposés leurs innovations autour de ce matériau qui n’a pas fini de nous surprendre.
« So Flex » prend ses quartiers à partir du 17 octobre 2016 au FCBA à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne).
Carroy C. (2016). Quand le bois devient flexible. Forestopic