Search
Generic filters
Formation
Revue Forêt.Nature
Forêt.Mail
Bibliotheque

La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Comment réagissent le charme, l’orme blanc, l’érable champêtre et l’alisier torminal aux changements climatiques ?

Des chercheurs ont tenté de répondre à cette question en analysant leurs comportements après des épisodes de canicule et de sécheresse et en le comparant à ceux, mieux connus, du chêne et du hêtre.

Les résultats montrent :

  • Une diminution de croissance et une variabilité plus élevée que le chêne ou le hêtre (sauf pour l’orme blanc).
  • Une meilleure adaptation à la sécheresse que le hêtre et parfois même que le chêne, surtout dans le cas de l’érable champêtre et de l’alisier torminal.

L’étude conclut que ces essences sont bien adaptées en mélange. Le charme accompagne bien le hêtre sur des sites humides alors que sur des sites plus secs, l’érable champêtre et l’alisier torminal sont de bonnes accompagnatrices du chêne.

Il y a 30 ans, plusieurs critères et indicateurs pour la gestion durable des forêts européennes ont été développés par Forest Europe, la Conférence ministérielle sur la protection des forêts en Europe. Parmi eux, un sous-ensemble de dix indicateurs clés relatifs à la conservation de la diversité biologique en forêt a été défini. Depuis, ceux-ci sont largement utilisés par plusieurs pays pour leurs inventaires nationaux et l’élaboration de leurs politiques forestières.

Toutefois, au vu des changements climatiques, des modifications d’habitats et de la perte de biodiversité en cours, un processus de révision de ces indicateurs a été entrepris récemment par Forest Europe.

Dans leur rapport publié en mars dernier, des (sous-)indicateurs additionnels ont été décrits. Au sein du critère de diversité des essences, il a notamment été proposé d’ajouter un paramètre estimant la proportion d’essences résilientes sur le site considéré. Au sein du critère de naturalité, Forest Europe suggère d’évaluer la proportion de vieilles forêts et de forêts « proches de la nature ». Plusieurs nouveaux indicateurs relevant de la gestion forestière ont également été proposés, visant à évaluer les surfaces de forêts gérées sous différents régimes : couvert continu, libre évolution, agroforesterie, gestion traditionnelle, coupe à blanc, taillis, etc. En effet, suivre ces indicateurs est crucial pour mettre en évidence l’impact des différentes approches de gestion sur la biodiversité forestière, et ainsi soutenir la prise de décision et faciliter le développement de stratégies en faveur d’une gestion durable des forêts.

Après des mois de négociations entre les États membres de l’Union européenne, les Ministres de l’environnement ont voté en faveur de la loi sur la restauration de la nature.

Via Natura 2000, les États membres s’étaient engagés à restaurer la nature exceptionnelle, c’est-à-dire 200 écosystèmes de grand intérêt biologique sur les 2200 recensés à l’échelle européenne. Le nouvel engagement de ce 17 juin 2024 vise la restauration des écosystèmes ordinaires. Ce sont donc les territoires agricoles, forestiers, marins et urbains, jouant un rôle important dans la société humaine, qui font l’objet de ces mesures de restauration.

La loi porte sur la protection de la biodiversité et la restauration des fonctions écologiques sur 20 % du territoire terrestre et maritime d’ici à 2030. Ceci en plus des 30 % de restauration des écosystèmes exceptionnels en mauvais état visés par Natura 2000. Une différence fondamentale de la stratégie réside dans la vision à l’échelle de l’Union européenne et non plus pays par pays.

Les cours d’eau sont également pris en compte, avec l’objectif d’atteindre au moins 25 000 km de cours d’eau « libres » de circulation pour les espèces aquatiques, d’ici à 2030.

Cette législation est primordiale afin d’enrayer l’effondrement de la biodiversité étroitement lié à nos modes de vie. Pour rappel, 25 % des oiseaux ont disparu en Europe au cours des 40 dernières années, 60 % en zone agricole. Actuellement, 25 % des espèces étudiées sont menacées d’extinction en Europe et ce chiffre est même estimé à 30 % pour la Wallonie.

Des semis de pin sylvestre, d’épicéa, de chêne pédonculé et de hêtre élevés en serre ont été soumis à différents niveaux de stress hydriques afin de tester l’impact de la sécheresse sur leur activité photosynthétique et leur niveau d’absorption de l’eau du sol.

Au cours de l’expérience, les semis de pin sylvestre et d’épicéa ont limité leur absorption d’eau et arrêté leur photosynthèse pour des teneur en eau dans le sol encore relativement élevée, alors que les semis de chêne et de hêtre ont consommé plus rapidement l’eau du sol mais continué à réaliser la photosynthèse jusqu’à un niveau de stress sévère de sécheresse. La croissance juvénile rapide des feuillus est une stratégie qui leur permet d’être plus compétitifs vis-à-vis de la concurrence herbacée, arbustive et arborescente. Dans l’expérience, elle a cependant induit une plus grande consommation d’eau et une souffrance plus précoce de la sécheresse par rapport aux semis résineux, plus économes en eau.

L’étude met en évidence l’adoption de stratégies différentes d’utilisation de l’eau du sol au stade juvénile pour les quatres essences étudiées. Le pin sylvestre économise l’eau tout en continuant à réaliser la photosynthèse jusqu’à des niveaux assez faibles d’eau dans le sol, ce qui donne à ses semis plus de chance de s’en sortir en cas de sécheresse. Le chêne est le plus grand consommateur d’eau mais arrête de réaliser la photosynthèse seulement pour des conditions de sécheresse sévère. Sa forte consommation d’eau pourrait être attribuée au maintien de sa transpiration élevée (ouverture des stomates et photosynthèse) en conditions de sécheresse modérées. Le hêtre montre un comportement intermédiaire en consommant moins d’eau que le chêne mais en arrêtant plus vite sa photosynthèse quand le sol s’assèche.

Les résineux ont ainsi opté pour une stratégie d’évitement du stress hydrique alors que les feuillus ont montré une certaine tolérance à la sécheresse optant pour une utilisation efficace de l’eau disponible.

Le comportement du chêne et du hêtre en ferait de meilleurs candidats dans le cadre des changements climatiques mais le pin sylvestre présente également des atouts. Ces résultats demandent maintenant à être confirmés en conditions naturelles et sur de plus longues périodes de temps.

Saviez-vous que le geai des chênes peut transporter jusqu’à six glands dans son jabot et qu’il peut cacher jusqu’à 5 000 glands en automne ? Cet incroyable corvidé participe à la propagation et au rajeunissement de nombreuses espèces de chêne en cachant les glands dans des zones de transition (trouées, lisières, etc.) puis en les oubliant ! Jusqu’à 60 % des glands cachés sont oubliés par le geai des chênes, ce qui permet à des milliers de plants de chêne de voir le jour au printemps. Ce processus naturel de dispersion fait partie intégrante d’un projet innovant lancé par l’association ProQuercus avec le soutien de la Seedling Foundation (Suisse). Le principe : installer des cageots remplis de glands pour permettre au geai des chênes de les semer plus facilement…

Le Parc national de l’Entre-Sambre-et-Meuse aimerait augmenter la résilience de ses forêts grâce à une approche plus naturelle, axée sur la biodiversité. La charte forestière du Parc national est d’ailleurs basée sur deux paramètres révélateurs de diversité biologique : les arbres-habitats et le bois mort.

D’une part, lorsqu’on parle d’arbres-habitats, il s’agit d’arbres qui offrent au moins un dendromicrohabitat. En effet, ce sont des singularités morphologiques des arbres qui permettent à de multiples espèces de bénéficier d’un abri (une fissure dans le bois par exemple). D’autre part, le bois mort possède de multiples vertus : de la multiplication d’auxiliaires contre les ravageurs (les scolytes par exemple), à la régénération des forêts en ajoutant des nutriments dans le sol lors de sa décomposition ou bien encore à une meilleure résistance face aux sécheresses (rétention d’eau dans les sous-bois), il renforce la résilience des forêts face aux changements climatiques.

Il est cependant important de savoir qu’il existe plusieurs niveaux de gestion au sein de la charte forestière du Parc national ESEM. En effet, une partie (niveau 3) est certifiée PEFC et respecte uniquement les normes des forêts publiques wallonnes. Ensuite, dans la majeure partie de la forêt du Parc national (niveau 2), les gestionnaires doivent préserver davantage d’arbres-habitats (objectif : maintenir 5 arbres par hectare) et conserver plus de bois mort sur pied et au sol (objectif : 20 m³ de bois mort par hectare).

Enfin, une partie non négligeable bénéficie du statut de réserve biologique intégrale (RBI) : pas moins de 1700 hectares sont donc « laissés » en libre évolution sans aucune exploitation humaine ! Car si l’exploitation humaine et ses apports économiques jouent un rôle dans l’avenir de nos territoires, notamment grâce aux filières du bois-énergie et du bois-matériau, il est essentiel que leur évolution ne compromette pas les écosystèmes forestiers et leur rôle dans la transition écologique à venir.

Sous l’effet des changements climatiques, les coups de chaleur extrêmes sont de plus en plus courants. Les dangers pour la santé humaine sont multiples avec parfois des issues funestes. Ces évènements climatiques posent donc un réel problème de santé publique, encore plus dans les zones urbaines qui représentent de véritables points chauds.

Une équipe de chercheurs de l’université de Gand s’est attelée à mesurer les variations de microclimat dans les rues d’Ekkergem (un quartier de Gand) sous des niveaux de couvert variables durant le printemps et l’été 2022.

Sur les 195 jours de mesures, il a été remarqué que la canopée des arbres pouvait réduire significativement la température ressentie en journée par rapport à des zones découvertes (en moyenne 5,5 °C et jusqu’à 8,8 °C durant les journées les plus extrêmes). Durant la nuit, l’effet positif du couvert est cependant beaucoup moins marqué. Sous les différents niveaux de couvert de l’étude, les modalités avec des arbres sont les plus efficaces pour tamponner les températures en ville en période de forte chaleur même si d’autres expériences ont déjà montré un léger effet inverse dans des cas bien précis.

Les résultats observés par les chercheurs de Gand concordent avec ceux d’autres études sur le sujet. D’importants bénéfices sont à attendre dans les villes où la règle des 3-30-300 est respectée : chaque résident doit voir au moins 3 arbres depuis son domicile, le voisinage doit comporter au minimum 30% de couvert par la canopée des arbres, et un espace vert d’au moins 0,5 hectare doit être à maximum 300 mètres de la résidence.

Ljubljana est désormais plus qu’une destination touristique pour les forestiers. En effet, la ville propose un marteloscope, le premier en Slovénie centrale. Les pentes d’une de ses célèbres collines ont été transformées en une salle de classe en plein air grâce à une initiative du projet de recherche « Multipliers » financé par l’Union européenne.

Les marteloscopes sont des sites de formation forestière où tous les arbres sont marqués, mesurés et localisés sur une carte numérique. Les informations peuvent ensuite être visualisées sur des appareils mobiles comme des tablettes ou des smartphones et trouver une application pour la formation directement en forêt. L’utilisation d’une tablette permet aux élèves de visualiser la présence de microhabitats dans les arbres, tels que les cavités, les trous de pics…

Le site de Ljubljana est spécialement conçu pour enseigner aux élèves l’importance des forêts, leur biodiversité, mais aussi les services écosystémiques que les forêts fournissent.

La régénération naturelle présente dans les grandes coupes rases post-scolytes est-elle à même de constituer de nouveaux peuplements ? Comment et avec quelles essences ? C’est l’objectif de ce nouveau dispositif de recherches mis en place par Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège). La crise des scolytes a mis en lumière les limites du modèle de la pessière pure équienne exploitée par coupe rase et régénérée par plantation en Wallonie. Pour étudier des alternatives de reconstitution forestière, une nouvelle étude vise à évaluer la capacité de la régénération naturelle à assurer à court et moyen termes le renouvellement de peuplements assurant les fonctions économiques, écologiques et sociales de la forêt, tout en réduisant les coûts et les risques associés aux pratiques conventionnelles. Dans ce but, douze dispositifs d’un demi-hectare ont été installés pendant l’été 2023 dans des coupes rases d’épicéas en Ardenne belge. L’évolution de la végétation, et en particulier des semis ligneux, y sera suivie annuellement par un inventaire de la végétation afin de caractériser la dynamique d’installation et de développement de la régénération naturelle.

Les tiques porteuses de la bactérie responsable de la maladie de Lyme peuvent, par leurs morsures, transmettre la maladie à l’homme. Pour lutter contre la maladie, le milieu pharmaceutique est actuellement en train de développer un vaccin qui empêcherait les borrélies de quitter la tique. L’enjeu est de taille, en Allemagne, 200 000 personnes tombent malade chaque année.

Les sociétés pharmaceutiques « Valneva » et « Pfizer » sont en phase de développement clinique pour le vaccin « VLA15 » et pourrait être prêt pour l’approbation dès 2026. L’efficacité, la sécurité et l’immunogénicité de VLA15 sont actuellement étudiées. L’étude est menée dans des zones où la maladie de Lyme est fortement endémique, comme la Finlande, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Suède et les États-Unis.

Les premiers résultats des tests sont positifs et laissent donc poindre une lueur d’espoir dans la lutte contre cette maladie.