Une question très débattue aujourd’hui est de savoir à quelle vitesse les changements évolutifs peuvent se produire chez les arbres, organismes à longue durée de vie, et si ce rythme est suffisant pour faire face aux changements climatiques en cours.
Une étude de l’INRAE et de l’ONF a mis en œuvre une approche rétrospective pour suivre les traces de sélection dans le génome des chênes depuis environ 300 ans. Trois futaies régulières de chêne sessile situées dans le centre et l’ouest de la France ont ainsi été étudiées. Dans chaque forêt, des individus ont été échantillonnés et regroupés par tranche d’âges correspondant approximativement à : 340, 170, 60 et 12 ans.
Les résultats de l’étude fournissent la première preuve que la sélection a opéré sur des arbres à longue durée de vie sur de courtes périodes et qu’elle continuera probablement à le faire. En effet, une augmentation des effets de la sélection naturelle dans le génome pendant les périodes plus récentes de l’anthropocène a été relevée. Ces traces sont présentes en parallèle dans les trois forêts et elles reflètent les changements documentés dans l’occurrence des événements extrêmes (sécheresses et gelées) au cours des 300 dernières années.
Outre les chênes, d’autres espèces ligneuses partageant des caractéristiques similaires pourraient également être sujettes à une sélection naturelle et permettre un suivi rétrospectif des voies évolutives et adaptatives. De telles approches peuvent améliorer nos choix de gestion pour faire face aux changements climatiques.