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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Depuis plus de cent ans, les activités humaines (énergies, industries, modes de vie…) ont grandement influencé les émissions de polluants atmosphériques. Ces derniers sont captés par les sols forestiers dans des quantités telles que les cycles naturels qui y opèrent ont été modifiés. De ce fait, les sols s’acidifient de plus en plus ce qui cause de nombreux problèmes sur le développement et l’évolution de la végétation. Les conséquences les plus notables sont :

–       L’entrave à l’absorption des nutriments
–       Le lessivage des nutriments
–       La baisse de l’activité biologique
–       La modification de la flore
–       La perte de diversité et vitalité mycorhyzienne
–       La diminution des extensions racinaires

Une analyse des concentrations en éléments chimiques dans des rondelles d’épicéa et de hêtre apporte des indications nettes sur l’évolution de l’acidification des sols au cours du temps et permet de mettre en lumière des phénomènes difficilement observables et surtout sur des périodes de temps très étendues. Même si les rejets atmosphériques diminuaient, les sols continueront à souffrir des émissions passées. Ce constat rappelle la nécessité d’ intensifier les efforts pour limiter l’impact anthropique sur l’environnement.

La décomposition du bois mort en forêt dépend des groupes de décomposeurs (micro-organismes et insectes) qui dépendent eux-mêmes du climat. À l’échelle mondiale, on estime que 8 % du carbone des forêts se retrouve sous forme de bois mort. Afin de mieux comprendre ces phénomènes de décomposition, une large expérience de terrain a eu lieu sur cinquante-cinq sites et six continents. Il a été démontré que les taux de décomposition augmentent avec la température et ce d’autant plus que les taux de précipitations sont élevés. En effet, ces derniers affectent négativement les taux de décomposition quand les températures sont basses et positivement lorsqu’elles sont élevées. Il a également été prouvé que les insectes accélèrent la décomposition dans les forêts tropicales avec 3,9 % de perte de masse médiane par an, ce qui inclut la consommation directe par les insectes ainsi que les effets indirects via les interactions avec les micro-organismes. L’effet est moins marqué dans les forêts tempérées et boréales où les pertes de masse médiane sont respectivement de à 0,9 et 0,1 % par an. À la suite d’autres analyses, une estimation selon laquelle 10,9 (± 3,2) milliards de tonnes de carbone sont libérés par an par le bois mort dans le monde a été réalisée, dont 93 % proviennent des forêts tropicales. De façon plus globale, les insectes ont une grande importance fonctionnelle dans la décomposition du bois mort et le cycle du bois mort.

Les bryophytes sont des organismes de choix pour étudier l’impact des changements climatiques actuels et à venir. En effet, les mousses sont très sensibles aux conditions climatiques, notamment du fait de leur dépendance à l’humidité de l’air pour capter l’eau dont elles ont besoin pour vivre. De plus, ces organismes pionniers ont une capacité d’adaptation et de colonisation reconnues grâce à leurs très nombreuses petites spores, facilement dispersées par le vent.

L’année dernière, le laboratoire de biogéographie végétale d’Alain Vanderpoorten (ULiège) a publié une étude à large échelle utilisant un nouveau type de modèles hybrides pour prédire l’impact potentiel des changements climatiques sur les bryophytes d’Europe. Après avoir récolté les données relatives aux niches écologiques des espèces, plusieurs outils de modélisation ont été utilisés pour cartographier la répartition potentielle des espèces en Europe en fonction des conditions climatiques actuelles et futures, d’ici 2050. L’équipe de chercheurs liégeois a également simulé la « migration » des spores portées par le vent. Il ressort de cette étude que les mousses ne seront probablement pas capables de migrer assez vite pour rejoindre les habitats aux conditions climatiques favorables dans quelques dizaines d’années. Les espèces boréo-alpines, en particulier, sont les plus menacées d’après les modélisations, avec la plus grande surface d’habitats favorables perdue d’ici 2050, suivies par les espèces tempérées.

La plantation par points d’appui, au contraire de celle en plein, consiste à installer densément les plants (maximum 1 mètre entre les plants) au sein de cellules de 4 à 10 m2 (parfois plus), dispersées sur une parcelle. La distance entre les cellules correspond à la place des futurs individus d’avenir. Le but de la méthode est de réduire les investissements et d’améliorer la qualification des tiges entre elles. On peut aussi se servir de cette technique pour enrichir des peuplements (comme les frênaies décimées par la chalarose), mais aussi comme alternative à la plantation traditionnelle.

Antoine de Bonnault, propriétaire privé en France, partage son expérience sur le sujet. Il explique qu’il y a plusieurs avantages à cette technique comme la diversité du peuplement qui se met en place naturellement, la facilité des travaux futurs, l’automation biologique qui permet un élagage à moindre coût. Il est important de déterminer quatre paramètres pour ce type de plantation : le choix de l’essence, l’espacement entre points d’appui, l’écartement des plants dans les cellules et le nombre de plants dans les zones. Les premiers retours sur ce type de plantation sont encourageants tant au niveau économique que sylvicole. D’ailleurs, on compte 1.625 € pour 25 cellules à l’hectare (325 plants), alors qu’en mêmes conditions mais en plantation en plein, on compte 4.800 € à l’hectare.

Des chercheurs ont tenté de déterminer l’influence du mélange d’essences sur la biodiversité en forêt en analysant les données de 183 parcelles réparties dans différents types de forêts européennes (de la forêt méditerranéenne à la forêt boréale). Ils ont testé l’influence de la diversité des arbres, de leur composition fonctionnelle, de la structure de la forêt, du climat et du sol sur la diversité et l’abondance de neuf taxons (chauves-souris, oiseaux, araignées, micro-organismes, vers de terre, ongulés, champignons pathogènes foliaires, insectes défoliateurs et plantes de sous-bois) ainsi que sur la diversité et l’abondance globale.

Les résultats montrent que la diversité des arbres, tout comme la diversité fonctionnelle, la structure des forêts, le climat et le sol, sont des facteurs clés de la biodiversité à la fois au niveau des 9 taxons étudiés et au niveau de la biodiversité globale associée aux forêts. Les chercheurs concluent donc que les forêts mélangées (en essences et en traits fonctionnels) présentent une valeur élevée en termes de biodiversité.

Deux jeunes lynx boréals sont nés dans le massif des Vosges au printemps dernier. Cette espèce avait complètement disparu de la région avant la réintroduction en 2020 de deux individus en Allemagne. L’un deux, une femelle dénommée Lycka, a traversé la frontière française en mars pour rejoindre les Vosges du Nord. En juin 2021, l’Office français de la biodiversité (OFB) avait relevé des indices d’une mise bas, et cet été la portée a été localisée à l’entrée de leur refuge par les inspecteurs de l’environnement. Les deux petits, âgés d’environ 3 semaines, semblaient bien portants.

Il y a actuellement seulement une petite dizaine d’individus établis dans les Vosges, et Lycka est la seule femelle connue. Il y a donc une espérance quant au sexe des petits afin de pérenniser la présence du lynx boréal dans la région. Afin de lutter contre le braconnage et protéger cette opportunité, la zone habitée par la femelle et ses petits n’est pas révélée.

De nombreuses études ont déjà montré une réduction des dommages dus aux ravageurs et pathogènes dans les forêts mélangées par rapport aux monocultures. Mais cette meilleure résistance des forêts mélangées perdure-t-elle en cas de sécheresse ?

Une nouvelle étude menée dans le Sud-Ouest de la France s’est intéressée aux effets de la diversité des arbres sur l’herbivorie foliaire des insectes, l’oïdium du chêne et leur interaction sous plusieurs régimes hydriques. L’expérience a été menée à grande échelle en utilisant un traitement d’irrigation qui atténue les conditions de sécheresse. La principale essence étudiée est le chêne pédonculé, en mélange avec d’autres espèces de chênes (tauzin et vert) et du bouleau verruqueux.

L’augmentation du nombre d’espèces d’arbres dans le peuplement réduit l’abondance des mineuses, les dégâts causés par les insectes herbivores et l’infection par l’oïdium du chêne, ce qui correspond à un effet protecteur de la dilution des ressources. Cependant, les effets de la richesse d’essences sur les mineuses sont plus forts dans les blocs irrigués que dans les blocs non irrigués, ce qui indique que les conditions environnementales peuvent moduler les effets de la diversité. Indépendamment de l’effet du nombre d’espèces d’arbres différents, la présence du bouleau correspond à une augmentation des dégâts causés par les herbivores et l’oïdium, mais diminue ceux causés par les mineuses. Ce résultat contrasté suggère des effets supplémentaires de l’identité des arbres voisins potentiellement liés à la modulation du microclimat mais encore mal connus.

L’étude illustre donc l’importance de prendre en compte à la fois le nombre d’essences différentes et la composition en espèces pour concevoir des forêts plus résistantes aux dégâts causés par les ravageurs et les pathogènes.

Le 7 octobre 2021, le Gouvernement wallon a approuvé des aides complémentaires aux propriétaires forestiers publics et privés ainsi qu’aux entreprises de la filière forêt-bois ayant subi un préjudice lors de l’interdiction de circulation en forêt suite à l’épidémie de peste porcine africaine.

 

Les dossiers de demande d’indemnisation sont à introduire auprès de l’Office économique wallon du bois endéans les 45 jours de la parution de l’arrêté concerné.