Les bryophytes sont des organismes de choix pour étudier l’impact des changements climatiques actuels et à venir. En effet, les mousses sont très sensibles aux conditions climatiques, notamment du fait de leur dépendance à l’humidité de l’air pour capter l’eau dont elles ont besoin pour vivre. De plus, ces organismes pionniers ont une capacité d’adaptation et de colonisation reconnues grâce à leurs très nombreuses petites spores, facilement dispersées par le vent.
L’année dernière, le laboratoire de biogéographie végétale d’Alain Vanderpoorten (ULiège) a publié une étude à large échelle utilisant un nouveau type de modèles hybrides pour prédire l’impact potentiel des changements climatiques sur les bryophytes d’Europe. Après avoir récolté les données relatives aux niches écologiques des espèces, plusieurs outils de modélisation ont été utilisés pour cartographier la répartition potentielle des espèces en Europe en fonction des conditions climatiques actuelles et futures, d’ici 2050. L’équipe de chercheurs liégeois a également simulé la « migration » des spores portées par le vent. Il ressort de cette étude que les mousses ne seront probablement pas capables de migrer assez vite pour rejoindre les habitats aux conditions climatiques favorables dans quelques dizaines d’années. Les espèces boréo-alpines, en particulier, sont les plus menacées d’après les modélisations, avec la plus grande surface d’habitats favorables perdue d’ici 2050, suivies par les espèces tempérées.