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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Le rapport 2020 sur l’état des forêts en Europe, réalisé chaque année par la Conférence Ministérielle pour la Protection des Forêts en Europe (Forest Europe), vient de sortir. Fruit d’une collaboration étroite entre organisations internationales, experts et gouvernements des différents pays, ce rapport de presque 400 pages fournit des informations complètes sur l’état et les tendances des forêts et de la sylviculture sur notre continent. Il est basé sur la mise à jour des indicateurs paneuropéens pour une gestion durable des forêts. Ceux-ci mettent en lumière les aspects les plus importants d’une gestion durable des forêts en Europe et servent de guide au développement des différentes politiques forestières. La première partie du rapport renseigne sur les statuts et tendances de ces indicateurs, alors que la seconde partie présente un aperçu des forêts et de la foresterie dans les différents pays européens. Pour la Belgique, les chiffres suivants sont notamment énoncés :

  • 47 % de nos forêts sont certifiées par des systèmes de certification tiers.
  • La superficie forestière est stable depuis plusieurs années, tandis que le capital sur pied et la biomasse aérienne sont en augmentation.
  • Le matériel sur pied devrait atteindre 262 m³/ha en 2020.
  • Près d’un million de tonnes de carbone se trouvent dans les produits du bois récoltés sur notre territoire.
  • Un peu plus de 6 % de la superficie forestière belge a subi des dommages.
  • 7,7 % des forêts sont désignées pour la conservation de la biodiversité, alors qu’il n’y a pas de forêts non perturbées par l’humain en Belgique.
  • En 2009, le bois représentait 1 % de l’approvisionnement total en énergie primaire.

Les radicelles jouent un rôle crucial dans l’assimilation de l’eau et des nutriments et jouent un rôle dans la croissance des arbres et du développement des peuplements. De plus, elles participent largement au stockage du carbone dans l’horizon organique (O) du sol, même si cet aspect reste mal connu.

L’article résume une analyse de 109 observations de 38 études réalisées dans le monde entier dans le but de calculer différents paramètres des radicelles dans le sol (biomasse dans l’horizon O, biomasse dans l’horizon minéral…), d’analyser les variations entre les biomes des forêts tropicales, tempérées et boréales, et enfin, d’évaluer les relations de la biomasse des radicelles avec le peuplement (épaisseur de l’horizon O, âge et densité du peuplement) et les facteurs environnementaux (latitude, altitude, température annuelle moyenne, précipitations annuelles moyennes).

Les résultats ont entre autres montré que :

  • la biomasse des radicelles dans l’horizon O influence la biomasse dans l’horizon minéral du sol.
  • la biomasse dans l’horizon O est significativement plus importante dans les forêts tempérées ou boréales.
  • la biomasse des radicelles dans l’horizon O est davantage liée aux facteurs environnementaux et aux peuplements.
  • la biomasse des radicelles dans l’horizon O et la proportion de radicelles dans l’ensemble des horizons augmente avec l’âge du peuplement.

Les résultats montrent également le rôle crucial des radicelles dans le cycle du carbone des biomes forestiers. Elles devraient donc être prises en compte dans les calculs liés au carbone dans les écosystèmes forestiers.

La Wallonie compte 41 biotopes d’intérêts communautaires. La conservation de ces habitats est une priorité au niveau européen, notamment au travers du réseau Natura 2000. Une publication du DEMNA (Service Public de Wallonie) en sept volumes, richement illustrée, décrit en détails ces milieux naturels et leurs spécificités régionales : les “ Cahiers d’habitats d’intérêt communautaire ”.

Le premier volume décrit le contexte ainsi que les concepts qui sont développés dans les volumes suivants. Les six autres volumes sont divisés par grands groupes d’habitats : forestiers, aquatiques, agropastoraux, prairiaux, tourbeux et rocheux.

À l’École Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ-ETH), un mémoire de master (Imhof 2020) s’est intéressé aux effets des forêts pionnières de bouleaux sur le développement d’épicéas poussant dans le sous-étage. Concrètement, des peuplements non-traités s’étant développés sur d’anciennes prairies ont été évalués selon cinq modalités : la première était un peuplement où la proportion d’épicéas était de 90 % pour 10 % de bouleaux (sans développement de forêt pionnière) et a été prise comme référence. Les quatre autres modalités présentent des pourcentages décroissant en proportion d’épicéas.

Les résultats n’ont pas démontré une influence significative des forêts pionnières de bouleaux sur le nombre de bris de cime. Il a aussi été démontré que des facteurs comme le nombre de tiges en général et la pente influencent davantage le coefficient d’élancement des épicéas que la proportion de bouleaux. De plus, les forêts pionnières de bouleaux semblent avoir un effet positif sur la longueur de la couronne. Il a été montré qu’une proportion élevée de bouleaux favorise la conservation des lisières vertes. Enfin, les résultats montrent que plus la proportion de bouleaux dans le peuplement est élevée, plus les interventions sylvicoles peuvent être retardées. En effet, lorsque la proportion de bouleaux dans le perchis est égale à 40 %, la densité d’épicéas est déjà trop importante. Et lorsque cette proportion monte à 80 % et plus, il est probable qu’aucune intervention sylvicole ne soit nécessaire pour conserver la structuration souhaitée. De là, il a été estimé que les interventions peuvent attendre aussi longtemps que les bouleaux restent dominants dans le peuplement.

En conclusion, les forêts pionnières de bouleaux sont une excellente opportunité d’exploiter le phénomène d’automation biologique dont il serait dommage de se priver.

En l’an 2000, anticipant une demande intérieure en expansion, les autorités chinoises ont établi une feuille de route visant, d’une part, à encourager les importations de bois et, d’autre part, à intensifier les efforts de reboisement. Les grandes monocultures d’eucalyptus, de sapin, de peuplier, de pin rouge et de mélèze de Sibérie devaient couvrir les besoins industriels en 2015 (papier et construction). Les secteurs de la menuiserie et de l’ameublement devaient bénéficier d’un réseau d’achat planétaire.

Mais aujourd’hui, si la demande intérieure a effectivement explosé et que les importations ont bien décuplé, les boisements, eux, se sont révélés être fort peu productifs. Passant de 22 millions d’hectares en 1978 à 78 millions d’hectares actuellement, leur rendement moyen par hectare ne serait que de 4,2 m³. De plus, un peu partout dans le monde, des obstacles s’élèvent aux importations chinoises.

Conscients de la situation, les autorités chinoises ont donc sommé l’Administration nationale des forêts et des prairies (ANFP) de constituer, sur l’ensemble du territoire, des forêts de « réserve stratégique ». Le but est de doubler la productivité des plantations (en assimilant notamment l’expertise européenne) et de planter davantage de feuillus et de bois tropicaux. L’objectif, d’ici 2035, est de réserver 20 millions d’hectares supplémentaires capables de produire 200 millions de m³ par an dont 63 millions de m³ de gros bois ou précieux.

La chalarose cause des dommages importants dans les peuplements de frêne en Europe depuis la fin des années ‘90. L’effet des caractéristiques du paysage sur l’installation et le développement de la maladie a été étudié durant 6 ans sur une zone de 22 km² dans le nord-est de la France. Les éléments du paysage se sont montrés peu déterminants aux stades de colonisation par la maladie mais bien plus sur le développement de la maladie par la suite. La fragmentation locale du couvert des arbres s’est révélée être le facteur le plus important, les arbres isolés ou en alignements étant moins affectés que les arbres en milieu forestier. L’explication serait liée à une température supérieure au niveau de la couronne qui serait défavorable au développement du champignon pour ces arbres isolés, en particulier quand elle dépasse 35 °C. La rareté de l’hôte réduirait également fortement le développement de la maladie. L’abondance de frênes dans le voisinage affectait cependant la sévérité de la maladie dans un rayon de quelques centaines de mètres. En forêt, la maladie est beaucoup moins sévère quand l’essence est peu abondante dans le peuplement ou dans des conditions de canopée très ouverte, similaires à celles des arbres isolés ou en alignements. L’avenir du frêne pourrait donc être moins pessimiste qu’on ne l’avait prédit, d’une part parce que l’espèce arrive à se maintenir dans les peuplements mélangés ou à l’état isolé dans le paysage, mais aussi parce qu’on s’attend à une augmentation de la fréquence des température estivales dépassant les 35 °C, ce qui correspondrait d’ailleurs à la limite sud de l’expansion de la maladie en France.

Cela faisait plus de 40 ans qu’aucune nichée d’hirondelles de rivage (Riparia riparia) n’avait plus été observée à Bruxelles. Le retour au printemps 2021 de deux couples nicheurs dans le port de la capitale est donc exceptionnel et a été favorisé par l’installation récente d’un double caisson-nichoir qui reproduit artificiellement les cavités creusées par l’espèce dans les berges sablonneuses des rivières ou plans d’eau. Le Port de Bruxelles est propriétaire et gestionnaire de la berge du canal sur laquelle le double caisson-nichoir a été installé. Ce nichoir spécifique a été réalisé au sein de l’entreprise de travail adapté “Ferme Nos Pilifs” par des menuisiers en situation de handicap.

Depuis plus de 30 ans, les villes colonisent les zones rurales petit à petit et les campagnes sont en cours d’artificialisation à raison de 4,3 hectares par jour depuis 34 ans en Wallonie ! Les villes et villages changent, parfois en bien lorsque la biodiversité est intégrée dans les projets d’urbanisme, parfois en mal le cas échéant. Ainsi, le retour d’espèces disparues est à nuancer par la perte ou le déclin d’autres.

Une tendance marquée est celle du développement intense de populations d’espèces opportunistes pouvant s’adapter à de nombreux milieux sans problèmes notables. Et l’inverse s’observe pour celles exigeantes qui ne peuvent pas rivaliser et qui donc régressent.

C’est sur base de ces constats que l’asbl Natagora lance un nouvel axe de réflexion visant à freiner la banalisation de la diversité et de profiter des refuges naturels encore présents pour fonder les réservoirs de vie sauvage de demain.

L’eau est essentielle pour toutes les créatures vivantes. L’être humain l’utilise d’ailleurs très largement pour cultiver sa nourriture, faire fonctionner les industries ou même tirer sa chasse ! La majorité de l’eau utilisée est extraite des nappes souterraines et, à l’avenir, ces captages ne devraient faire qu’augmenter, notamment en raison des sécheresses. Une étude récente a montré que l’extraction d’eau souterraine pouvait causer de sérieux problèmes pour les forêts qui poussent juste au-dessus.

En effet, les forêts situées au-dessus des captages sont généralement développées sur sols humides. Elles ont une biodiversité spécifique et fournissent des services écosystémiques uniques comme la filtration de l’eau, la régulation des pics de crue et bien d’autres encore. Par conséquent, elles jouent un rôle essentiel.

Les captages situés sous les forêts impactent pourtant la croissance des chênes pédonculés. Dans ce contexte, une étude récente a étudié trois peuplements différents : le premier a accès à l’eau souterraine, le deuxième est situé sur un captage servant à l’industrie et l’irrigation depuis des décennies et enfin, le troisième n’a jamais eu accès à l’eau souterraine.

Une équipe de recherche a analysé les cernes de croissance et l’anatomie du bois pour reconstruire les performances de croissance des chênes durant les périodes de sécheresse et les périodes propices à la croissance. Les cernes montrent à quelle vitesse les arbres grandissent en une année alors que l’anatomie du bois montre comment ils le font. En effet, le type de cellule et leurs caractéristiques dépendent fortement des conditions climatiques dans lesquelles les arbres ont poussé.

La croissance des arbres et l’anatomie du bois dépendent fortement de l’humidité du sol pour tous les sites étudiés, particulièrement durant l’été. Le captage des eaux souterraines combiné aux sécheresses extrêmes, mènent à des arbres moins vigoureux mais également à une diminution de la productivité et des fonctions hydrauliques par rapport aux zones sans extraction d’eau. Les différences sont plus marquées durant les années climatiques normales que durant les sécheresses. Plus important, les arbres avec un accès à l’eau souterraine montrent un rétablissement complet et rapide. Les arbres sans accès à l’eau ne sont pas capables de se remettre de la sécheresse et sont à haut risque de mortalité.

Les résultats de l’étude démontrent que l’accès à l’eau souterraine maintient les fonctions et la résilience à la sécheresse des arbres. Il représente un enjeu majeur pour la santé des forêts dans le contexte de changements climatiques.

La Wallonie, sur proposition de la Ministre wallonne de la Nature, Céline Tellier et de la Ministre wallonne du Tourisme, Valérie De Bue, lance un appel à projet afin de sélectionner deux nouveaux parcs nationaux. L’objectif est de valoriser « le patrimoine naturel d’exception à des fins de conservation de la nature et de la valorisation touristique ». Les lauréats seront choisis en 2022, après une sélection, par le gouvernement, des différents projets sur base de leur plan directeur et opérationnel.

Les deux nouveaux parcs nationaux de Wallonie devront couvrir une superficie minimale de 5.000 hectares, dont les trois quarts doivent être reconnus d’intérêt biologique et paysager, et près de la moitié bénéficier d’un statut de protection. Sur le plan touristique, la valeur de l’expérience unique, originale et reconnaissable à l’échelle du territoire wallon sera aussi prise en compte pour déterminer les projets sélectionnés.

Cet appel à projet s’inscrit dans le cadre du Plan européen pour la reprise et la résilience, d’un montant total de 28 millions d’euros.