À l’heure actuelle, l’Albanie est le seul pays d’Europe à voir sa surface forestière diminuer. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, 80 % de son territoire était boisé, passant à seulement 20 % en 2019. Ces 30 dernières années, ce sont 800 000 hectares de forêts qui ont été rasés de la carte. En cause : l’exploitation forestière illégale et la corruption qui gangrène le pays.
Pourtant, l’Albanie recelait une biodiversité originale, grâce aux variétés de milieux et de climats présents sur son territoire : montagnes bien arrosées au climat continental, en passant à un climat aux influences méditerranéennes de plus en plus marquées au fur et à mesure qu’on se rapproche de la mer. Ces conditions diversifiées s’accompagnaient d’essences forestières variées.
Jusqu’à l’effondrement de l’état communiste en 1990, les forêts étaient relativement épargnées par la surexploitation. Ensuite, le pays a balancé dans l’anarchie, la corruption et la criminalité ont augmenté, le système financier albanais s’est effondré et les faillites se sont succédées, plongeant le pays et ses habitants dans la pauvreté. Les populations locales ont émigré, le trafic du bois a augmenté et la déforestation a suivi.
Résultat : la filière forêt-bois, qui représentait 2,5 % du PIB en 1990, ne compte plus aujourd’hui que pour 0,1 % de ce PIB. La transformation du bois est actuellement assurée par les artisans et quelques industries de petite ampleur, majoritairement situées près de la capitale.
En 2016, cette situation a mené le gouvernement albanais à interdire, pendant 10 ans, l’exploitation forestière à des fins industrielles et l’exportation du bois. Seules les coupes de bois de chauffage à usage domestique sont encore tolérées, mais soumises à autorisation. Conséquence : les artisans se retrouvent confrontés à une pénurie de bois d’œuvre et forcés à importer leur matériau de base à des prix trop élevés pour leurs capacités financières.