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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Scientifique pionnière dans le domaine de la communication entre les arbres, Suzanne Simard est l’auteure du terme « The Wood-Wide Web » (le réseau caché de la forêt), titre de son article de fin de thèse dans la revue Nature en 1997.

Tout part d’un constat. Pourquoi les jeunes arbres plantés suite à une grande mise à blanc, qui bénéficient de place et de lumière, sont-ils plus vulnérables aux maladies et aux stress climatiques que les arbres des forêts anciennes ? Suzanne Simard cherche la réponse dans le sol.

Les arbres et les champignons s’associent, ils forment des mycorhizes. Le champignon enveloppe les racines fines de l’arbre et l’aide à extraire de l’eau et des nutriments. En échange, l’arbre partage du sucre produit par photosynthèse avec le champignon.

Les recherches en laboratoire avaient démontré que les mycorhizes connectent également les plantes entre elles. Suzanne Simard a étudié ces associations sur le terrain. Lors de sa thèse, elle a démontré que le douglas et le bouleau s’entraident grâce au réseau mycorhizien.  En été, lorsque les jeunes douglas sont généralement ombragés, les bouleaux leur transmettent du sucre. En l’automne, alors que le douglas, à feuilles persistantes, pousse encore et que le bouleau perd ses feuilles, le flux net est inversé.

Sucre, eau, éléments minéraux, hormones et signaux d’alarme voyagent à travers ce circuit souterrain. L’article nous emmène à la découverte de la vie sociale de la forêt, en compagnie de Suzanne Simard.

Le dosage de la lumière en forêt est un des facteurs clés garantissant une croissance optimale des arbres. Dans quelles mesures ? Des chercheurs suisses ont étudié deux essences que l’on retrouve dans nos contrées : le hêtre et l’érable sycomore. Ils préviennent eux-mêmes que de plus amples recherches seront nécessaires pour peaufiner les résultats et être plus juste par rapport à la réalité de terrain mais on peut d’ores et déjà en retirer plusieurs éclaircissements.

En situation lumineuse, le hêtre (tolérant à l’ombrage) et l’érable (préférant des situations légèrement plus lumineuses) n’ont pas de différences de croissance en hauteur significatives. Cependant, l’apport lumineux influence beaucoup plus la croissance de l’érable. L’érable, qui a une croissance juvénile en hauteur forte, peut perdre cet avantage s’il est trop longtemps dominé. Lorsque la densité de tiges est élevée, le hêtre qui est plagiotrope fait beaucoup de branches horizontales (loup) tandis que l’érable pousse fort en hauteur avec peu de branches, ce qui représente un risque pour la stabilité.

La société Gallic Solutions, basée dans la Loire, a présenté l’automne dernier un broyeur d’un nouveau genre dédié au débroussaillage et au dégagement des plantations par détourage. Son nom : le Barto. Cet outil en forme de cloche est accroché au bout du bras d’une mini-pelle. Il comporte un moteur hydraulique de 20 kW qui entraîne un rotor inférieur de 70 cm de diamètre équipé de trois couteaux à angle droit de 10 mm d’épaisseur (peut aussi être monté avec des chaînes). Coût de départ : environ 6000 €.

La forme circulaire du Barto permet un travail sur la végétation adventice sans toucher les plants. Il permet aussi un nettoyage très localisé qui évite d’exposer les jeunes plants à l’appétit de la faune sauvage.

Un essai public réalisé dans une plantation de 2 ans, dans un contexte post-tempête, a montré comment dégager les plants peu à peu envahis par des genêts. Le rendement de cet essai était de 12h de travail par hectare. En condition de végétation moins dense, ce temps pourrait être réduit d’un tiers. Un nouvel essai d’une semaine est envisagé avec l’ONF pour éventuellement le qualifier pour les agences travaux. Une vidéo de la démonstration est disponible sur le site web du constructeur.

La loutre était jadis une espèce bien présente sur tout le territoire belge. Son déclin s’est accéléré après la seconde guerre mondiale, pour différentes causes : destruction de son habitat, pollution et destruction directe de l’espèce, considérée comme nuisible. Aujourd’hui, certaines de ces menaces existent toujours et le trafic routier en est devenu une nouvelle. Depuis 1983, la loutre est une espèce protégée mais son déclin continue et les observations en Wallonie sont très rares aujourd’hui. En Flandre, l’espèce semblait avoir disparu, mais depuis quelques années elle est à nouveau observée. Ailleurs en Europe, la situation est encourageante : après un déclin important et généralisé, les populations sont en croissance. Il ne serait donc pas étonnant de voir arriver en Belgique des loutres de France ou d’Allemagne.

La loutre est considérée comme une espèce parapluie car, en la protégeant, on protège l’ensemble de l’écosystème rivière. Pour l’aider, différentes actions peuvent être mises en œuvre :
• Recréer des berges sauvages pour permettre à la loutre d’y trouver refuge.
• Sécuriser les ponts car les loutres semblent ne pas apprécier de passer dessous  en l’absence de berges. Elles passent alors par-dessus et se font parfois écraser par les voitures.
• Connecter les bassins hydrographiques, pour permettre à la loutre de passer d’un bassin versant à l’autre.

Le muscardin, petit mammifère nocturne, est considéré comme une espèce menacée, à cause de la disparition de son habitat naturel et de la fragmentation des forêts. La gestion forestière intensive a un impact négatif sur l’ensemble de la population de muscardins établie en Europe.

Néanmoins, la Lituanie fait office d’exception avec une population stable, contrairement à de nombreux autres pays de l’Europe de l’Ouest. En effet, les coupes et éclaircies à petites échelles y sont communes dans les exploitations forestières. Quel rapport de causalité cela entretient-il avec la prolifération du muscardin ? Une étude d’envergure a monitoré, entre 2000 et 2019, le nombre de ces rongeurs dans une parcelle mise à blanc, replantée puis régulièrement éclaircie (tous les 3 à 4 ans).

Il en ressort que l’épanouissement optimal du muscardin a lieu dans des jeunes forêts, où la canopée n’est pas encore fermée, et où l’apparition de plants fruitiers (framboise, bourdaine, myrtille…) fournit une source de nourriture abondante. Une fois la forêt arrivée à maturité, les espaces plus ombragés entraînent la raréfaction des fruits, et donc une baisse du nombre de muscardins. Il est néanmoins nécessaires de maintenir des forêts anciennes où l’espèce peut se réfugier lors de mise à blanc, pour ensuite reconquérir les clairières et jeunes forêts.

La pratique des éclaircies à petite échelle et l’instauration d’une forêt mixte pourrait donc être bénéfique pour bon nombre d’autres petits mammifères dans les pays où ceux-ci tendent à disparaître.

C’est un projet ambitieux qui démarre en Wallonie! Afin de soutenir l’écologie, la campagne  Yes We Plant subventionne la plantation de haies vives, taillis linéaires, vergers et alignements d’arbres ainsi que l’entretien des arbres têtards. En effet, toutes ces structures végétales offrent de nombreux atouts pour protéger notre environnement (sol, eau, vent, biodiversité, paysage). L’objectif poursuivi est la plantation de 4000 km de haies ou un million d’arbres en Wallonie.

Les bénéficiaires des subsides sont les propriétaires de terrains situés en Wallonie. Le montant de la subvention dépend du type de plantation ou d’entretien. Cela varie de 1,5 € par mètre de taillis mono-rang jusqu’à 25 € par arbre dans un verger. La demande doit être introduite au minimum un mois avant le début des travaux.

Plus d’informations sur le site web de la campagne.

L’unité mixte de recherche « Interactions sol-plante-atmosphère » de l’Inrae Bordeaux a remarqué un vide au niveau des connaissances dans le milieu des risques de chablis dû aux tempêtes. La grande majorité des études s’oriente sur la relation entre vent et canopées tandis que celle entre sol et racines, plus complexe à étudier, est laissée de côté. Leurs premières expérimentations sur le terrain sur de jeunes pins maritimes ont permis de mettre en évidence une chute drastique de la résistance au déracinement lorsque les sols sont saturés en eau. Ils s’apprêtent désormais à réitérer l’expérience sur des sujets plus âgés et s’intéressent également aux mécanismes de survie des arbres face aux vents (modifications de la forme du tronc par exemple).

Le Phytophtora cinnamomi est le pathogène responsable de la maladie très répandue de l’encre du châtaignier qui provoque des dépérissements importants au sein des peuplements. Une étude s’est penchée sur le sujet afin de déterminer si les arbres parents transmettent des facteurs de résistance ou de tolérance à l’encre du châtaignier et à la sécheresse. Des plants ont été cultivés à partir de groupes de parents sains et d’autres atteints par la maladie. Le flétrissement foliaire après une exposition à la sécheresse et la mortalité des semis après inoculation de l’encre ont été évalués.

Les plants issus des arbres mère infectés montrent une croissance moins importante en hauteur et une biomasse racinaire plus faible que les plants dont les parents sont sains.

Le flétrissement des feuilles lié à la sécheresse est similaire chez les deux populations, quelle que soit l’origine des plants. Cependant, une plus grande tolérance à la maladie a été observée chez les plus petits semis, ce qui suggère que la tolérance à l’encre implique un coût qui, dans ce cas, se manifeste sur la croissance.

Ces résultats montrent qu’un pathogène peut influencer les performances et provoquer une réponse de la part d’une essence au sein de la génération suivante, ce qui crée une nouvelle pression de sélection parmi la descendance.

l a déjà été montré que les loups peuvent avoir un impact considérable sur les écosystèmes via l’effet des cascades trophiques (par exemple :  les loups qui chassent les élans qui abroutissent les végétaux avec moins de vigueur parce qu’ils sont plus méfiants, le faciès du territoire change). Cependant, cet effet ouvre le débat dans la communauté scientifique.

Des chercheurs américains ont suivi l’effet de la prédation des loups sur des castors (considérés comme « ingénieurs d’écosystèmes ») et de facto la présence de mares créées par les constructions de ces derniers. Ils ne pensent pas que le nombre de castors ou le nombre de constructions a varié mais plutôt leur répartition géographique. Il ne s’agit pas ici de peur de la prédation mais simplement d’abandon de la zone. Ils ont remarqué que lorsqu’un loup tue un castor, son barrage n’est pas recolonisé et donc est détruit par les éléments petit à petit. Ils provoquent une migration des castors et de leurs constructions et donc un changement significatif des paysages à une échelle locale.