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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

De 2018 à 2020, la Wallonie a dû faire face à la peste porcine africaine (PPA) qui décima les populations de sangliers en Gaume. Dès le premier cas découvert en septembre 2018, les mesures mises en œuvre pour stopper la propagation et éliminer le virus ont consisté à créer des zones de restriction, à organiser une recherche et un enlèvement efficace des carcasses.

La zone de gestion de la peste porcine africaine comprenait la zone infectée et la zone blanche et couvrait un territoire de 1106 km². Au total, 277 km de clôtures grillagées ont été installées.

7077 sangliers ont été retirés de la zone. 5338 carcasses ont été testées dont 833 ont été détectées positives à la PPA. La principale cause de mortalité dans la zone infectée était le virus lui-même, tandis que la chasse, le piégeage et les tirs de nuit ont été utilisés conjointement pour réduire la densité de sangliers dans les zones blanches environnantes.

Le virus a continué sa dispersion jusqu’en mars 2019 et le dernier nouveau cas positif a été découvert en août 2019, mettant un terme à la vague épidémique. Enfin, en novembre 2020, la Belgique fut déclarée indemne de la maladie.

Le SPW ARNE fut aux premières lignes avec ses départements DEMNA et DNF. De plus, la mise en œuvre des mesures d’éradication de la PPA a nécessité la collaboration de plusieurs centaines d’agents de différentes administrations, de services universitaires, de propriétaires terriens, de chasseurs et d’autres acteurs locaux.

Depuis début 2022, la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB) travaille à une méthode d’analyse des stratégies en faveur de la biodiversité. Le but est d’évaluer et de classer les différentes mesures en fonction de leur capacité à remplir les objectifs fixés par ces documents nationaux. En France, la Stratégie Nationale Biodiversité 2030 (SNB3) sortira dans quelques semaines, mais un premier volet pré-COP15 a déjà été publié. Les mesures édictées dans ce document ont été analysées individuellement par la FRB et classées entre elles, afin d’identifier les forces et faiblesses de chacune.

Suite à son étude, la FRB estime que le niveau d’ambition devrait être plus élevé. Le contenu des mesures comme les directions à prendre doivent être mieux documentés et définis plus concrètement pour engranger un réel changement transformateur du système. Parmi ses huit constats clés, la FRB pointe que « le texte des mesures, tel que rédigé, ne permet pas de percevoir la dimension systémique des enjeux, des causes, solutions possibles et des interactions entre humains – non-humains, entre activités humaines, entre climat et biodiversité, etc. ». Elle insiste également sur la nécessité d’éviter les impacts dans une réflexion précoce et de s’appuyer sur les connaissances scientifiques et locales pour définir la stratégie. Enfin, la SNB3 « gagnerait à prendre en compte la dépendance systémique des humains vis-à-vis de la nature. »

Les arbres utilisent des stratégies différentes pour lutter contre les épisodes secs et l’herbivorie par les insectes. Sachant que la perte de surface foliaire peut être un facteur déterminant dans l’assimilation totale du carbone par les feuilles, la multiplication et l’augmentation de sévérité des sécheresses et des invasions biologiques questionnent donc quant aux stratégies que les arbres utilisent et surtout lesquelles sont les plus avantageuses.

Des chercheurs espagnols ont donc analysé l’impact des différences de structures et durées de vie des feuilles sur les pertes prématurées de surface foliaire causées par les sécheresses et l’herbivorie des insectes.

Sept essences méditerranéennes, réparties sur quatre sites aux climats différents, ont été étudiées. Les espèces présentaient de fortes différences dans la durée de vie des feuilles et dans les caractéristiques foliaires, en particulier la masse foliaire par unité de surface.

Il en ressort que la perte de surface foliaire diminue avec le renforcement des structures des feuilles, lui-même corrélé avec la durée de vie des feuilles (des décidues aux persistantes). La perte accélérée du feuillage peut venir amplifier les difficultés liées au contrôle de l’évapotranspiration, ce qui conduit dans certains cas à des déficits en carbone (par exemple chez le pin sylvestre). La perte prématurée des feuilles chez les arbres à feuilles caduques impacte sévèrement les performances et donc la compétitivité de ces espèces.

Bien que cette étude ait été réalisée dans la péninsule ibérique où les impacts des réchauffements climatiques sont plus accentués, les stratégies des arbres face aux sécheresses ne se limitent pas aux frontières et peuvent être transposées en partie à nos latitudes. Les auteurs insistent bien sur l’importance d’étudier les mécanismes de survie des arbres face aux sécheresses puisqu’ils seront primordiaux dans les prochaines décennies.

« L’année 2022 est la pire depuis 2007 pour la reprise des plantations forestières, selon un bilan du département de la Santé des forêts (DSF) ». Plus de 90 % de la mortalité est d’origine environnementale (gel, sécheresse, chaleur, etc.).

Comme chaque année, le DSF effectue un suivi sur un échantillon de plantations forestières. Sur 1033 plantations étudiées (mises en terre pendant l’hiver 2021-2022), près de 38 % sont en échec. Sur 103.300 plants suivis, 24 600 sont « malades » (24 %), près de 19.600 sont morts (19 %) et 2.900 sont absents (3%).

Les essences les plus touchées sont le sapin de Bornmüller, le mélèze hybride, le douglas et les chênes sessile et pédonculé.

Le 20 mars dernier, la Commission européenne publiait les lignes directrices relatives au boisement, au reboisement et à la plantation d’arbres en faveur de la biodiversité. Ce document vise à fournir des recommandations pratiques tant pour les autorités, que pour les gestionnaires, propriétaires ou la société civile.

À côté du recours nécessaire à la plantation à certains endroits, l’un des objectifs de ces lignes directrices est de promouvoir les solutions fondées sur la nature et d’encourager la régénération naturelle partout où elle est possible.

Le premier chapitre du document détaille les mesures pour les écosystèmes forestiers dans lesquels, si le recours à la plantation s’avère nécessaire, une analyse fine doit être réalisée afin de choisir la bonne essence pour :

  • Adapter aux conditions écologiques et climatiques locales ainsi qu’à l’habitat
  • Privilégier les essences indigènes
  • Éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes
  • Prendre en compte les changements climatiques
  • Viser le mélanger d’essences

 

Le 21 mars dernier, journée internationale des forêts, un collectif de 850 chercheurs, étudiants, ingénieurs et techniciens issus du monde entier lançaient un nouveau cri d’alerte : « notre planète ne serait pas habitable sans les forêts ». En plus d’une piqûre de rappel sur l’état des forêts tropicales, cette tribune est aussi un appel à l’action.

Pour ce collectif, la dégradation des écosystèmes forestiers est le résultat de choix politiques qui, malgré les conséquences dramatiques sur les populations locales et la biodiversité, continuent de consentir à l’agriculture intensive, aux plantations industrielles et aux exploitations minières. Il est urgent, signalent ces chercheurs, de renverser la tendance et d’envisager la gestion durable des forêts tropicales comme une opportunité de développement et non comme une contrainte. À eux de conclure : « le temps n’est plus aux annonces, mais à l’action : il en va de notre survie ».

En 2022, une sécheresse particulièrement longue, de mi-mai à fin août, a mis à mal les arbres dans la région de Neuchâtel en Suisse. Seuls 6 épisodes de faibles pluies ont humidifié le sol le temps de quelques heures. En septembre, ces arbres ont perdu leurs feuilles roussies du mois d’août, alors que des pluies plus régulières arrosaient abondamment les sols. Lors de l’automne qui a suivi, le Jardin Botanique de Neuchâtel a alors observé une deuxième feuillaison chez différentes espèces d’arbres, dont notamment le tilleul à petites feuilles. Comment appréhender cette réaction, réflexe de la dernière chance ou adaptation de la période de végétation pour le futur ?

Plusieurs essences ont profité de ce climat pluvieux pour effectuer une seconde feuillaison pouvant atteindre 75 % du volume de feuillage printanier. Celle-ci s’est étendue de fin septembre à mi-décembre, pour se terminer le lendemain d’une nuit de gel à -6 °C qui a précipité en un jour la chute de toutes les feuilles de ces individus. Peut-on envisager un nouveau modèle phénologique pour le futur ?

Parmi les adaptations des plantes à la sécheresse estivale, celle de l’arbousier (Arbutus unedo) qui fleurit en automne ainsi que la double feuillaison de la sauge de Jérusalem (Phlomis fruticosa) sont bien connues. Un scénario selon lequel la période de végétation se diviserait en deux parties (printemps et automne), avec une période de repos estival afin que la plante limite son stress hydrique, serait alors possible.

Quoi qu’il en soit, cette observation nécessitera un suivi sur plusieurs années afin de comprendre s’il s’agit d’une ultime tentative de survie qui aura affaibli les arbres ou d’une adaptation vers une meilleure résistance des arbres aux sécheresses futures.

Le réensauvagement est devenu réalité, avec de plus en plus de cas observés à travers le monde : retour d’espèces disparues de nos régions, réserve naturelle en libre évolution, programmes de protection des espèces… Mais cette transition des pratiques ne se fait pas sans heurts, surtout entre les différents acteurs des territoires concernés. Entre les nouveaux usagers de la nature et les exploitants historiques (éleveurs, pêcheurs, ruraux…) les tensions sont parfois vives sur le rapport à la nature, qui se redéfinit des deux côtés.

Là où le retour du loup est une excellente nouvelle pour la biodiversité, il engendre néanmoins des contraintes importantes pour les éleveurs, qui doivent mettre en place de nouvelles mesures de protection des troupeaux. Même cas de figure avec la protection des mammifères marins aux États-Unis (phoques et lions de mer), où les populations de ceux-ci sont non seulement bien rétablies, mais déstabilisent maintenant les socio-écosystèmes, en prenant possession des plages, mangeant le poisson ciblé par les pêcheurs…

Les populations d’animaux sauvages augmentent autant que les conflits entre les acteurs des milieux naturels. Il est nécessaire d’entreprendre un processus de coévolution, pour accompagner le réensauvagement dans son installation dans le temps. Une gestion organisée, avec les pouvoirs locaux et grandes institutions, est la prochaine étape pour assurer le développement des initiatives de réensauvagement.

En utilisant un laser 3D pour scanner la célèbre forêt de Wytham, deux chercheurs ont été surpris de constater que leur estimation de la biomasse aérienne au départ de ces données était 80 % supérieure à la valeur obtenue par les modèles de régression classiquement utilisés. Ils ont voulu comprendre d’où provenait cette différence et se sont intéressés à la source de ces modèles de régression qui s’appuient sur une relation établie entre la biomasse aérienne et le diamètre du tronc à hauteur de poitrine.

Dans les années ‘60, un jeune chercheur a effectué un grand nombre de mesures d’arbres de différentes espèces, établissant un lien entre le diamètre mesuré à hauteur de poitrine et la biomasse aérienne de l’arbre. Celui-ci précisait que les régressions qu’il avait trouvées dépendaient du site, de l’altitude et de la taille des arbres mais son travail fut utilisé bien plus largement.

Les deux chercheurs se sont donc mis à la recherche du jeune chercheur, aujourd’hui retraité. Celui-ci s’est montré à la fois amusé et déconcerté. Ensemble, ils sont retournés sur les lieux d’origine de son étude et ont constaté que les arbres en question étaient très différents de ceux de la forêt de Wytham, notamment en raison des conditions de station mais aussi de modes de gestion très différents.

Pourquoi les modèles de ce jeune chercheur ont-ils été si largement utilisés et peut-être de manière inappropriée ? La première raison est probablement que les mesures nécessaires pour établir ce genre de régression sont longues, coûteuses et destructrices. Si on peut les éviter, on le fait. En général, on essaie de réduire le nombre d’arbres mesurés et on en prend plutôt des petits. Ensuite, dans le monde vivant, on considère en général que ce qui s’observe sur de petits individus sont extrapolables sur des individus identiques mais de grande taille. En réalité, pour les arbres, cela se passe autrement. Les arbres ne peuvent se déplacer et poussent lentement, ce qui a conduit à des adaptations de formes et aussi de modes de reproduction, par exemple par drageonnement ou recépage. La relation entre la taille et la masse d’un individu est donc plus complexe que chez les autres organismes, en particulier pour les grands et vieux arbres.

Avec le laser 3D, on mesure à la fois les grands et les petits arbres, ce qui permet de constater que les formes des grands arbres sont beaucoup plus variées que celles des petits de la même espèce. Il conviendrait donc de développer des modèles différents pour les différentes classes de taille des arbres.