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Comment (presque) doubler le carbone forestier en une nuit ? De l’importance de vérifier ses sources !

En utilisant un laser 3D pour scanner la célèbre forêt de Wytham, deux chercheurs ont été surpris de constater que leur estimation de la biomasse aérienne au départ de ces données était 80 % supérieure à la valeur obtenue par les modèles de régression classiquement utilisés. Ils ont voulu comprendre d’où provenait cette différence et se sont intéressés à la source de ces modèles de régression qui s’appuient sur une relation établie entre la biomasse aérienne et le diamètre du tronc à hauteur de poitrine.

Dans les années ‘60, un jeune chercheur a effectué un grand nombre de mesures d’arbres de différentes espèces, établissant un lien entre le diamètre mesuré à hauteur de poitrine et la biomasse aérienne de l’arbre. Celui-ci précisait que les régressions qu’il avait trouvées dépendaient du site, de l’altitude et de la taille des arbres mais son travail fut utilisé bien plus largement.

Les deux chercheurs se sont donc mis à la recherche du jeune chercheur, aujourd’hui retraité. Celui-ci s’est montré à la fois amusé et déconcerté. Ensemble, ils sont retournés sur les lieux d’origine de son étude et ont constaté que les arbres en question étaient très différents de ceux de la forêt de Wytham, notamment en raison des conditions de station mais aussi de modes de gestion très différents.

Pourquoi les modèles de ce jeune chercheur ont-ils été si largement utilisés et peut-être de manière inappropriée ? La première raison est probablement que les mesures nécessaires pour établir ce genre de régression sont longues, coûteuses et destructrices. Si on peut les éviter, on le fait. En général, on essaie de réduire le nombre d’arbres mesurés et on en prend plutôt des petits. Ensuite, dans le monde vivant, on considère en général que ce qui s’observe sur de petits individus sont extrapolables sur des individus identiques mais de grande taille. En réalité, pour les arbres, cela se passe autrement. Les arbres ne peuvent se déplacer et poussent lentement, ce qui a conduit à des adaptations de formes et aussi de modes de reproduction, par exemple par drageonnement ou recépage. La relation entre la taille et la masse d’un individu est donc plus complexe que chez les autres organismes, en particulier pour les grands et vieux arbres.

Avec le laser 3D, on mesure à la fois les grands et les petits arbres, ce qui permet de constater que les formes des grands arbres sont beaucoup plus variées que celles des petits de la même espèce. Il conviendrait donc de développer des modèles différents pour les différentes classes de taille des arbres.

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