Aujourd’hui, nombreuses sont les entreprises qui déclarent compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en plantant des arbres. Le 3 octobre dernier, des scientifiques d’universités britanniques et sud-africaines ont tiré la sonnette d’alarme en publiant une étude dans la revue Trends in Ecology and Evolution. Ils concluent : la plantation massive d’arbres peut être dommageable, en particulier dans les régions tropicales où des écosystèmes éminemment complexes sont remplacés par des monocultures d’arbres, moins résistantes aux maladies et destructrices de biodiversité locale.
Le 21 septembre, les États membres de l’UE se sont d’ailleurs accordés sur une législation interdisant les allégations d’impact environnemental neutre ou positif fondées uniquement sur la compensation des émissions carbone. En effet, celle-ci revient souvent à simplement planter des arbres, ce qui ne peut être comparable à la réduction directe des émissions de CO₂ de l’entreprise.
Trop souvent, les fonctions écologiques des forêts sont ainsi réduites à la seule captation du carbone. Carbone qui est finalement relâché dans l’atmosphère quand les arbres sont abattus pour être valorisés en bois ou en pâte à papier… Quand il s’agit de remplacer des forêts tropicales par des plantations, celles-ci sont dominées par seulement cinq essences, prenant parfois le pas sur des espèces indigènes. À l’échelle mondiale, l’espace manque d’ailleurs pour les nombreux projets de plantation et certaines prairies ou zones humides sont inadéquatement transformées en zones forestières.
Face à ces critiques, les Jardins botaniques royaux de Kew et l’organisation Botanic Gardens Conservation International ont proposé dix règles d’or pour restaurer nos forêts. Avec en tête de liste une évidence : protéger les forêts existantes ! On veillera ensuite à éviter la transformation de prairies ou de zones humides, à donner la priorité à la régénération naturelle, ainsi qu’à sélectionner des arbres résistants et accueillants pour la biodiversité.