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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Après deux éditions réussies, l’appel à projets Forêt résiliente a été renouvelé en 2023. Les résultats obtenus sont au-delà des espérances et le budget disponible ne permet malheureusement pas de financer l’ensemble des projets soumis. L’objectif de l’appel à projets reste identique aux précédents et encourage les propriétaires forestiers privés et publics à régénérer de manière plus résiliente leurs forêts affectées par des ravageurs ou affaiblies par les conditions climatiques.

Cette année 4 forfaits différents étaient disponibles pour les propriétaires privés :
1. diversification de jeunes peuplements (500 €/ha)
2. forfait de base (2 000 €/ha)
3. forfait « essences biogènes » (2 500 €/ha)
4. forfait « biodiversité » (3 000 €/ha).

Filière Bois Wallonie est chargé de la gestion administrative, du contrôle de la qualité des projets et du versement des primes aux propriétaires privés. Le Département de la Nature et des Forêts se charge de préparer les projets pour les forêts publiques.

En 2023, en forêt privée, 472 dossiers ont été introduits et 380 projets ont été retenus pour un budget total de 1 732 663 €. 188 propriétaires ont également bénéficié d’un accompagnement de la part d’un expert reconnu pour un montant de 51 552 €. En termes de montant attribué pour les différentes primes, le forfait 1 représente moins de 1 % des projets. Les forfaits 2 et 3 atteignent respectivement 21 et 33 % des montants alloués. Le forfait 4 qui est également le plus exigeant en termes de diversité d’essences, représente près de 45 % des montants et pas loin de 260 ha de superficie.

En forêt publique, 128 propriétaires ont soumis 482 projets pour une surface régénérée de 691 ha. Le budget total consacré aux projets des propriétaires publics approche 1,5 million d’euros.

Jusqu’ici, la mesure du taux d’écorcement donnait une indication de la pression des cervidés sur les jeunes peuplements résineux. À présent, cette étude de Gembloux Agro-Bio Tech quantifie l’ampleur de la perte financière sur le cycle de production complet, de la plantation jusqu’à la coupe à blanc.

Les dégâts d’écorcement sont particulièrement préjudiciables pour les plantations d’épicéas, première essence de production wallonne. Bien que l’occurrence des dégâts d’écorcement ait été objectivée avec des inventaires, l’ampleur de la perte financière n’avait pas été quantifiée précisément jusqu’à présent. D’après cette étude, le coût des dégâts serait d’environ 46 €/ha/an si le taux d’écorcement annuel est de 4 %, un taux qui était jugé jusqu’à présent comme acceptable. L’étude souligne également l’intérêt financier de la protection individuelle des arbres d’avenir au rabot de Gerstner, surtout dans les pessières les plus productives, ou si le rabotage peut être réalisé bien avant la première éclaircie.

Les arbres ne présentent pas tous les mêmes caractéristiques dans l’architecture de leur houppier. Il y a évidemment la distinction entre le port en boule et le port triangulaire. Mais la réalité est évidemment bien plus complexe. En plus d’une macrostructure variable en fonction des spécificités de chaque essence (période d’apparition dans la dynamique forestière, écologie de l’essence), la microstructure varie aussi énormément au niveau de :

  • L’angle d’orientation des feuilles
  • La densité du feuillage
  • La variation verticale de la densité du feuillage (feuilles de lumière et d’ombre)

Ces différences dans l’architecture des houppiers influencent donc la réflexion et l’acquisition de la lumière (compétition lumineuse) et les stratégies d’évapotranspiration (compétition hydrique). Ces phénomènes impactent les arbres, certes, mais également le microclimat local (température du sous-étage, humidité…). En modifiant le microclimat local, on impacte donc aussi les caractéristiques stationnelles qui se répercutent sur les arbres.

Par le passé, les études dans ce domaine étaient plus rares, surtout à cause de la difficulté de modéliser avec précision et largement ces multiples variations des houppiers. Aujourd’hui, le développement de la technologie LiDAR, les drones d’acquisition d’images et la quantité d’imageries time-lapse, permettent aujourd’hui de mieux étudier ces nombreux caractères.

Lors de la 26e conférence mondiale pour le climat (COP26), qui s’est tenue en Écosse en 2021, les chefs d’État et de gouvernement de 145 pays se sont engagés à mettre un terme à la déforestation mondiale d’ici 2030.

Néanmoins, le rapport « Évaluation de la dégradation pour les forêts» de 2022, publié chaque année par une large coalition d’ONG et d’instituts de recherche, indique que la déforestation mondiale a augmenté de 4 % en 2022 par rapport à 2021. Sur environ 6,6 millions d’hectares de terres dégradées, 4,1 millions d’hectares sont des forêts tropicales primaires. Les pays où la superficie déforestée a été la plus importante sont le Brésil, la Bolivie, la République Démocratique du Congo et l’Indonésie.

Le dernier numéro de Forêts de France de novembre 2023 inclut un dossier de 15 pages sur le cèdre. Cette essence très emblématique dans de nombreuses civilisations est aujourd’hui considérée comme une option intéressante face aux changements climatiques, notamment grâce à sa résistance à la sècheresse. L’article rappelle néanmoins que l’enthousiasme doit s’accompagner de prudence : « il ne s’agit pas d’une essence miracle, il faut respecter ses conditions écologiques et ne pas vouloir la mettre partout comme on a pu le faire par le passé avec certains résineux ».

Le dossier revient sur sa place symbolique et historique et sur l’origine de son introduction en France. Une fiche synthétique reprend les différentes espèces et sous-espèces qui présentent des capacités d’adaptation bien distinctes : le cèdre de l’Atlas, de Chypre, du Liban et de l’Himalaya. Le reste du dossier se focalise sur le cèdre de l’Atlas, qui est considéré en France comme le candidat d’avenir dans un contexte de réchauffement climatique. Son profil écologique et son caractère potentiellement envahissant sont présentés. L’auteur rappelle que le cèdre craint les gelées tardives, les neiges collantes et le vent (son bois est cassant).

De nombreux travaux et expérimentations ont vu le jour autour du cèdre et sont détaillés dans le dossier. La sylviculture du cèdre, encore expérimentale, montre que le cèdre se porte bien en peuplement mélangé.

Le dossier se termine par un aperçu des nombreux usages pour le cèdre, que ce soit en bois de construction ou en menuiserie, allant jusqu’aux huiles essentielles.

En plantation mélangée, l’utilisation d’essences fixatrices d’azote, comme l’aulne, présente un atout supplémentaire par l’amélioration de la fertilité du sol qui bénéficie aux autres essences du mélange comme aux cultures herbacées associées dans le cas de l’agroforesterie.
Par ailleurs, nous savons que la croissance de l’arbre est directement liée à la durée de la saison de végétation et que les processus phénologiques (débourrement et entrée en dormance) sont rythmés par la température, la photopériode mais aussi par la disponibilité en nutriments.

Partant de ces constats, des chercheurs ont étudié l’effet de l’association de l’aulne avec le peuplier hybride, en forêt et en agroforesterie, sur leur phénologie et donc la durée de la saison de végétation de ces essences en comparaison avec leurs monocultures respectives.

En agroforesterie, les aulnes ont eu tendance à débourrer plus tardivement et à entrer en dormance plus tôt , indiquant une saison de végétation plus courte, alors que le contraire a été observé pour le peuplier.

L’absence d’une ligne d’arbres sur deux en agroforesterie pourrait avoir eu un effet négatif sur la saison de végétation de l’aulne. La différence la plus importante ayant été observée entre les mélanges agroforestiers et forestiers, on peut supposer que les variations climatiques sont atténuées quand l’aulne se retrouve sous les houppiers des peupliers en mélange. Cet effet pourrait avoir été contrebalancé chez le peuplier en agroforesterie par les meilleures performances de croissance du peuplier liées à une moindre concurrence.

L’importance du bois mort en forêt n’est plus à démontrer. Les recommandations portent généralement sur les bois morts au sol ou sur pied, oubliant l’importance d’également conserver les souches en forêt. Or, leur volume peut être considérable en forêt. Une étude suisse s’est penchée sur la question, avec pour objectif d’établir le volume et la biomasse que représentent les souches dans l’Inventaire Forestier National Suisse. Il en ressort que la contribution des souches au volume total de bois mort en forêt s’élève à environ 25 % ! Les souches, en plus des autres formes de bois mort, ont donc aussi leur rôle à jouer, notamment dans la préservation de la biodiversité forestière et des stocks de carbone.

La manière d’inventorier ces souches influence beaucoup le résultat des comptages. Ainsi, les chercheurs montrent que la prise en compte d’une hauteur de souche de 30 cm et du diamètre à hauteur de poitrine de l’arbre concerné provoque une sous-estimation des volumes réels. En effet, le diamètre de la souche est plus important que celui à hauteur de poitrine, et sa hauteur peut dépasser 30 cm. Il y a donc une nécessité d’ajouter des mesures supplémentaires.

Les chercheurs proposent ainsi une méthode basée sur deux mesures de hauteur et deux mesures du diamètre, pour plus de précision lors des inventaires. Les souches se décomposent lentement, avec un temps de rétention minimum estimé à 35 ans, comme pour certains arbres sur pied. Une méthode d’inventaire correcte est donc capitale pour connaître les volumes réels de bois mort dans sa forêt.

C’est une bonne nouvelle pour la biodiversité en Suisse : la population de chats forestiers se porte mieux qu’auparavant !

S’il a failli disparaître il y a quelques décennies, le chat forestier reprend maintenant du poil de la bête, grâce aux différentes actions forestières mises en place pour le protéger. En Suisse, la population a été suivie et comptabilisée : de quelques centaines en 2010, la population a été évaluée à plus de mille individus aujourd’hui, et la tendance est à la hausse. Mais qu’est-ce qui explique ce retour ?

Selon les biologistes, la forêt mixte en couvert continu, avec des lisières étagées, sont des forêts propices au retour et au développement des populations de félins forestiers. Riches d’une multitude de cachettes, de tas de branches, de cavités d’arbres, où se réfugier et élever des chatons, le chat forestier s’y plaît particulièrement. De plus, les lisières étagées et la diversité des petits mammifères qu’elles engendrent apportent une source de nourriture régulière. A contrario, les forêts monospécifiques offrent peu des conditions nécessaires à l’installation de l’espèce. Les biologistes rappellent que les grillages en treillis peuvent se transformer en pièges mortels pour de nombreux chats.

Le comportement des utilisateurs de la forêt a également changé. Davantage sensibilisés, les promeneurs sont invités à rester sur les sentiers et à tenir leurs chiens en laisse, garantissant ainsi la tranquillité des chats forestiers. Les rencontres entre l’humain et le chat sauvage restent rares, ces animaux étant très craintifs de nature. Si les chatons semblent plus curieux et propices à rentrer en contact avec les humains, rappelons qu’il est très important de ne pas les toucher ni de les ramener chez soi. Leur mère n’est probablement pas loin et, en cas de doute, il est préférable de contacter le garde forestier que d’intervenir soi-même.

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité, en partenariat avec le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires (France) a dressé une synthèse des connaissances scientifiques les plus récentes sur les impacts des changements climatiques sur la biodiversité et les services écosystémiques en France pour les niveaux de réchauffement climatique mondial +2 °C et +4 °C à horizon 2100.
Ce travail a traité conjointement les enjeux climat et biodiversité dans une vision plus holistique et à plus long terme pour identifier les actions doublement vertueuses : les solutions fondées sur la nature (SFN).
« Parmi les différentes recommandations opérationnelles identifiées dans la littérature scientifique, trois actions peuvent servir de principes pour soutenir l’adaptation des écosystèmes au changement climatique :
– Assurer la préservation des espaces à fort enjeu de biodiversité par un réseau d’aires protégées connectées.
– Maintenir et restaurer les processus qui génèrent l’hétérogénéité dans les habitats, les gènes et les communautés pour maintenir des options écologiques pour l’avenir.
– Diminuer les pressions anthropiques qui aggravent les effets du changement climatique. »

La désignation de sites protégés permet de maintenir des noyaux d’habitats et de populations à partir desquels un redéploiement des espèces est possible. Ces noyaux peuvent être des réserves naturelles domaniales et agrées, des zones humides d’intérêt biologique, des cavités souterraines d’intérêt scientifique et des réserves intégrales en forêt.

En Wallonie, ce réseau de sites naturels protégés s’étoffe mais reste peu étendu, il couvrait 1,6 % du territoire wallon en mai 2022. Outre la disponibilité des terrains visés, il reste la question de la valeur vénale et des budgets disponibles, ce qui conditionne la rapidité de renforcement du réseau actuel.

Le Plan de relance de la Wallonie prévoit de renforcer ce réseau ainsi que le maillage entre les aires protégées. Cela rejoint la stratégie biodiversité 360° qui vise notamment un réseau couvrant 5 % du territoire en 2030.

En Wallonie, sur base de données scientifiques, le SPW ARNE répertorie les sites abritant des habitats et des populations d’espèces protégés, rares ou menacés ou constituant des exemples remarquables d’associations d’espèces en excellent état de conservation. Ce sont « les sites de grand intérêt biologique » (SGIB). En mars 2023, 3 138 sites étaient référencés dans cette base de données, pour une superficie de 151 247 hectares. Cela représente 8,9 % du territoire wallon.