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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Les changements climatiques modifient les régimes de précipitation dans le monde entier et sont considérés comme une menace majeure pour les insectes pollinisateurs et les services écosystémiques qu’ils procurent. Les impacts des conditions climatiques sur leurs ressources alimentaires sont cependant peu connus. Cette étude a partiellement comblé ces lacunes en étudiant les effets de la sécheresse, de conditions humides et d’inondations temporaires sur la flore et leurs pollinisateurs.

Les résultats montrent que la sécheresse a un impact négatif sur l’ensemble des ressources florales alors que les conditions plus humides et les inondations affectent plutôt seulement les espèces herbacées pollinisées par les insectes. Le changement des régimes de précipitation aura donc un effet négatif sur les ressources florales et leurs pollinisateurs, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur les services de pollinisation et la sécurité alimentaire dans les décennies à venir.

Les bénéfices d’un réensauvagement ne sont pas seulement d’ordre climatique, mais aussi sociaux et économiques. En effet, selon une étude de Rewilding Britain, près de 20.000 postes pourraient être créés dans les zones rurales dans le secteur du tourisme, de l’élevage, de l’écologie…

La peur de perdre des emplois due à l’inutilisation de certaines terres et l’arrêt de la production agricole est infondée. De plus, ce sont les terres à faibles rendements qui sont privilégiées pour le réensauvagement. Enfin, la diversification des secteurs d’activités rendrait les régions rurales plus résilientes face aux changements économiques.

Le département britannique de l’environnement et des affaires rurales soutient ce réensauvagement et souhaite encourager la création d’emplois via le financement de projets dans les zones rurales du pays.

Avec la prochaine génération d’agriculteurs et de propriétaires agricoles, il y a une opportunité pour faire évoluer les mentalités et rendre l’exploitation des terres plus apte à cohabiter avec le réensauvagement, afin de restaurer les barrières naturelles, les zones humides et limiter les pesticides. Au total, ce sont près de 30.000 hectares de terres marginales qui pourraient être réensauvagées.

Pour perdurer, un écosystème et tous les organismes qui le composent doivent s’adapter aux conditions environnementales dans lesquelles ils évoluent. L’adaptation des arbres aux conditions locales est primordiale car lorsqu’elle manque, elle provoque des dysfonctionnements de l’écosystème : dépérissements, échecs de régénération, ruptures des interactions entre arbres et espèces associées.

Plusieurs expériences de plantation comparatives sur différents sites ont permis de modéliser la réponse des forêts aux changements climatiques. Ces modèles laissent entrevoir que ces changements de conditions entrainent un risque élevé de mauvaise adaptation des essences, au moins dans certaines zones de leur aire de répartition. Pour que l’écosystème se maintienne, les forêts devront rapidement s’adapter, à l’échelle d’une ou deux générations d’arbres, à des événements extrêmes toujours plus fréquents et intenses. Les tendances des moyennes climatiques seront modifiées également et d’autres événements comme l’émergence de pathogènes imposeront des adaptations.

Ces adaptations doivent se voir de façon dynamique, comme un ensemble de processus d’évolution qui modifient les forêts et leur permettent de s’adapter aux nouvelles conditions. De ce point de vue, l’adaptation génétique peut être rapide et contribuer au succès des espèces, y compris les arbres. La gestion forestière impacte cinq facteurs susceptibles de ralentir l’adaptation :
• Manque de diversité génétique.
• Élimination d’individus autrement que par la sélection naturelle.
• Réduction du nombre de reproducteurs, accompagnée d’une dérive génétique aléatoire, ce qui freine la réponse à la sélection naturelle et érode la diversité génétique.
• Apports de flux de gènes massifs venant de génotypes mal adaptés aux conditions locales.
• Faible mortalité, ce qui empêche la sélection naturelle d’effectuer son œuvre.

Différents niveaux de diversité déterminent l’adaptation et il n’est pas simple d’identifier les facteurs limitants. Chaque environnement ne peut se réduire à un paramètre : l’altitude combine par exemple température, précipitations, sol, etc. De la même manière, une réponse, par exemple la survie face à un stress, peut être obtenue grâce à différentes combinaisons de caractéristiques fonctionnelles. Et enfin, chacune des caractéristiques fonctionnelles peut être obtenue via différents génotypes ! Il est donc difficile d’attribuer une valeur adaptative à chaque type de caractère physiologique ou chaque variant d’un gène. Cette complexité est une chance pour l’adaptation des forêts car c’est l’opportunité d’une certaine flexibilité et cela signifie qu’il existe plusieurs voies biologiques pour atteindre une solution écologique.

C’est un fait connu : les glandées des chênes fluctuent dans le temps, à une échelle décennale. Les effets du climat sur la production de graines restent toutefois peu clairs, notamment en raison d’un manque d’analyses statistiques sur des données récoltées à long terme. Fin 2019, une étude menée sur l’espèce Quercus crispula au Japon a mis en évidence des changements décennaux dans les glandées.

Cette étude, basée sur 38 années de données concernant les glandées de chêne, montre notamment que les intervalles entre glandées se sont globalement raccourcis avec le temps, passant d’un cycle de 3 à 4 ans à un cycle de 2 ans. De plus, la production moyenne de graines a augmenté avec l’augmentation moyenne de la température et la diminution des précipitations. Ceci pourrait notamment s’expliquer par le fait que ces conditions climatiques sont plus favorables à la dissémination du pollen au printemps. Ce résultat est cohérent avec d’autres études menées sur les chênes en Europe. Dans le Nord de l’Europe, une réduction dans les intervalles de fainées a également été observée chez le hêtre. Ces résultats restent toutefois variables d’une région du monde à l’autre.

Depuis 30 ans, l’Association Futaie Irrégulière (AFI) mesure et compile des données sur la conduite des peuplements en traitement irrégulier. Son but est de comprendre comment produire du bois de qualité sans altérer les diverses fonctionnalités de la forêt, et au contraire en tirer parti. Le suivi porte sur 136 dispositifs (1276 placettes) localisés principalement en France mais aussi en Allemagne, en Wallonie, en Suisse, au Luxembourg, en Grande-Bretagne, en Irlande…

Les résultats de ces trente années de suivi montrent que, si l’objectif principal de la gestion en irrégulier est la production de gros bois, celle-ci apporte aussi un ensemble de bénéfices environnementaux comme le maintien d’un couvert de végétation continu, la présence d’une diversité d’essences en mélange, la conservation de bois mort, la préservation des habitats dans un bon état de conservation (présence de gros bois, de micro-habitats…), le respect du sol par l’absence de coupes rases ou encore la préservation du cycle du carbone. Géré en irrégulier, le peuplement est progressivement façonné par des interventions douces (en général entre 10 et 20 % de taux de prélèvement), régulières et adaptées. Un travail sélectif au niveau du sous-étage assure le bon dosage de la lumière arrivant au sol et permet une bonne minéralisation de la matière organique, le développement des semis (maîtrise de la végétation concurrente) et la bonne éducation des arbres producteurs. Globalement, les dispositifs du réseau AFI ont vu leur capital augmenter, avec le plus souvent une augmentation importante du volume de gros et très gros bois, et leur qualité s’améliorer. Au sein du réseau, les recettes sont régulières et les dépenses mesurées. La moitié des dispositifs ont par exemple des dépenses qui n’excèdent pas 30 €/ha/an. Sur le réseau AFI, l’accroissement en valeur est en général positif et compris entre 200 et 400 €/ha/an. En moyenne, le temps de retour du capital volume (temps nécessaire pour récupérer en coupe un volume équivalent au volume initial tout en ayant le même volume sur pied) est de l’ordre de 33 ans. La gestion irrégulière se montre également performante face aux changements climatiques.

Ces résultats confirment donc que le traitement irrégulier répond à la fois aux aspirations économiques des propriétaires et de la filière bois, et aux attentes écologiques, climatiques et sociétales.

L’arbre à papillons (Buddleja davidii) est un arbuste envahissant des terres remaniées. Il colonise ces milieux de façon très efficace grâce à ses semences légères et nombreuses, sa capacité à se reproduire très tôt, son taux de croissance élevé et son adaptabilité à de nombreuses conditions écologiques. Face à cette espèce, il est d’ordinaire préconisé de réaliser un étêtage des arbustes avant que les graines n’arrivent à maturité. L’arrachage n’est quant à lui recommandé qu’en début d’invasion sur de très jeunes plants.

Une autre solution a été explorée, l’utilisation de l’effet de priorité. Pour des conditions environnementales identiques et un même ensemble d’espèces, l’ordre d’arrivée de ces dernières sur le milieu va influencer la composition et la structure de la communauté. Les premières arrivées auront un avantage sur les autres. Ainsi, même un individu moins concurrent pourra avoir ses chances face à un autre plus compétitif, s’il arrive suffisamment tôt pour s’implanter correctement. Dans le cas du buddleia, il a été démontré que cette espèce était très sensible à l’effet de priorité : son taux de germination est de 79 % lorsqu’il pousse seul, 69 % lorsqu’il est semé en même temps des espèces locales et seulement 33 % lorsqu’il est semé après celles-ci. Après la question de la germination, se pose celle de la survie des plantules et les résultats montrent qu’en conditions naturelles, le taux de survie peut tendre vers zéro. La mise en place précoce de semis d’espèces locales peut donc être un moyen efficace de lutte contre la propagation du buddleia.

Depuis le mois de mars, le prix ainsi que la disponibilité des matières premières sont en hausse, ce qui préoccupe les professionnels du secteur ainsi que les consommateurs. C’est notamment au niveau des sciages résineux que la situation est la plus problématique. Du côté des sciages feuillus, on observe aussi une hausse de la demande et des prix.

Les conséquences sur le marché du bois d’œuvre sont notamment la majoration des prix pour les clients finaux, la réduction de validité des devis, le report de chantiers, etc. Les scieries industrielles, très actives à l’exportation, sont entre autres impactées par le marché de la construction en Chine, aux États-Unis et en Europe, les aléas climatiques de cet été, la montée des taxes sur les bois bruts russes, etc.

Le CETEF (Centre d’études techniques et économiques forestières) a mené des recherches sur la sylviculture dynamique du chêne sessile dans le département de la Mayenne (Nord-Ouest de la France). La question traitée est de savoir si les coûts liés à la pratique de sylviculture très dynamique se justifient économiquement dans le cas du chêne sessile. Ce mode de gestion, dénommée « querciculture », est détaillé dans le livre « Le chêne autrement » de Jean Lemaire (IDF).

Deux parcelles comparables au niveau de l’origine (plantation 1997) et des conditions stationnelles, mais gérées différemment ont été analysées. Une des parcelles n’a bénéficié d’aucune intervention et l’autre a bénéficié d’une sylviculture dynamique, avec plusieurs interventions à son actif : taille de formation à 5 mètres de hauteur, deux élagages et deux éclaircies (la première à 14 ans et la seconde à 19 ans).

La conclusion de l’étude prouve l’intérêt de la précocité des interventions sur les plans qualitatifs et économiques dans le cas de jeunes chênes sessiles. En effet, plus le sylviculteur attendra pour procéder aux premières éclaircies, plus l’écart du revenu entre les deux méthodes sera important, malgré les coûts induits par la méthode précoce.

La Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité vient de publier une étude comparative des fiscalités forestières européennes, la première du genre. Même si la forêt ne fait pas l’objet d’une politique dédiée à l’échelle européenne, les bois et forêts des États membres de l’UE sont progressivement concernés par plusieurs dispositions du droit de l’Union en matière de biodiversité, d’eau, de stockage du carbone, d’évaluation environnementale…

L’étude met en évidence que les forêts françaises sont davantage taxées que le reste des forêts européennes et que certaines règles fiscales portent préjudice à la biodiversité forestière.