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Protéger c’est bien. Restaurer, est-ce mieux ?

Malgré les mesures mises en place pour tenter de sauvegarder les écosystèmes naturels en Europe, la biodiversité continue d’y décroître. Sur base de ce constat, le parlement européen a décidé d’aller un cran plus loin et a voté en juillet dernier un règlement contraignant les États membres à agir en faveur de la restauration de la nature.
Néanmoins, soulèvent les auteurs de cet article, cette notion de « restauration » ou les démarches qu’elle implique n’ont pas été précisées. Pourtant, c’est primordial ! À quel état retourner ? Initial, du moins antérieur ? En prenant en compte quelles espèces animales ou végétales ? Selon qu’elles ont plus ou moins souffert des actions humaines ? Quels critères à prendre en compte pour qualifier la restauration de réussite ou d’échec ? Pensons également aux limites d’une restauration : selon la place que prend l’être humain et ses activités dans le milieu naturel, faut-il revenir à un état ou celui-ci en est totalement exclu ?

De nombreuses interrogations, qui laissent penser qu’une restauration est peut-être idéaliste dans certains types de milieu fortement impactés (exploitation minière, marécages…) et qu’il conviendrait plutôt d’une « remédiation écologique », moins idéalisatrice d’un passé qui n’était peut-être pas meilleur. En apportant un remède aux écosystèmes fragilisés, cette notion invite à fabriquer de nouvelles médiations écologiques et à considérer ce qu’il est important de conserver ou pas. Elle permet de se questionner, de prendre en compte la situation dégradée comme point de départ, et non pas une situation idéale comme point d’arrivée. Par exemple, planter des arbres sur un sol érodé et rendu stérile par l’exploitation est une opération de restauration, certes, mais son inefficacité a déjà été démontrée.

Ce débat n’est pas uniquement sémantique, mais également un moyen de reconsidérer notre rapport à la nature. La restauration, dans le contrôle d’un retour au passé, à une situation initiale d’où l’on pourrait continuer à produire et à exploiter. Ou la remédiation, dans l’apaisement et la réparation, en réinventant les liens entre activités humaines et écosystèmes.

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