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Planter des arbres et restaurer des milieux naturels, est-ce la meilleure solution ?

Le manque de temps et de moyens constitue un frein majeur à la gestion de la crise climatique. Les solutions fondées sur la nature comme la protection, la bonne gestion ou encore la restauration des écosystèmes peuvent jouer un rôle significatif dans l’atténuation des changements climatiques mais chacune à sa manière, et l’une ne vaut pas l’autre.

Alors que les stratégies d’atténuation mises en place privilégient en général la restauration des milieux (campagnes de plantation, programmes de restauration d’habitats naturels…) cette étude nous montre que les mesures plus simples consistant à protéger ou mieux gérer les milieux naturels existants se montrent plus efficaces et moins coûteuses. Pour ce faire, les chercheurs se sont appuyés sur quatre critères pour prioriser les actions à mettre en œuvre : leur potentiel d’atténuation, l’horizon temporel auquel le résultat peut être attendu, leur rapport coût bénéfice et les co-bénéfices qui peuvent en être attendus.

Les écosystèmes naturels peuvent stocker de grandes quantités de carbone, en séquestrer encore et ces stocks de carbone sont plus stables et durables comparés aux milieux restaurés. La perte de ce carbone liée à la destruction de ces milieux peut être considérée comme irrécupérable dans une échelle de temps significative parce qu’aucune mesure de restauration ne pourrait le récupérer avant plusieurs décennies voire plusieurs siècles. Or, pour répondre à la crise climatique et limiter le réchauffement en deçà de niveaux catastrophiques, nous avons besoin d’actions à très court terme, de l’ordre de la décennie, et durables dans le temps. En protégeant de la destruction ou de la dégradation les écosystèmes naturels existants (forêts, prairies, milieux humides…) on évite le rejet dans l’atmosphère de grandes quantités de gaz à effet de serre. L’efficacité de telles mesures de protection en termes d’émissions de CO2 évitées à l’hectare est très élevée et immédiate, le tout à un coût relativement bas et avec de nombreux bénéfices collatéraux. La priorité de nos actions devrait donc être accordée à la protection des milieux naturels puis à l’amélioration des pratiques de gestion parce qu’elle offre toujours un potentiel d’atténuation à coût plus réduit que les mesures de restauration et son action est assez immédiate. Par exemple, en adoptant des méthodes de récolte à impact réduit, on peut réduire de moitié les émissions liées à l’exploitation forestière. L’adoption de meilleures pratiques de gestion est par ailleurs favorable à la préservation de la biodiversité, elle permet de maintenir l’activité de production et n’impose pas de changement d’affectation des terres.

Les mesures de restauration ne viennent qu’en troisième position du classement. Si elles peuvent offrir un potentiel d’atténuation substantiel, par exemple via la restauration d’un couvert forestier ou de milieux humides, elles ne permettent pas de compenser de façon simultanée  la perte de grandes quantités de carbone liée à la destruction ou à la perturbation des milieux naturels existants parce que ces mesures de restauration s’accompagnent en général de rejets initiaux de gaz à effet de serre qui nécessitent parfois des décennies, voire des siècles pour être compensés et que le stockage du carbone ne se fait ensuite que très progressivement.

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