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Pas de ruches dans les Hautes Fagnes

Andrea saga de garde à l’entrée de son nid (Montagne Saint-Pierre).
De nombreux apiculteurs pourraient être tentés d’amener leurs ruches dans les écrins de biodiversité et de nature que représentent les Hautes Fagnes. En effet, ces milieux sont perçus comme riches et très variés du point de vue floristique en plus d’être bien épargnés par les nuisances propres aux villes ou aux grandes cultures. Cependant, la production de miel « origine Hautes Fagnes » pourrait avoir des conséquences non négligeables sur cet écosystème fragile et plus particulièrement sur les populations d’abeilles solitaires.
L’abeille domestique (Apis mellifera) est bien différente des abeilles solitaires ou abeilles sauvages. La première est devenue au fil des sélections, croisements, etc. un animal d’élevage, dont il faut prendre soin si on veut qu’elle survive. Les abeilles solitaires, au contraire, sont représentées par plus de 380 espèces différentes en Belgique. Chacune d’elle ayant ses propres caractéristiques morphologiques ou comportementales. Qui plus est, chaque espèce se retrouve dans des milieux spécifiques selon ses exigences.
Abeilles domestiques et sauvages font actuellement face au même problème : une diminution drastique des populations. Les origines de ce phénomène sont nombreuses et ne sont pas encore toutes identifiées. Les causes probables sont communes à l’une et l’autre : changements climatiques entraînant un décalage entre les besoins des insectes et les cycles végétaux, changements de structure des paysages ruraux qui provoquent la perte d’habitats favorables, intensification agricole, usage excessif d’insecticides, fongicides et herbicides, pollution, etc.
Dans les Hautes Fagnes, les ressources alimentaires sont limitées, particulièrement dans le temps. Des études montrent que la compétition entre abeilles domestiques et sauvages peut être rude. Cette compétition peut être directe, les abeilles sauvages sont chassées des fleurs par les abeilles domestiques, ou indirecte, via un épuisement de la ressource de pollen. Les conséquences de cette compétition peuvent aussi impacter le cortège végétal en modifiant les flux de pollen. Certaines espèces végétales deviennent alors rares, voire disparaissent au profit d’autres.
Il importe donc d’empêcher l’introduction de ruches dans les réserves naturelles, particulièrement au vu des conséquences probables sur le cortège d’espèces propre à ces milieux particuliers.
J. Fagot [2016]. Des abeilles en fagnes, oui, mais pas de ruches. Hautes Fagnes 2 : 18-23 (photo : Jean Fagot).

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