Le cormier (Sorbus domestica), bien qu’exigeant et peu compétitif, pourrait toutefois s’avérer intéressant d’un point de vue sylvicole dans un contexte de changements climatiques. En effet, il a un grand besoin de lumière et de chaleur, et est résistant à la sécheresse. Il se porte au mieux sur les sols calcaires et riches en nutriments, mais s’accommode des sols peu profonds ou argileux, à condition qu’ils ne restent jamais longtemps humides ni pauvrement oxygénés. Il est également sensible à l’abroutissement et au gel tardif. Vu ses fortes exigences, il ne forme pas de peuplements. Accompagné de façon appropriée, il participe en revanche au mélange et à l’établissement d’une forêt stable sur le plan climatique.
En mélange, il peut supporter pendant quelques années la proximité d’autres essences dont l’ombrage est modéré, tels les chênes. Pendant les vingt à trente premières années de sa croissance, l’ombrage latéral des arbres voisins, plus concurrentiels, favorisent en effet l’élagage naturel de ses branches. Cependant, pour obtenir des sujets vigoureux, une intervention plus précoce est recommandée, car les cormiers doivent idéalement pousser totalement librement, ou alors sous le couvert de vieux arbres clairsemés. Le cormier ne produit que peu de régénération naturelle. Pour améliorer son rajeunissement, les arbres limitrophes envahissants doivent donc être exploités, et la canopée éclaircie de façon à amener une ambiance semi-ombragée au sol. L’installation de clôtures ou de protections individuelles est également judicieuse là où les densités de gibier ne permettent pas une régénération naturelle appropriée.
Actuellement, malgré une grande aire de répartition, le cormier demeure rare et est vendu trois à quatre fois plus cher que les essences courantes. En 2000, seulement six mille cormiers âgés ont ainsi été recensés en Allemagne, dont environ deux mille cinq cents en Bavière, principalement dans le climat viticole de la Basse-Franconie. La part du cormier dans la production totale des pépinières forestières bavaroises augmente depuis quelques années, bien qu’elle reste à un niveau très bas (moins de 0,25 %). Son bois extrêmement solide et tenace peut être utilisé à des fins techniques exigeantes, et ses fruits sont surtout utilisés pour la fabrication de cidre et d’eau-de-vie de fruit.