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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Restaurer la nature n’est pas seulement une nécessité écologique, mais aussi un investissement particulièrement rentable, rappelle le WWF-Belgique.

Une étude réalisée par l’Institut flamand de recherche technologique (VITO) montre que chaque euro investi dans la restauration de certains écosystèmes belges rapporte entre 8 et 51 euros en bénéfices pour la société. Cette analyse, menée sur trois projets concrets en Flandre et en Wallonie, intervient alors que la Belgique doit présenter son plan national de restauration à la Commission européenne.

Un écosystème en bon état offre de nombreux services indispensables : il retient et infiltre l’eau, limitant ainsi les sécheresses et les inondations. Il absorbe du CO₂ et purifie l’air et l’eau, tout en offrant des espaces favorables à la détente, à l’exercice et à la santé.

L’étude a chiffré ces avantages à travers différents paramètres tels que la qualité de l’air et de l’eau, la rétention hydrique, le stockage de carbone, les effets positifs sur la santé, la création d’emplois et même l’augmentation de la valeur immobilière.

Les résultats sont frappants : au Demerbroeken (Scherpenheuvel-Zichem), un euro investi rapporte 8 euros. Au Plateau des Tailles (Manhay/La Roche-en-Ardenne), ce rendement grimpe à 25 euros. Enfin, dans le Kastanjebos (Herent), chaque euro investi peut générer jusqu’à 51 euros de bénéfices pour la collectivité.

Au-delà des chiffres, l’étude souligne que restaurer la nature constitue une stratégie efficace pour économiser des dépenses publiques tout en stimulant l’économie locale et en renforçant la résilience face au changement climatique.

En forêt, les travailleurs isolés s’exposent à des risques accrus, notamment en cas d’accident survenant dans une zone sans couverture téléphonique. Pour renforcer leur sécurité, l’agence de travaux Rhin-Vosges de l’Office National des Forêts s’est équipée début 2025 d’une application d’alerte et d’assistance : Lea. Cette solution a été adaptée par l’association Présence verte, spécialisée dans la téléassistance. L’application Lea, désormais intégrée dans les smartphones d’une trentaine de conducteurs d’engins forestiers de l’ONF, offre deux modes de déclenchement d’alarme :

  • un SOS manuel envoyé par l’utilisateur,
  • une alerte automatique activée par un accéléromètre en cas d’absence prolongée de mouvement.

 

Afin d’assurer la sécurité même hors couverture mobile, l’application dispose d’une carte SIM multi-opérateurs et d’une fonctionnalité innovante : la « ligne de vie ». Celle-ci permet aux équipes d’anticiper une perte de connectivité en programmant une alarme selon la durée prévue du chantier.

Lorsqu’une alerte est déclenchée, la géolocalisation s’active et les données sont transmises au plateau d’écoute de Présence verte à Ludres (près de Nancy). Près de 80 opérateurs y assurent une surveillance continue, 24h/24 et 7j/7. Leur rôle consiste à évaluer la gravité de la situation, entrer en communication avec l’agent si possible, et déclencher si nécessaire une intervention de proximité ou de secours. Au-delà de ce déploiement pilote, Présence verte ambitionne de proposer cette solution à d’autres acteurs de la filière forêt-bois, contribuant ainsi à améliorer la prévention et la protection des travailleurs dans des environnements isolés et parfois dangereux.

Les arbres soumis à un stress hydrique émettent des sons lorsque leurs conduites d’eau éclatent. Des microphones à ultrasons peuvent capter ces sons et ainsi détecter si les arbres souffrent de dommages permanents liés à la sécheresse. Des chercheurs suédois ont réussi pour la première fois à mettre en œuvre cette méthode en dehors d’un laboratoire. L’idée est de détecter le stress climatique en forêt. Le dépérissement lié à la sécheresse est très probablement lié au phénomène d’embolie ou « bulles d’air » dans le xylème. Les microphones permettent de détecter lorsque les arbres sont touchés par une embolie. L’étude a été menée sur des bouleaux et des pins aux stades jeunes. Une partie d’entre eux a été arrosée avec de l’eau normale et l’autre avec une eau traitée pour que ses molécules se désagrègent et forment des bulles d’air dans le xylème. Les arbres chez lesquels une embolie a été provoquée émettent plus d’ultrasons que les autres et perdent leur capacité à absorber de l’eau. Chez les pins, l’embolie se produisait tant dans le tronc qu’au niveau de la cime alors que chez le bouleau, elle se détectait uniquement dans le tronc. Les chercheurs prévoient de travailler sur d’autres espèces et également sur des arbres plus âgés, avec le défi de l’écorce plus épaisse à relever.

Le 24 septembre 2025, en Normandie, plus de 85 participants ont pris part à la 5ᵉ édition des « Controverses en forêt normande », organisée par les Collectivités forestières Normandie.

Le thème – « La sylviculture à couvert continu est-elle LA solution ? » – a donné lieu à des échanges nourris entre élus, gestionnaires, experts et citoyens. La matinée a permis de confronter sur le terrain différentes pratiques (couvert continu, régénération, coupe rase…), tandis que l’après-midi ouvrait la réflexion avec le retour d’expérience en Wallonie, présenté par Forêt.Nature, sur la SMCC.

Au cœur des débats : rentabilité, biodiversité, adaptation climatique, perception du public et valeur du bois. Si les avis divergent, un consensus s’est dégagé : il n’existe pas de solution unique, mais une complémentarité de pratiques à explorer.

Cette journée de dialogue a confirmé l’importance d’expérimenter et de diversifier les approches pour répondre aux défis forestiers et climatiques de demain. Plusieurs élus et collectivités ont exprimé leur souhait d’aller voir, en Wallonie, les actions mises en place et les résultats déjà obtenus. Rendez-vous donc en 2026 pour approfondir la question !

Le plan d’action français pour la préservation des sols forestiers a été construit lors des Assises de la forêt et du bois durant 2 ans et vient d’être publié (juillet 2025). Ce plan d’action a pour objectif de maintenir les fonctionnalités des sols forestiers :

  • Conserver l’intégrité physique des sols forestiers.
  • Maintenir leur fertilité chimique.
  • Rétablir le puits de carbone lié au sol forestier.
  • Protéger la biodiversité.
  • Préserver le rôle de régulation des sols forestiers dans le cycle de l’eau.

 

Pour 2030, le plan fixe des résultats sur 16 fiches actions, parmi lesquelles :

  • Maintenir, créer et respecter les cloisonnements et promouvoir des méthodes de débardage à faible impact, avec un objectif de maximum 20 % de surfaces circulées à l’échelle de la parcelle.
  • Raisonner le travail du sol avant plantation.
  • Limiter l’export d’éléments minéraux en maintenant sur place le feuillage et les souches, et en limitant la récolte de menus bois. Maintenir un volume de bois mort au sol à l’hectare.
  • Garantir la pérennité du couvert forestier.

Pour préserver la moule perlière et restaurer la continuité écologique, le Parc naturel Haute-Sûre Forêt d’Anlier innove avec des ponceaux modulables, facilitant le franchissement des cours d’eau tout en protégeant la faune, à coûts maîtrisés.

Les voiries forestières perturbent souvent la continuité écologique des cours d’eau, notamment à cause des buses et pertuis qui bloquent la circulation de la faune aquatique. Pour y remédier, le Parc naturel Haute-Sûre Forêt d’Anlier, en collaboration avec le DNF, a expérimenté un ponceau préfabriqué dans le cadre d’un projet de sauvegarde de la moule perlière, espèce en danger critique d’extinction. La région concentre plus de 90 % de la population belge de ce mollusque, dont le cycle de vie dépend des truites fario, elles-mêmes impactées par la fragmentation des cours d’eau.

Plus de 80 % des ouvrages recensés entravent les déplacements de la truite et d’autres espèces protégées. Pour restaurer la continuité écologique, quatorze ouvrages ont été remplacés par des ponceaux modulables. Ceux-ci sont faciles à poser, adaptés au trafic forestier, réduisent les risques de pollution lors des travaux et permettent un écoulement naturel des ruisseaux. Le système en portique ouvert préserve les habitats, facilite la migration des poissons et s’inscrit dans les objectifs européens de restauration de la nature.

Ce dispositif a déjà permis de reconnecter 33 km de rivières et a démontré son efficacité, suscitant l’intérêt d’acteurs publics et privés. Simple, adaptable et respectueux de l’environnement, le ponceau modulable constitue une alternative prometteuse aux solutions classiques, conciliant écologie et logistique forestière.

Les tas de bois frais laissés en forêt sont des lieux très attractifs pour la ponte des œufs de scolytes. Pour limiter leur colonisation, un projet de recherche innovant a été mené par une équipe de chercheurs de l’Université de Göttingen, en Allemagne. Leur objectif était d’identifier une ou plusieurs substances volatiles pouvant jouer le rôle de camouflages olfactifs pour les scolytes, c’est-à-dire des parfums leur faisant croire que l’environnement est inadapté à leur reproduction. Parmi les résultats les plus prometteurs, l’huile essentielle de thym s’est révélée particulièrement efficace : elle permet de réduire de plus de 99 % l’infestation par les scolytes, et ce pendant une durée pouvant atteindre 12 semaines. D’autres extraits végétaux ont également montré un effet dissuasif significatif, notamment :

  • l’huile essentielle de sauge,
  • l’huile essentielle d’anis,
  • l’acide acétique combiné à l’octénol (un composé naturellement présent dans le sol forestier),
  • les extraits de citron, d’origan et de coriandre.

 

Cette stratégie représenterait ainsi une alternative douce ne causant pas de dommages aux autres insectes de l’écosystème. L’utilisation à grande échelle de l’huile de thym est à présent en attente d’une autorisation phytosanitaire.

Lancé pour 4 ans et coordonné par l’Institut finlandais LUKE, le projet européen OptiForValue réunit dix-sept partenaires de sept pays afin d’optimiser les opérations forestières et renforcer la résilience des forêts face aux changements climatiques.

À travers des études de cas en Autriche, Espagne, Suède et Finlande, le projet vise des impacts majeurs : réduction de 10 % des dommages au bois, 590 millions d’euros de gains annuels combinés, hausse de 5 % de l’emploi forestier dans les zones vulnérables et baisse de l’usage de combustibles fossiles.

S’appuyant sur la modélisation, la télédétection et l’intelligence artificielle, OptiForValue développera des indicateurs précoces de dégradation, des stratégies de gestion adaptative et de nouveaux produits bois d’ingénierie à forte valeur ajoutée, issus aussi bien de bois sains qu’endommagés.

Au-delà des solutions techniques, le projet favorise la co-création avec les acteurs locaux pour renforcer l’innovation et l’adoption de pratiques durables. Aligné avec la Stratégie forestière de l’UE 2030 et le Pacte vert, il ambitionne d’accélérer la transition vers des chaînes de valeur forestières circulaires, compétitives et résilientes dans toute l’Europe.

Dans les réserves forestières non gérées de Flandre, la quantité de bois mort au sol a rapidement augmenté au point que les méthodes qui demandent la mesure de tous les fragments sont vite devenues très compliquées à mettre en œuvre et chronophages. Dans la méthode par échantillonnage complet traditionnellement pratiquée (FAS), tout le bois mort couché dans la placette est mesuré à partir de 10 cm de diamètre et sa position est localisée avec précision, pour pouvoir suivre son évolution dans le temps. Le nombre d’objets mesurés par placette a plus que doublé entre le premier et le second inventaire et ce nombre semble encore augmenter, rendant la méthode trop contraignante. Une méthode alternative, appelée LIS, consiste à ne compter que les bois morts qui croisent des transects linéaires mais cette méthode n’est pas assez précise pour certains suivis. Les chercheurs ont donc imaginé une méthode intermédiaire mixant les deux premières. La méthode prévoit de mesurer les éléments fins, qui représentent 88 % du nombre mais seulement 33 % du volume, en appliquant la méthode LIS sur trois segments linéaires disposés en étoile dans les placettes. Les éléments plus gros (plus de 30 cm de diamètre) de la placette sont par contre tous mesurés et positionnés selon la méthode FAS. Cette méthode mixte réduit de 3 à 6 fois la charge de travail antérieure.

Le statut d’espèce protégée, instauré en 1976, est l’un des principaux outils juridiques de défense de la biodiversité en France. Il interdit la destruction, la capture ou la perturbation d’animaux et de plantes protégés, sauf exceptions très encadrées.

Cependant, ce statut est aujourd’hui fragilisé. Les sanctions encourues en cas d’infractions ont été progressivement allégées, réduisant l’effet dissuasif de la loi. Par ailleurs, les dérogations (autorisations de contourner ces interdictions) se multiplient, permettant la réalisation de projets d’infrastructures ou agricoles au détriment d’espèces protégées.

La jurisprudence a parfois rappelé la force de ce statut en annulant des projets non conformes (autoroutes, retenues d’eau), mais des modifications législatives récentes, comme la loi d’avril 2025, continuent d’ouvrir des brèches qui affaiblissent la protection réelle.

En somme, le statut d’espèce protégée, censé être un rempart solide pour la nature, risque de se vider de sa substance. Il tend à devenir une formalité administrative plus qu’un outil de protection efficace, mettant en péril les espèces les plus vulnérables face aux pressions économiques et d’aménagement du territoire.