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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Cet article synthétise les expériences de différents sylviculteurs quant à la conduite des chênes en irrégulier.

Le secret : quitter certains préjugés quant aux besoins en lumière de nos chênes ; atteindre l’équilibre faune-flore ; bien comprendre l’évolution des besoins en fonction des stades de croissance ; adapter et cibler les travaux en fonction de la taille des semis.

Filière Bois Wallonie (le nouvel organisme qui a fusionné l’Office économique Wallon du Bois et RND) publie son baromètre trimestriel de l’activité au sein de la filière bois. Les points saillants du premier trimestre 2023 sont :
• Le retour d’une certaine stabilité sur les marchés des résineux et des feuillus
• Le prix des pellets qui poursuit sa tendance à la baisse
• Le ralentissement du secteur de la construction
• La stagnation de la construction bois, alors que la part de rénovations augmente

Nous savons à peine comment la forêt peut réagir aux changements climatiques, comment les sécheresses l’affectent, leur impact sur la rétention du carbone et les perturbations des services écosystémiques qui en découlent. Aujourd’hui, la recherche forestière devient une priorité à mener, afin de mieux comprendre les enjeux globaux et saisir le potentiel dont disposent nos forêts pour lutter contre les changements climatiques.

Le développement de modèles de simulation permet de mieux appréhender l’évolution de la forêt selon différentes conditions climatiques, si l’on modifie le cycle de l’eau ou du carbone, et l’intervention de facteurs extérieurs : la température, l’humidité, les incendies et autres substances nutritives.

Si les arbres sont déjà considérés comme une source de rétention du carbone, il reste par exemple à déterminer précisément comment l’absorption du CO2 varie. Une étude brésilienne en forêt amazonienne a déjà pu déterminer l’impact du phosphore dans ce processus, limitant la fertilisation du carbone.

La science forestière dépend de données sur le long terme, rapportées par les scientifiques forestiers depuis plusieurs décennies, afin d’alimenter ces modèles de simulation. Ces apports ne peuvent rester constants qu’avec des financements dans la durée, afin d’assurer une continuité à la recherche. Pour certaines études, il est nécessaire d’utiliser des données sur une période de plus de 20 ans. Si nos chances d’endiguer les changements climatiques s’amenuisent de jours en jours, la cause n’est pas encore veine. Investissons dans la recherche forestière tant qu’il est encore temps.

Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone de 2050 de l’Union Européenne, les stocks de carbone des sols forestiers sont d’une importance cruciale. Pourtant, l’une et l’autre opérations de gestion peuvent avoir des impacts positifs ou négatifs à plusieurs niveaux.

Ce que nous savons déjà :
– L’azote et les cendres peuvent augmenter les stocks de carbone (par plus de litière et une meilleure production).
– L’adaptation station/essence permet une meilleure accumulation de carbone, les coupes intenses et coupes rases provoquent de plus grosses émissions de CO2 et de gaz à effet de serre.
– Exporter les rémanents d’exploitation réduit les stocks de carbone, les préparations de terrain ont des impacts variables.
– La gestion des tourbières en maintenant le couvert et en évitant le drainage peut limiter leurs émissions.
– Le maintien et la protection des zones de haut intérêt biologique sauvegardent des puits de carbone

Ce que nous devons améliorer et les implications dans les législations :
– Les méthodes de gestion et leurs impacts sur les sols doivent être mieux étudiés pour les implémenter dans les législations.
– Les connaissances sont très lacunaires.
– Les méthodes et l’intensité de gestion doivent s’adapter à la station.
– Les outils de modélisation qui mènent à des décisions politiques ne prennent pas assez en compte les différentes gestions.
– Des suivis de longue durée doivent être mis en place pour évaluer l’évolution et si les objectifs sont atteints.

Une étude basée sur 10 années de données entomologiques en Allemagne révèle que la plupart des 140 sites étudiés voient leurs populations d’insectes décliner pour la plupart des espèces. Les déclins les plus marqués s’observent là où la proportion d’essences non indigènes est importante et dans les sites dont de grandes quantités de bois ont été récoltées 10 à 15 ans avant le début de l’échantillonnage.

Les insectes les plus affectés par ces déclins sont surtout les grandes espèces, les espèces les plus abondantes et les espèces de niveau trophique élevé (carnivores). En revanche, la richesse spécifique et l’abondance en insectes herbivores ont augmenté au fil du temps. Certains de ces herbivores sont des espèces généralistes ou associées au hêtre, une essence qui a été favorisée par rapport aux conifères ces dernières décennies dans la sylviculture allemande. Parmi les raisons expliquant cette augmentation, on peut également citer le fait que les paysages perturbés présentent a priori une diversité en plantes herbacées plus grande, et que les herbivores vivent en association étroite avec leurs plantes hôtes. Une dernière hypothèse est que si les insectes carnivores de niveau trophique élevé déclinent, les herbivores ne s’en porteront que mieux.

Pour enrayer ce déclin alarmant de nos insectes forestiers, une gestion adéquate doit donc être envisagée, favorisant notamment plus d’essences indigènes dans les peuplements et une exploitation en partie amoindrie là où les récoltes de bois sont intenses.

Quatre chercheurs canadiens du Centre de Génomique de la Biodiversité de l’Université de Guelph s’intéressent aux comportements alimentaires des araignées dans les écosystèmes agricoles riches et diversifiés.
Selon une méta-analyse de 58 études publiées, les araignées ont supprimé les insectes nuisibles agricoles dans 79 % des études. Elles contribuent donc efficacement à contrôler ces populations.

Un échantillonnage de quatre mois dans une exploitation agricole près de Toronto a permis d’identifier 20 familles d’araignées qui se succèdent sur la période de mai à août. Étudier leur écologie et leurs mouvements au cours de la saison permettraient d’optimiser la gestion des pesticides dans les champs.

Grâce à une nouvelle technique de séquençage de fragments d’ADN permettant d’identifier les proies liquéfiées dans leur estomac, ils ont pu différencier deux types de prédation : généraliste ou spécialisée.

La richesse écologique de l’exploitation agricole influence fortement la diversité des groupes fonctionnels d’araignées. Elles affectionnent particulièrement les zones humides et les bandes de prairies non fauchées, qui leur apportent une diversité de proies mais aussi des zones de refuge lors des récoltes ou des traitements des cultures.

Mieux protéger les écosystèmes pour favoriser les araignées améliorerait les rendements de production en offrant une alternative durable au recours des produits chimiques contre les ravageurs.

Le 15 mai 2023, sortait dans la revue scientifique Pnas la plus vaste étude sur les oiseaux en Europe jamais réalisée. Et le constat est sans appel : un quart des oiseaux d’Europe ont disparu en près de 40 ans, voire plus de la moitié pour les espèces vivants en milieu agricole. Les populations d’oiseaux d’Europe diminuent de 20 millions chaque année depuis près de 40 ans, soit environ 800 millions d’oiseaux en moins aujourd’hui

Cette diminution drastique s’explique par une série de causes, dont l’urbanisation ou l’évolution du climat. Les oiseaux supportant mieux la chaleur sont, par exemple, moins touchés que les espèces préférant le froid. Mais la responsable principale est l’agriculture industrielle et son utilisation, toujours plus importante, d’engrais et de pesticides. Pour Vincent Devictor, directeur de recherche au CNRS et coauteur de cette étude, il est urgent de changer de modèle de production alimentaire. Il affirme d’ailleurs qu’en détruisant la biodiversité, un pesticide ne protège pas la plante mais « tue la possibilité de la cultiver ». En se séparant du vivant et en ne freinant pas sa course au rendement, l’agriculture intensive se tire donc une balle dans le pied.

Le constat est dramatique, mais les initiatives en faveur des oiseaux, y compris de la part du secteur agricole, se développent. Il n’y a donc pas « d’opposition à établir entre l’agriculture et l’écologie », comme le précise Vincent Devictor dans cet article. La poursuite d’une agriculture raisonnée et l’espoir de changer les pratiques doivent donc se faire en collaboration avec les professionnels du monde agricole.

Les invasions biologiques sont un des principaux facteurs entraînant le déclin de la biodiversité. Malgré une conscientisation de plus en plus forte de la population à cette problématique et l’adoption de législations pour réduire les introductions, le nombre d’espèces introduites a fortement augmenté au cours des dernières décennies. Ces espèces devenues invasives voient leurs populations augmenter d’année en année. L’Union Européenne a établi un plan de régulation des espèces invasives afin de limiter leurs impacts.

Dans le cas des mammifères, la majorité des espèces ont atteint l’Europe via le commerce des animaux de compagnie ou sont des animaux d’élevage qui se sont échappés ou ont été relâchés intentionnellement.

En moyenne, chaque année dans la période allant de 1981 à 2020, 1,2 nouvelles espèces ont été enregistrées comme exotiques en Europe. La majorité de ces espèces sont encore en expansion et ces dernières colonisent des territoires voisins. La France est le pays qui a connu le plus d’arrivées d’espèces invasives, suivie par l’Allemagne et l’Italie. Le rat musqué, le vison d’Amérique et le raton laveur sont les espèces les plus répandues et sont présents dans au moins 27 pays. Ces mammifères invasifs menacent la biodiversité et la santé humaine. En effet, parmi les espèces présentes actuellement, seize sont impliquées dans des cycles épidémiologiques de pathogènes responsables de zoonoses.

Il est crucial d’empêcher une dispersion secondaire à d’autres pays pour éviter l’établissement de nouvelles populations et empêcher qu’elles fassent peser une menace sur les communautés indigènes, les services écosystémiques et la santé humaine.

Petite devinette. Je suis un rongeur qui habite les lisières structurées et diversifiées. Mes grands yeux noirs me permettent de voir dans l’obscurité. Je suis très territorial : pas plus de 4 mâles par hectare. En cas d’attaque d’un prédateur, je suis capable de détacher une partie de ma queue pour prendre la fuite. J’ai une faible capacité de dispersion : une zone de plus de 100 mètres sans haie constitue pour moi un obstacle infranchissable. J’hiberne pendant la moitié de l’année. Je suis très discret. Pour détecter ma présence vous pouvez rechercher mon nid, très caractéristique, ou des noisettes que je grignote d’une façon particulière. Je suis très beau. On m’appelle parfois le rat d’or. Je suis… le muscardin.