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Numéro 76

Forêt.Nature, la revue technique consacrée à la gestion résiliente des espaces forestiers et naturels

4 numéros par an, ± 80 pages au format A4, couleur.

Des contenus adaptés aux préoccupations larges des gestionnaires forestiers et des espaces naturels

Sommaire

Numéro 76

Marie-Amélie de Paul, Michel Bailly

La compaction du sol est un phénomène extrêmement complexe. Non seulement par les facteurs intervenant dans le processus mais également par les conséquences qu’elle peut avoir sur la végétation. Un tour d’horizon de ces impacts sur la croissance végétale et la productivité forestière est présenté ici au travers d’une revue bibliographique.

de Paul M.-A., Bailly M.

de Paul M.-A., Bailly M. [2005]. La compaction des sols forestiers, définition et principes du phénomène. Forêt Wallonne 76 : 39-47.

Le phénomène insidieux, car invisible, qu’est la compaction des sols est ici abordé sous l’angle du phénomène physique sans débattre de ses origines. Ce qui est important à considérer, c’est l’accueil que réserve le sol au développement racinaire. C’est-à-dire la disponibilité qu’il réserve en air et en eau ainsi que la résistance physique que les racines doivent vaincre pour se développer. Pour expliciter l’état du sol, trois grandeurs ont été retenues : la densité apparente, la capacité de portance et la résistance à la pénétration : la densité apparente est le rapport du poids de sol sec sur son volume total, cette valeur influence la capacité de rétention du sol en eau et en air ; la capacité de portance représente la contrainte maximale à laquelle un sol peut être soumis sans subir de déformation durable, c’est donc une valeur de travail à ne pas dépasser pour éviter les dégradations ; la résistance à la pénétration (indice de cône) reflète l’effort que doivent fournir les racines pour se développer dans le sol. Ces trois grandeurs sont interdépendantes puisqu’elles sont principalement tributaires des mêmes facteurs mais apportent chacune un éclairage particulier quant à l’état du sol. Quand un sol se compacte, c’est principalement sa texture qui est altérée. Selon l’importance des contraintes appliquées sur le sol, c’est la macroporosité qui disparaît en premier, accompagnée d’une diminution progressive de la microporosité, pour arriver jusqu’au stade du réarrangement des particules. Ce bouleversement structural est à l’origine de phénomènes directs ou indirects comme la diminution de la percolation d’eau, la suppression des échanges gazeux, l’érosion, les pertes en éléments minéraux… Le phénomène de la compaction a été relevé dans certains cas à des profondeurs de 70 cm, voire plus, et semble perdurer de nombreuses années. La restructuration d’un sol sans intervention humaine se compte en dizaines d’années. Il serait intéressant de connaître la sensibilité des sols afin d’agir en conséquence mais il réside des facteurs très variables, comme par exemple le taux d’humidité, qui sont déterminant quant à la fragilité du sol et qui rendent ce genre d’approche très complexe. Cependant, si les valeurs de capacité de portance de nos sols forestiers sont souvent dépassées, il y a lieu de prendre rapidement des dispositions.

Dewasmes G., Lempereur D.

Dewasmes G., Lempereur D. [2005]. Bottage et éhouppage, du pourquoi au comment. Forêt Wallonne 76 : 34-39.

Le bottage n’est pas une pratique neuve mais est actuellement en voie de prendre de plus en plus d’importance. La tendance actuelle, qui s’oriente chaque jour d’avantage vers une gestion en peuplements irréguliers d’arbres à grande cime, promet un bel avenir aux opérations de bottage. Les objectifs du bottage sont : préserver la grume de l’éclatement lors de l’abattage ; préserver la régénération acquise, donc la valeur d’avenir du peuplement ; éviter les problèmes d’encrouage et de bris de branches. Le bottage peut être imposé ou s’imposer à l’exploitant : dans le premier cas, c’est le gestionnaire qui stipule le sauvetage de l’une ou l’autre plage de régénération. Dans le second, c’est l’exploitant lui-même qui prend cette mesure pour éviter la casse ou la fente. En moyenne, un botteur demande entre 0, 18 et 0, 25 euro le centimètre de circonférence à 1, 5 mètre, ce qui signifie que le bottage d’un hêtre de 250 cm de circonférence et ayant 7 mètres de fût propre dont la valeur d’achat est de 330 à 1 050 euros/m³, coûtera entre 45 et 62, 5 euros. La confusion entre botter et démonter un arbre est courante chez les gestionnaires. Pourtant, le démontage, qui supprime les charpentières et si nécessaire billonne le tronc avant abattage, est une opération fastidieuse et plus longue (2 à 3 heures au lieu de 2 à 15 minutes) que le bottage car elle oblige le botteur à se déplacer dans l’ensemble du houppier afin de le billonner.

Ningre F., Armand G., Bruciamacchie M, Tomasini J.

Ningre F., Armand G., Bruciamacchie M, Tomasini J. [2005]. Un traitement en futaie irrégulière en Haute-Saône (Nord-Est de la France). Forêt Wallonne 76 : 3-15.

La forêt du Grand Bois (environ 400 ha) est un bel exemple de gestion en hêtraie irrégulière en forêt privée (70 % du volume en hêtre, le reste en chêne sessile et sapin pectiné). Un réseau de placettes de référence a été mis en place en 1992 afin de caractériser la gestion et de fournir aux gestionnaires des indications de conduites sylvicoles (réseau AFI). L’objectif pour cette forêt est la production soutenue de hêtre de grande qualité. Traitée à l’origine en taillis sous futaie, la conversion en futaie irrégulière a donné au gestionnaire la possibilité de limiter les investissements et d’éviter une exploitation trop précoce des arbres de qualité (abandon des coupes d’abri classiques), tout en maintenant un bon équilibre des recettes et des dépenses dans la mesure où la régénération naturelle du hêtre est aisée à obtenir. La récolte d’un arbre n’a de sens que si sa valeur ne peut raisonnablement plus augmenter ou si c’est un concurrent d’un arbre de qualité ou d’une tache de semis que l’on souhaite favoriser. Sont conservés les arbres ne gênant pas ou peu sans grande valeur commerciale, ceux morts ou dépérissants ou remarquables. Le sous-étage est géré (extraction de quelques brins de taillis et de perches) de façon à maintenir une lumière diffuse pour limiter l’enherbement, éduquer les semis, protéger les tiges de qualité, favoriser la régénération diffuse, favoriser la dynamique de la matière organique… Un des grands intérêts de l’ensemencement diffus est de laisser la place aux semis d’autres essences. La surface terrière du sous-étage est de 2 à 3 m²/ha, ce qui lui permettra de pleinement jouer son rôle d’éducateur des jeunes arbres. Selon d’autres placettes d’observation du réseau AFI au delà de 4 m² le sous étage devient défavorable à la régénération. La pérennité de la structure semble assurée dans la mesure où le passage à la futaie est bien supérieur à 1 à 2 tiges/ha/an (valeurs limites issues d’observations). Les éclaircies favoriseront les arbres de qualité aussi longtemps qu’ils présentent une bille de pied sans défaut et un houppier en croissance. Dès que l’élagage naturel de la bille de pied est achevé, il est nécessaire de donner une large place à leur houppier sans toutefois prélever des arbres plus gros et de qualité encore en pleine production. Le sous-étage est éliminé si son couvert peut rendre difficile l’apparition et la croissance des semis sous de gros bois dont l’enlèvement est prévu dans un avenir proche. Dans une cépée, les brins de taillis qui montent dans le houppier des réserves et nuisent à leur qualité seront également supprimés. La rotation des coupes est fixée à 10 ans et le prélèvement annuel à 3 % du volume sur pied. La coupe principale récolte essentiellement du bois d’œuvre, la coupe intermédiaire (à mi période) prélève au contraire des arbres de faibles dimensions. Dans ces forêts, plusieurs observations montrent que la surface terrière des réserves ne doit pas dépasser 20 m²/ha avant exploitation et être inférieure à 10 m²/ha après. En effet, plus de 20 m²/ha mettrait en péril la régénération naturelle et moins de 10 m2/ha entraînerait des risques de perte de production. L’exploitation se réalise par cloisonnements de 4 mètres de large tous les 24 mètres afin de rationaliser les travaux, réduire les risques de blessures à la base des arbres et de dégâts au sol. L’accroissement annuel sur le diamètre observé permet d’espérer récolter des hêtres de grandes dimensions en moins de 100 ans. Le fort potentiel initial en qualité des hêtres de petites dimensions s’est déplacé en 10 ans vers les bois moyens, gage d’une récolte future d’une forte proportion de bois de valeur. L’abondance de la régénération et des perches de hêtre va fournir un grand nombre de petits bois qui se sont développés dans un environnement favorable à une bonne forme. La dynamique des tiges d’avenir illustre bien une gestion qui recherche une concentration de la production sur des arbres de valeur. Le coût de la gestion est estimé à 0,5 heure/ha/an. Ceci correspond pour une parcelle de 10 ha et une période de 10 ans à 5 heures de martelage, 10 heures d’inventaire en plein, 20 heures de griffage et 15 heures d’observation.

Gerkens M.

Gerkens M. [2005]. La part des revenus de la chasse dans les revenus nets des forêts soumises. Forêt Wallonne 76 : 23-33.

Les données sont issues des forêts gérées par la DNF dans les 36 cantonnements de la Région wallonne de 1984 à 1999. L’analyse de la part des revenus de la chasse dans les revenus nets des forêts montre qu‘elle a évolué dans le temps pour passer d’environ 15 % en 1984 à près de 20 % en 1999. L’augmentation de cette proportion est principalement due à l’augmentation des prix des locations de chasse, davantage marquée au niveau des forêts non-domaniales. Cependant, il convient de relativiser ces chiffres puisque : les coûts liés à l’exercice de la chasse ne sont pas, dans l’analyse, déduits des valeurs de revenus nets de la chasse mais bien de ceux du bois ; de l’avis même des chasseurs, les prix pratiqués à l’heure actuelle sont trop élevés.

de Paul M.-A.

de Paul M.-A. [2005]. Quand le téléphérage s’installe en plaine. Forêt Wallonne 76 : 16-22.

Aujourd’hui, l’économie de marché oblige à exploiter des volumes toujours plus grands à une allure toujours plus rapide. Mais conjointement à cela, c’est la dégradation des sols qui attire l’attention. La circulation de machines de 10 à 40 tonnes peut engendrer d’importants dégâts au sol, aux arbres et à l’alimentation de ceux-ci durant, selon la gravité de la situation, des décennies. Avec le téléphérage, le sol ne subit que le traînage et le tassement est très faible. Pour que ce système soit rentable, selon les études menées en France dans Nord-Pas-de-Calais, il faut prélever au minimum 0, 5 m³ de bois par mètre de câble porteur (pour un câble de 400 mètres, il faut exploiter au moins 200 m³). La coupe en démonstration était donc rentable vu que la coupe de 800 m³ de chêne a nécessité trois lignes de débardage de 400 mètres. Sur le chantier, le débardage journalier est de 100 m³. Le coût d’utilisation du câble téléphérique est plus élevé qu’avec une débardeuse. Cependant certains frais sont évités : ceux induits par la création et l’entretien des chemins, par les dispositifs de franchissement de cours d’eau, par le temps perdu suite à la remise en état des chemins… Sans parler du fait qu’il n’y aura plus, dû à l’absence de tassement et de détérioration des sols, de pertes de croissance des arbres restants après l’exploitation. De plus l’entreprise peut travailler toute l’année car elle n’est plus dépendante des conditions climatiques.