L’équation est simple : scolytes + chaleur + essences sensibles + arbres stressés = dégâts importants. Cet article est consacré aux moyens de prévention pour adapter les forêts aux changements climatiques. En effet, l’avenir des forêts se prépare dès aujourd’hui. Les scolytes sont des régulateurs naturels de l’écosystème forestier mais ces derniers, en trop grand nombre, peuvent causer des dégâts irréversibles. Les chaleurs ainsi que les sécheresses sont des facteurs de déclenchement des épidémies. La sensibilité des essences, notamment résineuses, et le stress hydrique sont deux autres facteurs renforçant la propagation de scolytes.
Pour limiter les risques, plusieurs méthodes de préventions peuvent être envisagées. Une des premières approches est de favoriser la présence des prédateurs naturels des scolytes. Très souvent ces derniers sont également des insectes. Un milieu riche en biodiversité contribue à leur venue. L’alternance des essences ainsi que l’implantation de bandes de feuillus cloisonnant les peuplements de résineux sont d’autres moyens de lutte contre ces ravageurs. Le sylviculteur ne peut réguler l’augmentation des températures mais peut jouer sur les optimums écologiques des essences et appliquer une sylviculture limitant le stress hydrique.
Une autre précaution applicable pour l’avenir est la pratique d’une sylviculture dynamique avec de plus faibles densités de plantation et des éclaircies fortes et précoces avant 12 à 15 mètres de hauteur. Elle aboutit en outre à la réduction de la durée de révolution, ce qui peut, dans une certaine mesure, limiter leur exposition au risque.
Les solutions sont donc multiples mais chaque solution présente ses avantages et ses inconvénients. Une adaptation de la sylviculture d’aujourd’hui est donc indispensable pour faire face aux changements climatiques.
Mélières M.-A., Riou-Nivert P. (2019). Scolytes, chablis, canicules et changement climatique : un mélange explosif ! Forêt-entreprise 249 : 6-11.