Search
Generic filters
Formation
Revue Forêt.Nature
Forêt.Mail
Bibliotheque

Forêt.Mail

Sacrifier la biodiversité pour sauver l’environnement ?

Même si notre consommation d’énergie doit impérativement diminuer, on peut se réjouir de voir se développer les énergies renouvelables, l’éolien en particulier, dans un contexte nécessaire de sortie des énergies fossiles. Malheureusement, son développement est « totalement anarchique » en Wallonie, comme l’annonce Natagora dans un récent article.
Actuellement, la possibilité de déroger aux règles d’implantation des éoliennes combiné au manque d’un véritable décret éolien et d’une planification au niveau régional, mènent à un développement désordonné du secteur.
Aujourd’hui, la production d’énergie éolienne atteint 3115 GWh/an. L’objectif fixé par le Plan air climat énergie wallon à l’horizon 2030 est de 4600 GWh/an. Nous sommes donc en bonne voie d’atteindre le résultat attendu. Mais ce qui s’apparente à une bonne nouvelle doit toutefois être nuancé. Ne serait-il pas temps de prendre en compte les impacts de l’éolien sur la biodiversité ?
D’abord, des espèces d’oiseaux très spécifiques, comme les vanneaux ou les busards, recherchent des espaces ouverts dépourvus d’éléments verticaux pour mener à bien leur cycle de vie. Les éoliennes tuent également bon nombre de chauves-souris, toutes protégées à différents niveaux en Wallonie. En Haute Ardenne, le Milan royal, considéré comme à la limite d’être menacé au niveau mondial, est aussi très sensible aux risques de collisions avec les pales. Or la Wallonie héberge à elle seule 1% de la population globale ! Natagora estime que nous avons le devoir de protéger ce noyau reproducteur et suggère de laisser au moins 1,5 km de distance entre une éolienne et un nid de Milan.
Ensuite, par l’artificialisation des terres qu’elle engendre, l’implantation d’éoliennes a également un fort impact sur le sol, qu’il soit agricole ou forestier. Le Code de développement territorial autorise la construction d’éoliennes en forêts, notamment dans un peuplement résineux de faible intérêt biologique. Mais seules les forêts déjà en place sont prises en compte. Or, elles ne sont pas figées pour l’éternité et pourraient par exemple passer de résineux à feuillus !
Natagora, sans s’opposer à l’éolien, réclame donc de toute urgence un cadre de référence réglementaire et une planification à l’échelle régionale pour prendre en compte les effets cumulés de ces projets.
Legrain B., Piraux J., Paquet J.-Y. (2020). Éolien : tous les coups sont permis. Natagora 97.

Ne ratez aucun numéro du Forêt.Mail, abonnez-vous gratuitement