Le plumage de l’effraie des clochers, rapace nocturne connu de tous, varie selon les individus, allant du blanc au roux foncé. Intuitivement, on s’attend à ce que les nuits de pleine lune, les chouettes soient plus vite repérées par leurs proies. La réalité n’est pas aussi simple. Après plus de 20 ans de suivi d’une population de chouettes effraies en Suisse, il s’avère effectivement que les individus au plumage foncé aient plus de mal à chasser les nuits de pleine lune : ces chouettes ramènent moins de proies au nid. En revanche, les effraies aux plumes blanches s’en sortent aussi bien les nuits claires que les nuits sans lune. Il est vrai que les campagnols dont se nourrissent les chouettes détectent plus facilement leur prédateur les nuits de pleine lune, quel que soit le plumage de la chouette. Quand les micromammifères détectent leur prédateur, ils s’immobilisent. Toutefois, cette immobilité dure plus longtemps les nuits de pleine lune et face à une chouette au plumage blanc uniquement. Les campagnols sont en fait effrayés par la lumière de la lune qui se reflète dans les plumes blanches de la chouette, ce qui lui permet de les capturer facilement. L’effraie des clochers est la seule à utiliser cette ruse ; les micromammifères ne s’y adaptent donc pas et l’effet de surprise reste total. Les nuits claires, les chouettes effraies blanches s’autorisent même des parties de chasse en prairies, alors que leurs congénères au plumage foncé restent camouflés en lisière de forêts. Diminuer la pollution lumineuse et laisser la lumière naturelle de la lune jouer son rôle pourrait ainsi bénéficier à l’élégante chouette.
Kelber A. et al. (2019). Barn owls reflect moonlight in order to stun their prey. The Conversation, 2 septembre 2019.