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Les mystères de la migration

L’étude explore les mystères de la migration saisonnière des oiseaux, entre aire de reproduction et aire d’hivernage. Elle se base notamment sur les événements passés d’apparition et de perte de comportement migratoire.
Trois variables sont testées :• La distance de migration (courte, variable, longue).• La stratégie (résident, mixte, migrateur strict).• La température des aires d’hivernage et de reproduction.
L’étude porte sur l’ensemble des oiseaux à travers le monde et elle analyse en détail le comportement migratoire de trois ordres : les ansériformes (3 familles ; oies, cygnes, canards…) ; les charadriiformes (19 familles ; limicoles, mouettes, pingouins…) et les passériformes (142 familles ; moineaux, hirondelles, merles…).
Traditionnellement, deux théories basées sur l’aire d’origine des migrateurs sont citées. La théorie « southern-home », la plus largement acceptée, postule que les migrateurs sont à l’origine des espèces tropicales qui fuient la compétition et se rendent dans les régions tempérées pendant les pics de ressources.
À l’inverse, la théorie « northern-home » stipule que ce sont des résidents de latitude tempérée qui se déplacent vers des latitudes plus basses pendant la période d’hivernage pour échapper aux conditions climatiques rudes.
L’étude démontre que les deux théories sont correctes : la migration géographique a émergé à différentes périodes à travers des voies biogéographiques variées (c’est-à-dire à la fois des ancêtres tempérés et tropicaux). Les reconstructions des états ancestraux suggèrent que la migration aurait pu apparaître plus fréquemment à partir de régions tropicales dans les lignées ansériformes et à partir de régions tempérées dans les lignées charadriiformes.
Par ailleurs, le comportement migratoire des trois ordres étudiées en détail évolue dans le temps de manière très différente. Il est plus récent pour l’ordre des ansériformes (apparu il y a 6,6 millions d’années) ; ensuite, l’ordre des charadriiformes (apparu il y a 22,5 millions d’années). Il est le plus ancien chez les passériformes (plus de 40 millions d’années), ce qui est surprenant compte tenu du grand nombre d’espèces résidentes au sein de cet ordre. Le comportement migratoire ancestral des passériformes expliquerai la large diffusion de cet ordre dans le monde. La migration a permis aux passériformes de s’installer dans de nouvelles niches écologiques et de s’y spécialiser (et de perdre ainsi leur comportement migratoire).
L’étude indique également que :• Un déclencheur de la migration des oiseaux est la saisonnalité climatique (grosses différences de température dans l’aire de reproduction).• Le climat est généralement plus chaud dans les aires d’hivernage par rapport aux aires de reproduction.• Les espèces qui migrent sur des distances longues recherchent des climats plus chauds pendant leur période d’hivernage, par rapport aux migrateurs à distances courtes.• Le comportement de migrateur partiel est probablement une étape évolutive nécessaire entre résidence stricte et migration stricte.
Dufour P., Descamps S., Chantepie S. et al. (2020). Reconstructing the geographic and climatic origins of long‐distance bird migrations. Journal of Biogeography 47 : 155-166.

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