De plus en plus, les scientifiques constatent que l’arbre et la forêt sont capables d’étonnants processus d’adaptation. Mais la question est de savoir si ceux-ci suffiront face aux changements climatiques en cours.
Le fonctionnement d’un arbre dépend des conditions dans lesquelles il se trouve, et il fait appel à un ajustement constant qui lui permet d’endurer des conditions météorologiques très différentes au cours du temps. Malheureusement, cette plasticité a des limites qui ont maintenant été atteintes dans de nombreuses régions en Europe. En effet, au-delà de 40 °C les protéines commencent à se dénaturer et la photosynthèse et autres processus physiologiques atteignent leur limite.
D’autres capacités d’adaptation se situent à l’échelle des populations d’arbres : l’action de la sélection naturelle. Les arbres que l’on observe aujourd’hui sont les survivants de nombreux événements de sélection successifs et il existe une grande diversité génétique au sein d’une même forêt avec la coexistence de plusieurs types de stratégies d’adaptation.
Même s’il est difficile et hasardeux de prédire la capacité d’adaptation future d’une forêt particulière, on peut néanmoins raisonner l’impact des pratiques de gestion sur les mécanismes d’adaptation.
En effet, la sylviculture peut piloter les mécanismes de sélection naturelle eux-mêmes, par exemple via les coupes d’éclaircies successives. Cependant, le choix des arbres conservés lors de ces éclaircies se fait souvent sur base d’objectifs de gestion – on garde les plus beaux arbres, qui ne sont pas toujours les plus résistants à la sécheresse. Il y a donc un compromis à trouver entre réduire le stress subi par une forêt à travers les éclaircies et favoriser son adaptation génétique par sélection naturelle.
En conclusion, d’après les outils de simulation de stratégies de gestion forestière, des interventions bien raisonnées peuvent accélérer les processus d’adaptation sans nuire aux fonctions attendues de la forêt. À l’inverse, les interventions mal raisonnées peuvent freiner ces processus, voire prendre la direction d’une maladaptation. Et, de manière générale, laisser de la place aux processus naturels garantit une adaptation flexible face à des pressions imprévues et des risques multiples difficiles à anticiper.