Search
Generic filters
Formation
Revue Forêt.Nature
Forêt.Mail
Bibliotheque

Forêt.Mail

Forêt et stockage de carbone : Formule 1 ou rallye ?

Le stockage de carbone est un des nombreux services écosystémiques fournit par la forêt. En effet, les forêts constituent, avec les océans, l’un des deux puits de carbone les plus importants, via le stockage dans les sols et dans la biomasse des arbres. Mais quelles essences possèdent le plus grand potentiel d’atténuation ?

Une réponse qui semble aller de soi : plus un arbre pousse vite, plus il séquestre de carbone à travers la photosynthèse. Et donc, promouvoir des arbres à croissance rapide serait un levier de l’atténuation du changement climatique…

Mais est-ce vraiment le cas ? Une étude menée par Bordeaux Sciences Agro et l’Inrae, s’est penchée sur la question en analysant la croissance de 233 espèces d’arbres dans 160 forêts expérimentales réparties dans le monde entier. Et la réponse n’est pas aussi simple.

Les chercheurs font l’analogie avec une course de vitesse : pour gagner, on pourrait avoir envie de choisir une Formule 1… Mais si la piste est cabossée, choisir une voiture de rallye serait plus pertinent.

Il en va de même pour la croissance des arbres. Deux grands groupes d’arbres sont identifiés dans l’étude, établis selon la relation entre la vitesse de croissance et certaines de leurs caractéristiques appelées « traits fonctionnels » (réponse des arbres aux facteurs environnementaux).

  1. Les arbres dits « acquisitifs », comme les érables ou les peupliers, poussent rapidement. Ils sont capables de puiser très efficacement les ressources (lumière, eau, nutriments) et de les transformer en biomasse. Leurs surfaces de prélèvement sont optimisées (feuilles larges et fines, racines longues et fines).
  2. Les arbres dits « conservatifs », comme le sapin et le chêne pubescent, sont plus efficaces dans la conservation des ressources internes (feuilles et racines moins étalées et plus épaisses pour limiter les pertes d’eau, renouvellement des organes moins fréquents pour limiter les besoins en ressources). Ils sont plus tolérants aux stress environnementaux.

 

Les chercheurs se sont demandé : quels arbres poussent le plus vite, les acquisitifs ou les conservatifs ?

En conditions contrôlées, les arbres « acquisitifs », Formule 1 du monde végétal, gagnent la course à la croissance. Mais dans les forêts boréales, tempérées et méditerranéennes, ce sont les arbres « conservatifs » qui poussent généralement plus vite… Ce résultat s’explique par la localisation de ses forêts, le plus souvent dans des zones où les conditions de croissance sont défavorables (faible fertilité du sol, climat froid ou sec).

En bref, nos forêts ressemblent plus à des chemins cabossés qu’à des circuits de course… Cela avantage les espèces conservatives (les voitures de rallye), mieux équipées pour s’accommoder des aléas de l’environnement.

Cette étude souligne donc l’importance de choisir les arbres en fonction du sol et du climat.

Sous des climats favorables et des sols fertiles, les espèces acquisitives telles que les érables, les frênes ou les peupliers pousseront plus vite et donc fixeront plus de carbone que des espèces conservatives comme le chêne vert, le chêne pubescent ou de nombreux pins.

À l’inverse, sous des climats défavorables et sur des sols pauvres, ce sont les espèces conservatives qui auront le meilleur potentiel d’accumulation de carbone dans la biomasse.

Ne ratez aucun numéro du Forêt.Mail, abonnez-vous gratuitement