L’azote est le principal facteur de croissance végétale. Mais d’où vient-il en forêt ? Bien que présent en grande quantité dans l’air, il n’existe que peu de plantes forestières capables de fixer directement cet azote atmosphérique. Il ne se trouve pas non plus dans les roches. Le cycle de l’azote organique contenu dans le sol constitue la source principale de ce composé essentiel. Les microorganismes décomposeurs jouent un rôle fondamental dans ce cycle : ils s’attaquent aux protéines contenues dans la matière organique pour donner de l’urée, elle-même transformée en ammoniac puis en ammonium. Celui-ci est finalement transformé en nitrates par un processus appelé nitrification.
À l’automne, les protéines restantes dans les feuilles mortes (et l’azote qu’elles contiennent) sont bloquées par les tanins dans un complexe brun, ce qui permet de les préserver solidement pendant la période hivernale, en plus de tout l’azote stocké dans l’humus. Ainsi, rien ne se perd ! Avec le redoux printanier, une libération progressive de l’azote des feuilles mortes a lieu via l’activité des champignons. Les racines des arbres peuvent donc se remettre à fonctionner en absorbant l’azote directement sous forme ammoniacale, avant sa nitrification complète. Ceci permet une récupération quasi intégrale de l’azote du feuillage tombé l’automne précédent.
En revanche, si une coupe rase a lieu, ce cycle est perturbé. En effet, les racines ne peuvent plus pomper l’azote sous forme ammoniacale. Sous l’action des microorganismes nitrificateurs, l’azote continue donc sa transformation en nitrates. Malheureusement, ceux-ci sont solubles et facilement lessivables par les pluies printanières, avec une perte de stock d’azote du sol forestier. L’année suivante, la ronce peut prendre le dessus en profitant des restes d’apport azoté dû à la nitrification. L’année après la coupe, en développant son système racinaire, la ronce permet donc une certaine sauvegarde de l’azote restant. Le genêt à balai, par exemple, joue aussi ce rôle avec, en plus, l’avantage de reconstituer un peu le stock azoté grâce à ses bactéries symbiotiques fixant l’azote atmosphérique.