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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

La France s’est dotée d’un nouvel outil cartographique permettant de visualiser en quelques clics les réglementations environnementales et patrimoniales applicables aux espaces forestiers. L’application s’appelle FOREG et a pour objectif d’améliorer la préservation de l’environnement et des paysages en facilitant l’accès aux informations réglementaires utiles en amont de la réalisation de travaux ou actes de gestion en forêt. FOREG est pensé pour simplifier la gestion et l’aménagement des forêts. Il permet de déterminer si votre forêt ou celle sur laquelle vous intervenez est concernée par un espace protégé pour la biodiversité, les abords d’un monument historique, un espace classé, la présence de cours d’eau, de zones humides ou de toute autre zone sensible. Au départ d’une parcelle cadastrale ou d’un périmètre délimité sur la carte, l’application fournit les réglementations en vigueur sur ces espaces. Les coordonnées des autorités à contacter en cas de besoin sont également fournies. L’outil facilite la planification et la conformité des projets forestiers en offrant une vision claire des contraintes légales et environnementales.

Il est prévu que l’outil FOREG s’enrichisse prochainement en interrogeant les flux de données relatives aux périmètres de captage en eau potable et le masque forestier.

Le paulownia, essence originaire d’Asie (surtout Chine), a été introduit en Europe dès 1834, initialement pour sa spectaculaire floraison printanière et son usage ornemental dans les parcs et jardins.

Aujourd’hui, en France, certaines entreprises le promeuvent pour la qualité de son bois – réputé pour être très léger et facile à travailler – ainsi que pour la promesse d’une très haute productivité permettant un cycle de production court et un retour sur investissement en quasi 10 ans. Les rendements en bois d’œuvre impressionnants, atteignant potentiellement 44 m³/ha/an pour les meilleures clones dans des systèmes hyper-intensifs, sont rapportés à l’étranger. Le dossier qu’y consacre la revue Forêt & Innovation (IDF) met toutefois en garde : l’atteinte de cette productivité élevée sur le territoire français n’est pas encore confirmée par des publications scientifiques. Et ces valeurs ne sont atteintes qu’à condition de suivre des itinéraires techniques rigoureux sur des sols très favorables. Le paulownia est une essence exigeante qui nécessite une mise en place soignée, un très bon éclairement et, dans la majorité des cas, un apport hydrique régulier (irrigation) durant les premières années pour s’établir. La productivité chute considérablement en cas de stress hydrique ou sur sols dégradés.

Les risques sanitaires sont importants. De nombreux ravageurs (insectes défoliateurs, xylophages, piqueurs-suceurs) et agents pathogènes sont signalés.

En France, le statut réglementaire du paulownia comme essence forestière n’est pas parfaitement clarifié (il n’est pas encore sur la liste officielle des matériels forestiers de reproduction) et les plantations réalisées sur parcelles agricoles avec des densités supérieures à 100 tiges/ha risquent de ne pas bénéficier des aides compensatoires de la PAC. Enfin, bien qu’il soit apprécié en Asie, l’établissement d’un prix de marché stable est encore loin d’être atteint en France vu le peu de volumes disponibles actuellement.

La Wallonie lance le « Plan quinquennal de recherches et vulgarisation forestières 2025-2030 », doté de près de 14 millions d’euros sur 5 ans, pour renforcer la résilience de ses forêts face aux changements climatiques. Porté par la Ministre de la Forêt, Anne-Catherine Dalcq, ce programme associe recherches scientifiques et diffusion pratique des résultats, une approche originale qui vise à rendre les connaissances directement utiles aux propriétaires, gestionnaires et acteurs de la filière forêt-bois.

Le Plan est piloté par le Département de la Nature et des Forêts (DNF) et le Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole (DEMNA) du SPW. Il rassemble l’UCLouvain, l’Université de Liège-Gembloux Agro-Bio Tech, le CRA-W et l’asbl Forêt.Nature. Il est structuré autour de huit axes couvrant la gestion adaptative, les sols, les outils décisionnels, la valorisation du bois local, la génétique forestière et la diffusion des savoirs.

Une entreprise américaine propose un nouveau produit à base de bois, qui présenterait un rapport résistance/masse jusqu’à dix fois supérieur à celui de l’acier, tout en étant jusqu’à six fois plus léger : le « Superwood ».

Cofondée par le scientifique Liangbing Hu, spécialiste des matériaux, l’entreprise Investwood a testé la recette de Hu mise au point en 2017 sur dix-neuf essences de bois différentes ainsi que du bambou.

La recette ? Le bois est mis à bouillir dans un bain d’eau et de produits chimiques sélectionnés. Il est ensuite pressé à chaud pour écraser la cellulose, ce qui le rend très dense.

Selon l’entreprise, le Superwood est jusqu’à 20 fois plus résistant que le bois ordinaire ; il est durable par rapport aux champignons et aux insectes et il devient davantage résistant au feu. Elle ajoute que « l’objectif n’est pas d’être moins cher que le bois, mais d’être compétitif par rapport à l’acier lorsque la production se fera à grande échelle ».

Les forêts sont les écosystèmes qui stockent le plus de carbone, peu importe le climat. Mais aujourd’hui, le rôle de puits de carbone qui leur est couramment attribué est fragilisé, certaines forêts émettant plus de CO₂ qu’elles n’en capturent. En Europe, ces dernières décennies, on constate en effet une diminution de la quantité de carbone stockée annuellement par les forêts tempérées. Cette réduction avoisine les 12 % entre 2000 et 2010. En cause, les sécheresses, tempêtes, maladies et ravageurs, qui ont entraîné une augmentation de la mortalité des arbres et une diminution de leur croissance. En France, les dernières données de l’inventaire forestier indiquent que sur la période 2014-2022, les forêts métropolitaines ont absorbé 39 millions de tonnes de CO₂ par an en moyenne, ce qui représente une diminution de 38 % par rapport à la période 2005-2013.

Les changements climatiques et les activités humaines engendrent une fréquence plus élevée des incendies forestiers. Or, ces derniers sont un facteur aggravant la dégradation de la fonction de puits de carbone des forêts. En effet, les feux causent des émissions massives de CO₂ et un changement dans la composition des forêts, qui mettent des décennies à se remettre de la perturbation (si elles s’en remettent). En forêt boréale, le stockage du carbone est ainsi en nette diminution depuis les années ‘90, plusieurs forêts russes ou canadiennes devenant même émettrices certaines années. De plus, les changements climatiques entraînent un dégel et un assèchement des sols sous ces latitudes, ce qui accélère encore la dégradation du carbone organique qu’ils contiennent. À l’échelle globale, une diminution de 30 % de l’absorption de carbone par les sols forestiers boréaux a ainsi été calculée entre 2000 et 2010.

À l’avenir, suite aux effets combinés des changements climatiques et des activités anthropiques, toutes les forêts sont susceptibles de devenir émettrices de carbone. Globalement, il est estimé que la quantité de carbone stockée chaque année par les forêts dans le monde a déjà diminué d’environ 30 % entre 1990 et 2010. Et cette tendance risque de se poursuivre. Pour endiguer ce déclin, la préservation des forêts existantes est cruciale, ce qui passe par le maintien du stock de carbone forestier et une gestion forestière adaptée en ce sens.

En Wallonie comme partout en Europe, les milieux naturels, au premier desquels figurent les zones forestières, abritent une grande diversité de vestiges archéologiques qui couvrent toutes les périodes de l’Histoire et qui concernent toutes les activités humaines. Le Guide pour une gestion des milieux naturels respectueuse du patrimoine archéologique insiste sur la nécessité d’une collaboration entre les professionnels du patrimoine et les gestionnaires des espaces naturels, car leurs politiques de protection et de conservation sont souvent complémentaires. L’ambition est ici d’instaurer un dialogue et de proposer des solutions pratiques et faciles à mettre en œuvre pour une préservation durable des vestiges archéologiques.

Les vestiges patrimoniaux sont classés en six catégories : monuments et constructions, reliefs et microreliefs, structures enfouies, carrières et mines anciennes, cavités naturelles, et vestiges liés aux cours d’eau. Chacune de ces catégories présente des spécificités et des vulnérabilités particulières face aux menaces de plus en plus importantes auxquelles elles sont désormais exposées. Les impacts les plus destructeurs sont surtout attribuables à l’exploitation forestière, aux travaux de restauration des habitats naturels, aux conséquences du changement climatique, au détectorisme, et à la croissance de la végétation ligneuse.

En plus des recommandations de gestion propres à chaque catégorie de vestiges, le guide s’accompagne d’une cartographie spécifique, complémentaire à la carte archéologique. Cette cartographie, disponible sur base d’une demande motivée, permet aux gestionnaires de repérer de manière précise les vestiges dans les espaces où ils exercent une responsabilité.

Ce nouveau guide espère initier une collaboration fructueuse entre les différents acteurs et ouvrir des pistes pour la mise en valeur des vestiges archéologiques, tout en respectant les impératifs de conservation de la nature.

L’article actualise les connaissances relatives à la thématique des inondations et aux pistes de solutions concrètes pour une gestion forestière adaptée aux enjeux hydrologiques actuels.

Après un bref rappel du cycle de l’eau, il aborde le rôle essentiel du sol face aux inondations : il permet l’infiltration, la rétention et le stockage de l’eau. Les forestiers doivent donc connaître leur sol et le protéger en limitant la compaction et l’érosion lors de l’exploitation (mise en place de cloisonnements, limitation des périodes d’exploitation, choix des méthodes et machines d’exploitation).

L’article aborde également les problématiques liées au bois flottant et les perspectives de régulation des inondations à travers le milieu forestier envisagées par la communauté scientifique tels que les peuplements à mettre en place et leur gestion ou la place du castor dans la gestion des inondations.

En Suisse, entre 2023 et 2025, la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST) a révisé sa directive n° 2134 relative aux travaux forestiers. L’objectif : limiter le nombre d’accidents de travail en forêt. La principale modification apportée à la directive concerne les compétences dont doivent disposer les membres du personnel pour effectuer tout travail forestier présentant des dangers particuliers. D’autres modifications concernent notamment l’utilisation de la tronçonneuse : désormais, celle-ci ne pourra qu’exceptionnellement être utilisée au-dessus des épaules, lors d’abattages d’arbres en terrain escarpé ou lors de travaux sur des arbres sur pied. Plusieurs exigences de sécurité ont été incluses dans des normes spécifiques. La directive stipule par ailleurs que, dorénavant, les treuils, câbles et accessoires de levage utilisés pour le débardage au sol doivent régulièrement faire l’objet d’une inspection par des personnes compétentes en la matière. Pour bien la comprendre, de nouvelles illustrations ont été ajoutées à la directive et d’autres clarifiées. Elles portent notamment sur les zones dangereuses des installations de câbles-grues et de débardage par traction au sol, avec une indication en mètres de ces zones de danger pour le travailleur en forêt. La directive est téléchargeable gratuitement sur le site de la SUVA.

Introduit accidentellement en Europe en 2004, le frelon asiatique est maintenant bien installé en Wallonie et son éradication paraît illusoire. Cette espèce pose problème pour la santé humaine, la biodiversité mais aussi pour le secteur apicole. Sa présence devant les ruches provoque du stress, perturbe le butinage et compromet les réserves hivernales, augmentant ainsi le risque de mortalité hivernale.

Malgré une campagne de neutralisation systématique des nids financée par la Wallonie entre 2016 et 2022, l’espèce s’est installée durablement. La politique régionale a alors évolué vers une stratégie de gestion intégrée combinant la neutralisation des nids, la protection des ruchers et le piégeage des fondatrices au printemps. En effet, les fondatrices sont les plus vulnérables entre mars et mai, lorsqu’elles assurent seules l’entretien du nid primaire.

Le CRA-W, après 3 années de recherches, a mis au point un dispositif de piégeage amélioré pour la capture des fondatrices au printemps, limitant le piégeage d’autres insectes comme les mouches, les abeilles, les bourdons… Il s’agit d’un couvercle qui se visse directement sur les pots alimentaires standards et dans lequel on place un absorbant imbibé d’une substance sucrée attractive. La dimension des trous empêche l’entrée du frelon européen, permet la sortie des insectes endémiques mais empêche celle du frelon asiatique.

Lors de la campagne de 2025 :

  • Avec moins de pièges, deux fois plus de frelons asiatiques ont été capturés par rapport à 2024, notamment grâce à l’utilisation d’éponge plutôt que du bioabsorbant.
  • 83 % des insectes capturés étaient des frelons asiatiques, ce qui prouve la sélectivité du dispositif.
  • Certains maillages ont été particulièrement efficaces. Des études complémentaires sont en cours pour pouvoir conseiller au mieux les apiculteurs dans le placement des pièges à l’avenir.

Le WWF France a mis sur pied une possibilité de financement rémunérant certaines pratiques forestières bénéfiques à la biodiversité. L’idée est de soutenir financièrement les propriétaires forestiers qui souhaitent s’engager à la fois dans la préservation du climat et de la biodiversité. L’outil promu par le WWF depuis 2018 s’appelle le PSE : Paiement pour des pratiques bénéficiant aux Services Écosystémiques d’intérêt général comme la protection des sols, la purification de l’eau, l’atténuation des changements climatiques ou la préservation de la biodiversité. L’idée n’est pas de payer le service mais plutôt de compenser un éventuel manque à gagner ou financer un coût supplémentaire lié à la pratique vertueuse, pour autant qu’elle soit d’intérêt général et additionnelle. Les PSE reposent sur six axes clé : la légitimité, l’efficience, l’additionnalité, la durabilité, l’équité et la transparence.

La méthode a été testée de 2021 à 2023 sur quatre projets pilotes en France, ce qui a permis de tester et cadrer les méthodes, de démontrer leur efficacité et de concevoir des outils pratiques.

Un Fonds Nature Impact a été développé. L’idée est de démontrer la faisabilité de la mise à l’échelle d’un programme national générant des projets présentant un double bénéfice carbone et biodiversité. Le Fonds finance des pratiques que les forestiers souhaitent engager au bénéfice des services écosystémiques de la forêt. Les bénéficiaires sont choisis via appels à projets, sur base de critères exigeants. En 2023, cinq projets ont été retenus pour leur gouvernance rigoureuse, l’ambition de leur impact et leur pérennité. Un nouvel appel à projet a été lancé en mars 2025. Plusieurs outils sont mis à la disposition des porteurs de projets dont un référentiel actualisé présentant les pratiques de gestion forestière finançables.