Search
Generic filters
Formation
Revue Forêt.Nature
Forêt.Mail
Bibliotheque

La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Les nombreux services écosystémiques fournis par les forêts dépendent fortement de la diversité en espèces, comme cela a été fréquemment montré. Si les relations diversité-fonctionnement, résultant principalement de la complémentarité entre espèces d’arbres au niveau individuel, sont assez bien documentées, il n’en va pas de même pour les processus émergents à l’échelle des communautés.

En s’appuyant sur les inventaires forestiers nationaux de six pays européens et des expériences virtuelles en modélisation, une équipe de chercheurs français a tenté de montrer que la diversité des espèces favoriserait la productivité en ayant un effet positif sur la densité maximale du peuplement.

Cet effet de densité semble assez général dans les forêts européennes et pourrait être pris en compte pour les programmes de gestion et d’atténuation des changements climatiques.

Dans cet article, les auteurs font le constat que l’idée de remplacer les forêts françaises par des plantations d’espèces plus résilientes face au changement climatique est controversée parmi les scientifiques et les gestionnaires. Bien que les forêts françaises souffrent et perdent leur capacité à stocker du carbone, cette approche interventionniste soulève plusieurs inquiétudes.

D’abord, les modèles utilisés pour prédire la vulnérabilité des forêts sont incertains et souvent trop pessimistes, car ils ignorent généralement les capacités d’adaptation naturelle individuelle des arbres. De plus, l’urgence perçue d’agir rapidement pour renouveler les peuplements ne prend pas en compte le cycle naturel des forêts, qui peuvent se reconstituer en quelques décennies sans intervention drastique.

D’un point de vue économique ensuite, raser les forêts existantes pour planter de nouvelles espèces coûte cher et pourrait être inefficace. La coupe rase diminue la résilience des forêts, fragilise les jeunes plantations et génère des pertes en biodiversité, en carbone stocké et en fertilité des sols.

Les auteurs proposent donc d’adopter des solutions plus nuancées, comme la gestion forestière favorisant la diversité des essences et l’enrichissement sous couvert. L’enjeu est d’accompagner l’adaptation des forêts sans risquer d’aggraver leur dégradation par des pratiques excessivement interventionnistes.

Le projet ÉPIFOR, financé par le Plan de relance de la Wallonie, propose une méthode simplifiée d’évaluation de la continuité et de la naturalité forestière et de l’impact des changements climatiques sur la biodiversité forestière grâce aux lichens et bryophytes épiphytes. L’outil, développé pour les chênaies et les hêtraies wallonnes, a été mis au point par des chercheurs de l’UCLouvain, de l’ULiège et Epiphytia.

Forêt.Nature a été choisi comme partenaire de formation pour ce projet. Quinze journées sont données pour les agents du DNF, une brochure reprenant le mode d’emploi de la méthode et un outil technique pour la reconnaissance des espèces indicatrices et les éléments nécessaires au calcul de l’indice de naturalité sont distribués aux participants.

Comment le hêtre va-t-il se comporter face aux changements climatiques ? Bien que différents scénarios soient possibles, les perspectives pessimistes sont plus probables. C’est ce que montre une nouvelle étude menée par le WSL.

Il ne fait aucun doute que de nombreux arbres ne peuvent plus se rétablir après les années de sécheresse qui les ont fortement mis à mal. Ils sont donc plus vulnérables aux conditions météorologiques extrêmes. Un dépérissement à grande échelle du hêtre n’est donc pas non plus improbable.

Le hêtre perdra certainement en dominance et en surface, non seulement sur les sites marginaux où il ne bénéficie pas de conditions optimales, mais aussi dans une grande partie de son aire de répartition en Europe centrale.

L’ampleur des modifications que connaîtra le hêtre et les surfaces qui seront touchées d’ici la fin du siècle dépendront de l’évolution des changements climatiques et donc du succès des mesures de réduction des émissions globales de CO₂.Il est toutefois certain que le hêtre souffrira même si les émissions de CO₂ sont nettement réduites et donc si les prévisions concernant les changements climatiques sont plutôt optimistes. Afin de positionner les hêtraies dans les meilleures conditions pour l’avenir, l’étude recommande d’introduire dans les peuplements des essences tolérantes à la chaleur et à la sécheresse, comme le chêne par exemple.

Vincent Colot, généticien des plantes, directeur de recherche au CNRS, étudie depuis plus de 25 ans l’épigénétique à travers le monde végétal. « L’épigénétique, ce n’est rien d’autre qu’un ensemble de fonctions codées par le génome pour contrôler sa propre activité » explique Vincent Colot.

L’épigénétique permet aux êtres vivants de s’adapter à des contraintes de leur environnement en modifiant l’activité de leurs gènes sans affecter la suite des lettres de l’ADN. Et ces modifications peuvent se transmettre à la descendance, lors de la reproduction.

Par quel processus ? Chaque cellule détient un stock de gènes, mais elle n’en active qu’une fraction. Cette fraction de gènes attribue une forme et une fonction à la cellule. Ainsi, une cellule de notre foie n’activera pas la même fraction de gènes qu’une cellule de notre biceps. Cette fraction est pour partie contrôlée par des processus épigénétiques. Un peu comme des interrupteurs qui allument ou éteignent les gènes.

Vincent Colot a étudié une plante, Arabidopsis, qui fait partie de la famille du chou et des cardamines. Il a découvert les « gènes sauteurs » et a mesuré leur impact sur les caractères de la plante : retard de floraison, production de nectar bloquée, meilleure résistance à la sécheresse…

Dans la nature, les variations épigénétiques sont loin d’être anecdotiques. Chez Arabidopsis, elles peuvent être transmises sur plusieurs générations. « Ces processus épigénétiques modulent préférentiellement l’activité de gènes qui permettent à la plante de répondre à des stress environnementaux : sécheresse, attaques de pathogènes liées à une forte pluviométrie, etc. », souligne Vincent Colot.

Chez les plantes, l’épigénétique permet une adaptation rapide, intense mais réversible à un environnement changeant. Et cela se transmet aux générations suivantes, au contraire du règne animal. En effet, chez les mammifères, les modifications liées à l’épigénétique sont généralement effacées lors de la fécondation.

C’est un projet d’aménagement forestier inédit : créer en Île-de-France, en pleine zone urbaine, une nouvelle forêt de plus d’un million d’arbres et 1350 hectares. Dans la plaine de Pierrelaye-Bessancourt, le premier érable de la désormais « Forêt de Maubuisson » a été planté le 25 novembre 2019. Quel est le bilan aujourd’hui ?

L’objectif de cet ambitieux projet est d’imaginer la forêt du 21e siècle, durable, résiliente et accueillante pour les populations. L’aménagement forestier élaboré répond ainsi aux enjeux de protection de la biodiversité, de lutte contre la pollution atmosphérique et d’adaptation aux changements climatiques, et compose avec plusieurs contraintes environnementales et sociétales locales (évacuation de dépôts sauvages, occupations illégales, sols pollués, forte pression urbaine). En plus des 350 hectares de forêts déjà existantes sur le territoire, 600 hectares de nouveaux boisements vont être établis et 300 hectares de milieux ouverts restaurés.

Sous l’encadrement de l’ONF, cet hiver 2024-2025 voit la sixième campagne de plantations se poursuivre, avec l’objectif d’atteindre en fin de saison une surface de 310 hectares de forêt plantée. La diversité en essences est le premier atout de la Forêt de Maubuisson face aux changements climatiques. En effet, la plantation en mélange de 30 essences forestières et 18 essences arbustives est prévue, réalisée en prenant en compte à la fois les interactions entre essences et les types de sols (adéquation essence-station). Des haies brise-vent sont aussi plantées pour améliorer la croissance des parcelles les plus exposées dans la plaine.

Le projet est prévu sur 10 ans. « À ce jour, plus de 250 hectares de nouveaux boisements ont été plantés, représentant plus de 500 000 arbres ». En 2024, les taux de reprise des 5 premières campagnes de plantation ont pu être calculés : plus de 90 % la première année, 78 % la deuxième et 78 % également la cinquième. Des résultats encourageants pour ce projet représentant un véritable levier d’attractivité et de développement du territoire du Grand Paris !

Dans le cadre du projet GoProForMed, plusieurs thèses ont été développées pour approfondir le lien entre état de la forêt et niveau de biodiversité.

La première est la thèse de Francesco Di Pietro sur l’influence des caractéristiques structurelles sur le diagnostic des espèces végétales des habitats forestiers méditerranéens. La directive Habitats de l’Union européenne, visant à protéger la biodiversité et les habitats d’espèces, utilise des listes d’espèces indicatrices pour évaluer l’état de conservation des habitats. Les résultats obtenus ont révélé que des variables structurelles, telles que la richesse en espèces d’arbres et la porosité du couvert végétal, influencent fortement la présence et la couverture des espèces indicatrices dans les habitats étudiés.

La deuxième thèse, de Mirko Legnaro Diamanti, concerne les réponses des communautés de lichens épiphytes à la structure forestière et au microclimat dans les forêts méditerranéennes. La thèse conclut que les lichens, très sensibles aux changements environnementaux, réagissent rapidement aux modifications des écosystèmes forestiers. Les paramètres du couvert forestier sont plus importants pour la biodiversité des lichens que la structure générale de la forêt. Il existe également des liens entre la composition des communautés de lichens et les variables climatiques. En comprenant quels paramètres structurels favorisent des conditions écologiques bénéfiques pour ces communautés de lichens, il sera possible de mieux gérer les forêts pour favoriser leur biodiversité.

La dernière thèse de l’article est celle d’Elisa Caprasecca. Elle étudie les relations entre la structure forestière et la richesse des catégories fonctionnelles d’invertébrés dans les habitats méditerranéens dominés par le châtaignier, le chêne vert, le chêne liège et le pin noir. Les résultats montrent que maintenir une haute diversité dans le bois mort et la végétation du sous-étage est essentiel pour préserver la diversité fonctionnelle des invertébrés dans les forêts méditerranéennes, contribuant ainsi à la gestion durable des forêts et à la conservation de la biodiversité.

Le guide pédagogique proposé par Cœur de Forêt met en lumière l’importance des sols dans la gestion durable des forêts. Souvent perçu comme un simple support pour les arbres, le sol est en réalité un élément vital qui influence directement la santé et la résilience de l’écosystème forestier. Par exemple, un sol compacté peut nuire au développement des racines, limiter l’accès à l’eau et aux minéraux, et impacter la biodiversité.

Ce guide, conçu par François Cazes de Canopée Conseil, est destiné à aider les propriétaires forestiers à mieux comprendre et gérer les sols forestiers. Il se base sur des références reconnues telles que le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) et présente des informations pratiques, illustrées de schémas et d’exemples concrets.

Ce document a été élaboré à partir de deux sessions d’animation organisées par Cœur de Forêt pour sensibiliser les propriétaires à l’importance de cet aspect central de la gestion forestière. Accessible à tous, que vous soyez expérimenté ou simplement curieux, ce guide est un outil précieux pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur les sols forestiers et améliorer la gestion de leur forêt. Le guide est disponible en téléchargement gratuit.

Quels sont les facteurs de succès ou d’échec de la restauration des forêts ? Quelles leçons tirer des projets mis en place ces dernières décennies ? L’étude présentée dans cet article a tenté de répondre à ces questions en analysant les retours de 32 experts en restauration des forêts issus de 18 pays européens.

Il en ressort 10 leçons principales :

  1. Les catastrophes naturelles catalysent les efforts de restauration et orientent le type de restauration effectué (eau, climat…).
  2. Les crises géopolitiques peuvent à la fois entraver et stimuler les progrès en matière de restauration. À titre d’exemple, les forêts sont souvent dégradées et surexploitées lors de guerres mais de vastes projets de restauration y ont également vu le jour pour éviter les pénuries de bois, façonnant les forêts d’aujourd’hui.
  3. Le type de propriété et de gestion : une gestion centralisée des forêts est souvent vecteur de projets de restauration d’envergure, alors que la fragmentation est davantage un frein aux actions de restauration.
  4. Les mécanismes de financement : il est indispensable de trouver des sources et mécanismes de financements à long terme et non dépendants des fluctuations des marchés et des politiques.
  5. La dépendance au marché du bois : la demande en bois d’œuvre et bois énergie influence les stratégies de restauration. Un système de paiement des services écosystémiques pourrait renforcer l’engagement des propriétaires et assurer la durabilité des projets.
  6. Les réalités sociodémographiques et sociales : l’exode rural tend à réduire les conflits liés à l’utilisation des terres mais engendre d’autres problématiques telles que la non gestion des forêts et une perte d’engagement vis-à-vis des projets de restauration.
  7. Les politiques nationales et internationales jouent un rôle essentiel dans le développement de stratégies de restauration.
  8. L’alignement des objectifs : l’intégration des aspects environnementaux, sociaux, économiques et politiques est essentielle pour obtenir des effets transformateurs sur le long terme.
  9. Conflits : un obstacle majeur à la réussite de projets est la divergence des objectifs (par exemple, production de bois d’œuvre versus conservation). La résolution de ces conflits nécessite une approche globale pour répondre aux défis de la société.
  10. Une vision à long terme : l’expérience montre qu’une vision à long terme est indispensable pour limiter les risques et mettre en place des projets bénéfiques tant pour les écosystèmes que pour les communautés.