Les forêts de Ried et de Hohflüe (communes de Riederalp et de Bitsch, Suisse) protègent des dégâts naturels pouvant survenir en milieu montagnard (avalanches, chutes de pierres et boues torentielles). Toutefois, leur rôle protecteur est mis à mal par la pression de la grande faune, qui ralentit fortement la régénération et le rajeunissement naturel de ces forêts par un abroutissement important.
Une nouvelle méthode d’évaluation permet d’estimer les coûts de l’abroutissement par rapport à une situation basée sur un impact de la grande faune supportable. Dans le cas des forêts de Ried et de Hohflüe, il s’agit de montrer ce que coûtera le maintien de leur effet protecteur malgré la forte pression d’abroutissement dans les 50 années à venir.
Pour la forêt de Ried, l’abroutissement empêche la jeune forêt de se développer, à un point tel que son rôle protecteur ne sera plus assuré une fois que les dispositifs paravalanches installés dans les années ’90 auront atteint leur fin de vie. Leur remplacement nécessaire et la pose d’une clôture à gibier sur le reste de la surface forestière engendreront des coûts de 2,97 millions de francs suisses (environ 2,6 millions d’euros).
La forêt de Hohflüe nécessitera également la pose d’une clôture à gibier pour limiter l’abroutissement des jeunes arbres et assurer le rôle protecteur de la forêt, à hauteur de 1,2 million de francs suisses (environ 1,05 million d’euros). Si ces investissements ne sont pas réalisés, la situation n’en sera que plus coûteuse à l’avenir. De plus, l’abroutissement excessif dans les communes concernées ici entraîne des risques liés aux dangers naturels, qui entraîneront à leur tour des coûts non négligeables aux collectivités publiques dans les 50 années à venir.
Mettre en place rapidement des mesures de lutte efficaces contre l’abroutissement permettra donc d’éviter ou diminuer ces frais conséquents.
Zürcher-Gasser N., Frehner M. (2019). Forêts protectrices et coûts induits par l’abroutissement. La Forêt, 2/2019.