Le nourrissage est un mode de gestion bien présent en Europe quoique de manière fort diversifiée. Les principales raisons invoquées pour ce nourrissage sont : pour les cervidés : la prévention des dégâts (29 %), l’amélioration du taux de survie (23 %), le maintien d’une densité économique (19 %), le maintien de la condition physique (13 %), la prévention des accidents de la route (10 %), la qualité du trophée (3 %), la fidélisation sur le territoire (3 %) ; pour le sanglier : la prévention des dégâts (52 %), l’amélioration du taux de survie (12 %), le maintien d’une densité économique (12 %), le maintien de la condition physique (6 %), l’appâtage pour le tir (6 %), la qualité du trophée (6 %), la fidélisation sur le territoire (6 %). Parmi les raisons évoquées, certaines ont fait l’objet de vérifications sur base d’observations objectives ou d’expérimentations scientifiques. Ainsi, pour les cervidés : l’effet du nourrissage sur le taux de survie est controversé. Celui-ci serait surtout lié aux précipitations et à la température moyenne observées à la fin de l’été et dans le courant de l’automne, périodes durant lesquelles les animaux font leurs réserves ; l’effet sur la masse corporelle n’est pas plus évident. Le nourrissage passe en tous cas après les précipitations hivernales. Pour être efficace, le nourrissage doit être suffisant, bien réparti et bien équilibré. Sans cela, il instaure des compétitions intra-spécifiques néfastes. Mais, a contrario, ce nourrissage de qualité annihile la sélection naturelle ; l’amélioration des trophées serait surtout liée à l’apport minéral de la ration ; l’effet sur la prévention des dégâts n’a pas fait l’objet de suffisamment d’études que pour être démontré. Et pour le sanglier : l’effet du nourrissage sur l’augmentation des populations est avéré. D’une part, il diminue la mortalité et, d’autre part, augmente le potentiel de reproduction en diminuant l’âge de la maturité sexuelle ; à certaines conditions, le nourrissage aurait un effet dissuasif par rapport aux zones agricoles sensibles (nourrissage quotidien, en traînée, en faible quantité, à une certaines distances des lisières…). Il est déconseillé en milieux pauvres (résineux) et ne fonctionne que pour des densités en équilibre avec la capacité d’accueil de l’habitat ; aucune étude connue des auteurs n’a démontré de diminution de dégâts au prairie du fait du nourrissage. D’autres problèmes peuvent également surgir avec la pratique du nourrissage : des phénomènes de concentration si le nourrissage se fait sur de faibles surfaces avec des problèmes de piétinement, transfert de maladies et parasites, dégâts à la végétation voisine, etc. ; une altération du comportement sauvage des animaux et une dépendance au nourrissage ; un nourrissage efficace, c’est-à-dire en quantité et qualité suffisante, est très onéreux et pas toujours rentabilisé par la chasse.