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Forêt.Nature n°124

La maladie de l’Aulne en Wallonie : évolution depuis son émergence

Jennifer Di Prinzio, Anne Chandelier, Frédéric Henrotay, Hugues Claessens

Une étude financée par le Département des Cours d’Eau Non Navigables a été menée en Wallonie à partir de 2002, afin d’observer l’évolution et la virulence de la maladie Phytophtora alni. Ainsi, deux cents placettes ont été mises en place le long des ruisseaux et rivières wallonnes. Afin de déterminer si la maladie se propage aussi à l’écart des cours d’eau et de leurs crues, une quarantaine de placettes forestières d’aulnes ont également été suivies en 2003, 2007 et 2012. Pour chaque placette, chaque souche et brin de cépées ont été répertoriés et numérotés. Les données récoltées étaient : Le type de nécroses (absence, présence avec ou sans suintement, celui-ci pouvant être actif ou inactif) ; la taille de la nécrose ; la couleur de la nécrose ; la taille des feuilles ; la couleur des feuilles ; et l’état du houppier (normal, clair, très clair, mourant ou mort). En ce qui concerne l’évolution globale de l’état sanitaire, le taux de mortalité au sein des placettes de cours d’eau est stable et faible sur ces dix dernières années : en moyenne 1, 3 % par an. Cependant, ce taux de mortalité est sans doute sous-évalué du fait de la non prise en compte des tiges de diamètres inférieurs à 22 centimètres de circonférence, alors que celles-ci sont justement réputées plus sensibles à la maladie. Le nombre de placettes sur lesquelles au moins un arbre symptomatique a été observé est très important, passant de 60 % en 2002 à 90 % en 2011.Cependant ces valeurs sont moins marquées si l’on ne considère que les arbres à symptômes marqués (nécroses et dépérissements du houppier). Si l’on s’attarde uniquement sur les placettes contenant au moins un aulne nécrosé, signe le plus fiable de la présence de Phytophtora, la progression de la maladie est plus inquiétante car le taux de sites atteints a plus que doublé entre 2002 et 2011, passant de 20 % à 50 %. En termes de peuplements forestiers, les taux d’aulnaies atteintes sont comparables à ceux des cordons rivulaires. Par contre, la proportion d’arbres à symptômes marqués ou mourants, est environ deux fois moindre. La mortalité reste très faible, nettement inférieure à 1 % des souches (comme pour les cours d’eau, les placettes ne tiennent pas comptent des dimensions inférieures à 22 cm de circonférence). La maladie a donc une occurrence similaire sur les placettes forestières et sur celles situées le long du cours d’eau, mais l’impact du Phytophtora sur ces dernières en nombres d’arbres atteints est plus important. Si l’on s’en tient aux symptômes marqués, le niveau actuel de la maladie de l’aulne, est moins alarmant en forêt à l’écart des cours d’eau que sur les berges, avec de l’ordre de 20 % d’arbres concernés en forêt contre 35 % en cordons rivulaires. La différence est encore plus marquée si l’on s’en tient aux nécroses : respectivement 4 et 13 %. De manière générale, on assiste à une dégradation progressive de l’état sanitaire des aulnaies en Wallonie, plus marquée en cordons rivulaires que dans les peuplements forestiers. Les observations montrent que la maladie s’est tellement généralisée, en forêt comme en ripisylve, qu’il est illusoire de la combattre par abattage. Il semblerait de plus qu’au stade de dépérissement, le recépage de la souche, fortement affaiblie, n’a que peu de chance de donner lieu à un rejet sain et vigoureux. Par contre, la conservation des souches pour leur rôle dans le maintien des berges peut justifier des interventions ciblées. [A.D]

Di Prinzio J., Henrottay F., Claessens H., Chandelier A.[2013]. La maladie de l’Aulne en Wallonie: Evolution depuis son émergence. Forêt Wallonne 124: 3 - 19 (17p., 14fig., 10réf.).