La futaie jardinée est une forme de gestion irrégulière, dont la courbe de distribution des tiges représente une hyperbole. Cela signifie que des arbres de toutes dimensions cohabitent dans un même peuplement, mais où chacune des classes de diamètre possède un nombre constant de tiges. On parle alors de structure irrégulière à l’état d’équilibre. Ce traitement est largement appliqué en Forêt Noire, en Allemagne. En fait, cette gestion n’est pas le fait d’un choix effectué de longue date, mais plutôt le résultat de longues périodes de dévastations ou, tout simplement, d’absence de gestion prolongée. Il faut ajouter que les conditions stationelles sont favorables aux essences les plus adaptées pour la futaie jardinée, à savoir le sapin pectiné et l’épicéa commun. En effet, on y trouve des altitudes comprises entre 400 et 800 mètres, des précipitations variant de 800 à 1500 mm, et le substrat géologique composé de grès bigarré, granit et gneiss donne des sols plutôt acides. Plus le peuplement est irrégulier, plus la part de sapin est importante. Alors que les premières typologies en futaie jardinée se basaient sur un ensemble de variables à observer (surface terrière, proportion des différentes classes de diamètre et volume), la typologie utilisée en Forêt Noire se base sur trois catégories de diamètre, à savoir les petit bois (7-25 cm), les bois moyens (25-50 cm) et les gros et très gros bois (50 et plus). Dans chacune de ces catégories, on compare le nombre d’arbres réels avec un nombre idéal, celui de la norme. On peut alors attribuer à ces catégories un chiffre, 1, 2 ou 3, en sachant que « 1 » signifie un nombre de tiges inférieur à la norme, « 2 » un nombre de tiges sensiblement égal à celui de la norme, et « 3 » un nombre de tiges excédentaire. On obtient ainsi un nombre à trois chiffres qui définit le type de structure du peuplement étudié. Par exemple, le type « 222 » correspond à la répartition idéale, « 122 » indique un type de peuplement déficitaire en petits bois et « 231 » un déficit de gros bois et un excès de bois moyens. Bien qu’au total on obtienne en théorie vingt-sept possibilités différentes de types de structure, cette typologie, pragmatique et simple d’utilisation, renseigne le type de peuplement actuel rien que par son appellation et permet d’orienter les opérations sylvicoles ultérieures. [A.D.]