Depuis plus de vingt ans, les chercheurs ont mis en évidence une augmentation de la productivité de nombreux peuplements partout en Europe. Ces hausses de productivité ont eu lieu lors des 150 dernières années. L’INRA et l’ONF ont particulièrement décrit le phénomène pour le hêtre dans le Nord-Ouest et le Nord-Est de la France. Des écarts de productivité de plus de 4 mètres pour un même âge, entre jeunes et vieux peuplements, ont été mis en avant dans le Nord-Est. Les origines de cette hausse de productivité, observée sur toute l’Europe, faut encore débat mais les dépôts azotés semblent rassembler un consensus parmi les scientifiques. Sont également citées comme causes l’évolution de la concentration en CO₂ atmosphérique et l’augmentation des températures globales. Les conséquences physiologiques ne sont pas anodines. La hausse de productivité engendre des besoins accrus en nutriments autre que l’azote. Or la plupart des forêts se trouvent sur sols peu fertiles. Dans les stations les plus pauvres, les besoins supplémentaires en éléments nutritifs (P, Ca, Mg…) induits par la hausse de productivité pourraient ne plus être satisfaits. Suite à des stress climatiques, l’état sanitaire des arbres pourrait ensuite se dégrader et occasionner une diminution importante de la productivité jusqu’à atteindre des niveaux plus bas que ceux qui prévalaient avant la hausse. Les auteurs préconisent le mélange du hêtre avec d’autres essences moins exigeantes en eau et en nutriments afin de limiter les risques écologiques et économiques.