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Forêt.Nature n°92

Comment le prélèvement qualitatif du sanglier peut influencer sa démographie ?

Servanty S., Gaillard J.-M., Toïgo C., Lebreton J.-D., Baubet E., Klein F., Brandt S.

La gestion du sanglier actuellement appliquée dans la plupart des pays européens montre qu’elle ne peut pas limiter la progression des effectifs de populations. Une des raisons est que les gestionnaires ne disposent pas d’estimations fiables des paramètres démographiques comme la survie ou la fécondité. Ils ne peuvent donc pas définir, a posteriori, de règles de prélèvement à réaliser selon les objectifs qu’ils se sont fixés. L’équipe de recherche dont fait partie l’auteur de l’article, a donc entrepris d’analyser et de modéliser la dynamique d’une population exploitée de sangliers, de manière à obtenir des paramètres « de sortie » pouvant être comparés à des données de terrain recueillies par la majorité des gestionnaires : le poids et le sexe de l’individu. Le taux d’accroissement, calculé à partir de ce modèle, est en accord avec celui calculé à partir des variations inter-annuelles du tableau de chasse national français (1, 075 vs 1, 088). De là, ont été établies des stratégies de gestion basées sur trois catégories de poids de femelles (< 30 kg vidés ; 30-50 kg vidés ; > 50 kg vidés) pouvant conduire à la stabilisation du taux d’accroissement. Parmi les diverses possibilités, deux, assez opposées, peuvent être illustrées clairement : 1. Soit la pression de chasse s’exerce sur les femelles légères (poids inférieur à 30 kg vidés) et dans ce cas le prélèvement doit être intensifié pour passer de 43 à 82 % des animaux présents dans la population sachant que le prélèvement sur les deux autres catégories de laies doit aussi être de 43 %. 2. Soit l’effort s’exerce sur les femelles de poids moyen (entre 30 et 50 kg vidés) ou sur les grosses femelles (poids supérieur à 50 kg vidés) ce qui impliquera une intensification modérée de l’effort de prélèvement, c’est-à-dire de 43 à 51 % (laies moyennes) ou de 43 à 54 % (grosses laies) des individus de la population. Là encore, il faudrait continuer à prélever 43 % des deux autres catégories de femelles. Dans la mesure où il paraît assez difficile de prélever plus de 80 % des femelles de moins de 30 kg présentes dans la population, un effort sur le prélèvement des laies plus lourdes semble être la solution à préconiser pour réussir à stabiliser les effectifs des populations de sangliers. Dans tous les cas, quelle que soit la solution de gestion choisie, l’effort de chasse doit être à la fois qualitatif et quantitatif.

Servanty S., Gaillard J.-M., Toïgo C., Lebreton J.-D., Baubet E., Klein F., Brandt S. [2008]. Comment le prélèvement qualitatif du sanglier peut influencer sa démographie ? Forêt Wallonne 92 : 6-14.