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Forêt.Nature n°105

Bilan méthodologique des méthodes de comptage du cerf

Alain Licoppe, Julien Lievens, Sabine Bertouille

Afin de déterminer les plans de tir pour l’espèce cerf, il convient d’estimer les populations, mais les méthodes utilisées ont souvent de qualité inégale. Ce passage en revue des différentes méthodes utilisées, permet d’attirer l’attention sur la qualité de ces méthodes et les pièges dans lesquels ne pas tomber. Le recensement par approche et affût combinés, en plus de monopoliser de très nombreux observateurs (à pied, en véhicule et sur mirador), donne des résultats très variables, qui dépendent de l’effort de recensement (nombre d’observateurs), mais aussi de la visibilité et des conditions d’observation. L’analyse des cohortes consiste à reconstituer l’effectif a posteriori, suite à la récupération des mâchoires de tous les animaux tirés et à l’estimation de l’âge de chaque animal. On peut ainsi en déduire sur le long terme, le nombre d’animaux nés une année. Cette analyse permet surtout de comparer les chiffres des recensements traditionnels avec les estimations de cohortes. L’estimation de la population dépend donc de la détectabilité, comprise entre 0 et 1, avec des valeurs dépendantes de plusieurs facteurs au cours du temps. Les méthodes exhaustives ont, pour l’espèce cerf en forêt, tendance à sous-estimer les effectifs réels. Mais dans quelle proportion ? C’est encore l’inconnue principale et donc l’ennemi numéro 1 pour les calculs des plans de tir. La méthode « capture-marquage-recapture » permet de connaître cette détectabilité, avec l’aide d’animaux marqués par des colliers d’identification. Il en ressort une sous-estimation récurrente des populations par les méthodes exhaustives, mais aussi une variabilité importante entre deux comptages. L’utilisation d’indicateurs bien choisis devrait alors permettre de connaître au mieux les variations de population, sans en connaître le nombre précis. Les comptages (nocturnes) au phare constituent un bon indicateur, peu dérangeant pour le gibier et permettant d’associer chasseurs et forestiers. Cependant, un comptage par an n’est pas suffisant. Quatre répétitions sont à privilégier pour utiliser la valeur moyenne obtenue, ainsi que l’intervalle de confiance associé. Enfin, des alternatives aux observations directes peuvent être utilisées. Les indices basés sur les performances physiques des cerfs ne sont pas sensibles aux variations annuelles de densité, et inutilisables pour fixer les plans de tir. Par contre, les indicateurs liés à la végétation (mesure de la hauteur de la myrtille avec et sans abroutissement) peuvent être plus intéressants, mais manquent de robustesse par rapport aux conditions climatiques extrêmes, en plus d’être moins attrayants auprès des observateurs bénévoles.

Licoppe A., Lievens J., Bertouille S. [2010]. Bilan méthodologique des méthodes de comptage du cerf. Forêt Wallonne 105: 26-37.