Search
Generic filters
Formation
Revue Forêt.Nature
Forêt.Mail
Bibliotheque

La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Situation de crise dans le Sud-Ouest de la France suite à la confirmation du premier foyer français du nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus) le 3 novembre 2025 à Seignosse (Landes). Cet organisme de quarantaine prioritaire s’attaque aux pins maritimes et autres résineux, causant un blocage vasculaire et la mortalité rapide de l’arbre. Le ravageur se propage localement par le coléoptère Monochamus galloprovincialis, un insecte vecteur très présent dans le Sud-Ouest.

Cette détection, bien que redoutée depuis l’installation et la propagation du nématode au Portugal à la fin des années 1990, met en lumière la vulnérabilité des systèmes de production forestière spécialisés face à l’introduction d’organismes nuisibles.

Pour limiter une dissémination qui pourrait atteindre l’échelle de plusieurs centaines de milliers d’hectares observée dans le Sud de l’Europe, un arrêté préfectoral a instauré une « zone réglementée » (20 km) englobant 56 communes, ainsi qu’une « zone infestée » de 500 mètres autour des arbres contaminés.

Les mesures d’éradication sont drastiques :

  • Suspension d’activité : tous les travaux forestiers (coupe, débardage, etc.) sur résineux sensibles sont suspendus dans la zone réglementée, impactant directement les chantiers.
  • Éradication en zone infestée : l’abattage de tous les végétaux sensibles dans la zone infestée est impératif.
  • Réglementation des flux : la circulation et la sortie de bois et d’écorces non transformés sont interdites, sauf si le bois est traité thermiquement.

 

Ces mesures d’urgence paralysent la filière bois en suspendant les travaux forestiers et les chantiers, impactant gravement les professionnels comme les charpentiers et les menuisiers. L’inquiétude est particulièrement vive à l’approche des fêtes, car elle bloque la livraison et le transport des sapins de Noël pour les magasins et les particuliers dans la zone concernée.

La surveillance sanitaire intensive, mobilisant techniciens et technico-commerciaux, peut durer jusqu’à 4 ans. Cet épisode critique rappelle l’impératif de repenser l’adaptation des forêts aux changements climatiques, non seulement par la résistance à la sécheresse, mais aussi par une diversification accrue des peuplements pour complexifier le paysage et réduire les risques de propagation future.

Le stockage de carbone est un des nombreux services écosystémiques fournit par la forêt. En effet, les forêts constituent, avec les océans, l’un des deux puits de carbone les plus importants, via le stockage dans les sols et dans la biomasse des arbres. Mais quelles essences possèdent le plus grand potentiel d’atténuation ?

Une réponse qui semble aller de soi : plus un arbre pousse vite, plus il séquestre de carbone à travers la photosynthèse. Et donc, promouvoir des arbres à croissance rapide serait un levier de l’atténuation du changement climatique…

Mais est-ce vraiment le cas ? Une étude menée par Bordeaux Sciences Agro et l’Inrae, s’est penchée sur la question en analysant la croissance de 233 espèces d’arbres dans 160 forêts expérimentales réparties dans le monde entier. Et la réponse n’est pas aussi simple.

Les chercheurs font l’analogie avec une course de vitesse : pour gagner, on pourrait avoir envie de choisir une Formule 1… Mais si la piste est cabossée, choisir une voiture de rallye serait plus pertinent.

Il en va de même pour la croissance des arbres. Deux grands groupes d’arbres sont identifiés dans l’étude, établis selon la relation entre la vitesse de croissance et certaines de leurs caractéristiques appelées « traits fonctionnels » (réponse des arbres aux facteurs environnementaux).

  1. Les arbres dits « acquisitifs », comme les érables ou les peupliers, poussent rapidement. Ils sont capables de puiser très efficacement les ressources (lumière, eau, nutriments) et de les transformer en biomasse. Leurs surfaces de prélèvement sont optimisées (feuilles larges et fines, racines longues et fines).
  2. Les arbres dits « conservatifs », comme le sapin et le chêne pubescent, sont plus efficaces dans la conservation des ressources internes (feuilles et racines moins étalées et plus épaisses pour limiter les pertes d’eau, renouvellement des organes moins fréquents pour limiter les besoins en ressources). Ils sont plus tolérants aux stress environnementaux.

 

Les chercheurs se sont demandé : quels arbres poussent le plus vite, les acquisitifs ou les conservatifs ?

En conditions contrôlées, les arbres « acquisitifs », Formule 1 du monde végétal, gagnent la course à la croissance. Mais dans les forêts boréales, tempérées et méditerranéennes, ce sont les arbres « conservatifs » qui poussent généralement plus vite… Ce résultat s’explique par la localisation de ses forêts, le plus souvent dans des zones où les conditions de croissance sont défavorables (faible fertilité du sol, climat froid ou sec).

En bref, nos forêts ressemblent plus à des chemins cabossés qu’à des circuits de course… Cela avantage les espèces conservatives (les voitures de rallye), mieux équipées pour s’accommoder des aléas de l’environnement.

Cette étude souligne donc l’importance de choisir les arbres en fonction du sol et du climat.

Sous des climats favorables et des sols fertiles, les espèces acquisitives telles que les érables, les frênes ou les peupliers pousseront plus vite et donc fixeront plus de carbone que des espèces conservatives comme le chêne vert, le chêne pubescent ou de nombreux pins.

À l’inverse, sous des climats défavorables et sur des sols pauvres, ce sont les espèces conservatives qui auront le meilleur potentiel d’accumulation de carbone dans la biomasse.

Il a été mis à l’honneur lors de la cérémonie des Étoiles européennes 2025 qui récompense des projets Erasmus+ qui se sont distingués par leur succès ou leurs innovations.

ForestMoocForChange est un projet rassemblant des partenaires belges, français, irlandais et allemands. Son objectif est l’amélioration du niveau d’information, de connaissances et de compétences des gestionnaires et propriétaires forestiers en matière de sylviculture mélangée à couvert continu (SMCC) afin d’impacter leurs pratiques au bénéfice d’une gestion adaptée face aux enjeux des changements climatiques.

Cet objectif s’est concrétisé par le développement d’une formation en ligne gratuite, trilingue (français, anglais, allemand) d’initiation à la SMCC. Elle comprend à la fois des vidéos théoriques sur les principes de la SMCC, d’autres plus pratiques d’application de terrain, mais aussi des quiz, exercices et sessions live d’échange avec les participants…

Forêt.Nature et ses partenaires sont fiers de cette reconnaissance et de ce soutien. Depuis son lancement, ForestMoocForChange a rassemblé plus de 18.000 participants (et ça continue encore ici !).

Le projet « Forest4Youth » est dédié à la mise en place de protocoles de soins en forêt pour les adolescents confrontés à des troubles de santé mentale.

Ce projet Interreg qui durera 4 ans est coordonné par le centre Neuro Psychiatrique Saint-Martin, situé à Namur en Belgique et implique 8 autres partenaires (du monde forestier et médical) issus de 5 pays d’Europe du Nord-Ouest.

L’article se concentre sur le rôle d’un des partenaires, la SRFB (Société Royale Forestière de Belgique), qui jouera le rôle d’intermédiaire entre forestiers et personnel de santé tout au long du projet. Cette coopération est considérée comme essentielle pour faciliter les activités en forêt et pour aider les soignants dans ce nouvel environnement de travail. Une des premières missions du projet est la mise en place des critères pour certifier une forêt dite thérapeutique et le Bois brûlé à Erpent (Namur) est en bonne voie pour offrir un cadre propice au projet.

Longtemps considéré comme un simple déchet, le bois mort est aujourd’hui reconnu comme un élément essentiel des écosystèmes forestiers. Il soutient la biodiversité, améliore la fertilité des sols, contribue à la régulation du climat et protège contre l’érosion. Il fournit aussi un habitat vital à de nombreuses espèces, dont insectes, oiseaux et champignons.

Cependant, conserver le bois mort et les arbres-habitats en forêt gérée soulève des enjeux, notamment économiques, liés à la perte de revenus due à la non-exploitation du bois. Le manque à gagner lié à la conservation varie selon les conditions d’exploitation, la productivité et l’essence des arbres. Sur des terrains difficiles d’accès, les coûts d’exploitation élevés rendent parfois la conservation économiquement neutre, voire avantageuse. En revanche, dans des zones très productives, la perte financière peut être importante. Le maintien des arbres-habitats entraîne aussi une perte de revenu liée à l’espace occupé, mais ces coûts diminuent avec la complexité d’exploitation. Les résultats de l’article suggèrent qu’une gestion hybride, conciliant production forestière et conservation ciblée, est la meilleure solution pour préserver la biodiversité tout en maintenant la rentabilité.

L’Institut technologique FCBA en France a dressé un bilan des coûts techniques de trois types de machines forestières utilisées en 2024 : la machine de bûcheronnage, le porteur et le débusqueur à grue.

Pour mettre en place cet observatoire du coût technique, le FCBA s’est appuyé sur les données recueillies auprès d’un groupe de professionnels forestiers, en analysant des indicateurs tels que les coûts d’exploitation, l’entretien, la consommation de carburant et la productivité.

Le rapport met en évidence les tendances annuelles, permettant de suivre l’évolution des dépenses liées au matériel forestier et d’évaluer l’impact économique de l’exploitation forestière. En synthèse, l’analyse offre un aperçu global des charges associées aux machines forestières : elle constitue un outil précieux pour les entreprises du secteur, leur permettant d’optimiser leurs coûts, d’ajuster leurs choix d’équipement et de planifier leurs investissements avec plus de visibilité.

Passé de 9000 unités en 1973 à un peu plus de 1200 unités en 2022, le nombre de scieries françaises s’est fortement réduit au cours des 50 dernières années pour un volume de production qui est de son côté passé de dix millions de mètres cubes de sciage à huit millions six cent mille en 2022, multipliant par six la production moyenne par scierie.

L’observatoire du métier de la scierie prévoit la fermeture de 50 entreprises par an : retraite, absence de repreneur, dépôt de bilan, évolution des normes… Les scieurs français doivent s’adapter à une ressource de plus en plus hétérogène, à des marchés qui demandent de plus en plus de personnalisation et à une compétition internationale toujours rude.

Dans le détail, on retrouve 165 scieries de production semi-industrielle et industrielle qui se partagent les trois-quarts du volume et 1050 petites scieries de services qui se partagent le quart restant de la production.

Parmi les petites unités, on note les micro-scieries au nombre de 893 qui scient moins de 5000 m³ par an et dont la stratégie commerciale s’appuie principalement sur un service personnalisé (accueil, sur mesure, produits diversifiés, bois local, conseils, service rapide…) pour servir leurs clients locaux. Propriétaires forestiers, coopératives et exploitants forestiers sont également satisfaits de trouver ces scieries de proximité afin d’écouler de gros bois résineux, des petits lots et des essences diverses qui ne trouvent pas preneur dans le secteur des scieries de production.

Scieries de production et scieries de services sont finalement très complémentaires et collaborent même à l’occasion.

En Suisse, des chercheurs de l’Empa ont mis au point un biomatériau à base de bois pouvant servir à réaliser des platines de circuits imprimés pour appareils électroniques. Généralement constituées de couches de résine époxy renforcées de fibres de verre, ces platines ne se recyclent pas et sont complexes à éliminer alors qu’elles sont aujourd’hui au cœur de tous nos appareils électroniques. La matière première utilisée par les chercheurs provient d’un processus d’extraction de la lignine et de l’hémicellulose du bois, et constituait un déchet jusqu’à présent. Après traitement et soumission à haute pression, on obtient une plaque cornéifiée presque aussi résistante qu’une carte de circuit imprimée conventionnelle en fibre de verre et époxy. Presque n’est pas autant, mais comme le dit le chercheur, de nombreux appareils ne sont utilisés que quelques années et il n’est pas forcément judicieux de les fabriquer à partir de matériaux dont la durée de vie est de plusieurs centaines d’années. Une fois le matériau de support décomposé, les éléments métalliques et électroniques peuvent être extraits du compost et à leur tour recyclés.

La ville de Berlin s’apprête à entreprendre un vaste projet de végétalisation de ses rues, répondant ainsi aux recommandations d’une initiative citoyenne majeure lancée l’année dernière. Cette dernière, nommée BaumEntscheid, a été soutenue par plus de 30 000 citoyens en 2024. L’objectif ? Atténuer la hausse des températures, améliorer la qualité de l’air et créer des îlots de fraîcheur dans la capitale. Le projet vient d’être approuvé par les autorités municipales avec le soutien de la quasi-totalité des partis politiques. Les nouvelles plantations imaginées s’ajouteront ainsi aux quelque 439 000 arbres déjà recensés dans la ville. Toutefois, l’atteinte de l’objectif d’un million d’arbres d’ici 2040, tel qu’initialement fixé par les promoteurs de l’initiative, pourrait rencontrer des obstacles significatifs. La mise en œuvre du projet pourrait être confrontée à de fortes résistances et à des défis opérationnels, et le financement reste une source d’incertitudes. En effet, le coût du projet est estimé à 3,2 milliards d’euros et dépend d’un fonds fédéral destiné à l’adaptation climatique, dont l’enveloppe est également sollicitée par d’autres initiatives. Enfin, pour laisser suffisamment d’espace aux arbres et leur permettre de développer des racines profondes et étendues, c’est toute la place laissée aux arbres qui doit être repensée dans la capitale, ce qui pourrait coûter plus que les 3,2 milliards d’euros initialement budgétés. Affaire à suivre !

Une étude comparative a récemment été menée sur 29 terriers actifs de blaireaux situés dans des chênaies-charmaies-hêtraies du Grand Est de la France, avec pour objectif d’étudier l’effet du mustélidé sur la diversité des communautés végétales. Entre mai et juin 2021-2022, une trentaine d’inventaires floristiques ont été réalisés sur 200 m² autour de chaque terrier, de même que dans des zones non perturbées situées à moins de 100 mètres des terriers actifs. Le recouvrement des strates végétales et l’abondance des espèces herbacées y ont été évalués.

Les principaux résultats indiquent que l’activité du blaireau modifie significativement l’hétérogénéité floristique locale. Les terriers présentent une richesse spécifique globale supérieure, mais un couvert herbacé 2,5 fois moins important que dans les zones témoins. La communauté végétale y est globalement plus eutrophe et nitrophile. Sur les sols limoneux et argileux, les analyses révèlent une meilleure disponibilité en azote et des pH plus élevés sur les terriers. Les espèces favorisées sur les terriers sont principalement des espèces rudérales, dispersées par épizoochorie (36 %) ou endozoochorie (18 %), et tolérant des perturbations de sol importantes. Ce sont par exemple Festuca gigantea, Poa nemoralis, Sambucus nigra et Stellaria media. À l’inverse, certaines espèces forestières typiques comme Anemone nemorosa, Acer platanoides et Quercus petraea sont défavorisées sur les terriers.

L’activité de terrassement du blaireau peut expliquer ces modifications dans les communautés végétales. En remaniant les horizons du sol, le blaireau remonte en effet certains minéraux des couches profondes vers la surface. Le sol présente ainsi un pH plus élevé et une meilleure disponibilité en potassium, calcium, magnésium et phosphore notamment. Les passages répétés et le creusement créent également des zones dénudées où la compétition interspécifique est moins forte, permettant l’installation d’espèces pionnières et rudérales qui remplacent les espèces forestières originales. L’apport de nouvelles espèces pourrait aussi s’expliquer par l’activité de ramassage de litière des blaireaux et l’épizoochorie, le mammifère parcourant de longues distances nocturnes à la recherche de nourriture.